jeudi 28 mars 2024
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Culture Sélection d’avril 2023

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées, et musique.

Falcon Lake, de Charlotte Le Bon

Incandescente. Premier long-métrage comme réalisatrice, pour l’actrice d’origine québécoise Charlotte Le Bon. Avec Falcon Lake, elle adapte au cinéma une bande dessinée : Une sœur de Bastien Vivès (Casterman, 2017). Avec pour thème un récit d’initiation amoureuse adolescente, le risque étant grand de tomber dans la redite ou dans le banal. Charlotte Le Bon évite ces écueils, et signe un film sensible, porté par deux acteurs épatants. Chloé (Sara Montpetit) a 16 ans. Elle rencontre un Français de 13 ans, Bastien (Joseph Engel), venu voir ses parents et son frère pendant l’été. L’action se déroule dans le parc naturel des Laurentides au Québec, qui sert de cadre à cette belle histoire, aussi incandescente que captivante.
Falcon Lake de Charlotte Le Bon, avec Joseph Engel, Sara Montpetit, Monia Chokri (FRA/CAN, 2022, 1 h 40), 14,99 euros (DVD seulement, pas de sortie Blu-ray). Sortie le 19 avril 2023.

Les huit montagnes, de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen

Aoste. Le duo flamand Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen a ouvert le 75ème festival de Cannes 2022 avec Les huit montagnes. Leur film raconte l’histoire de Pietro et Bruno, deux amis qui se retrouvent chaque année dans les montagnes du Val d’Aoste. Entre un garçon de la ville et un enfant de la montagne, le ciment de leur amitié est constitué, entre autres, par le refus de la vie urbaine et de la toute puissance de l’argent. Mais cette ode à la nature est longue, 2 h 27, et lente, trop lente. Rien n’est jamais discuté, notamment la relation qu’entretiennent ces deux garçons. Quant à la nature, les Alpes italiennes sont invariablement montrées de façon sublime. Le tout ressemble finalement trop à une carte postale pour emporter l’adhésion.
Les huit montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, avec Luca Marinelli, Alessandro Borghi, Filippo Timi (ITA/FRA/BEL, 2022, 2 h 27), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 2 mai 2023.

Nostalgia, de Mario Martone

Naples. Le réalisateur italien Mario Martone propose une immersion dans Naples dont on se souviendra longtemps, après avoir visionné cet excellent film. Né en 1959 à Naples, il a débuté sa carrière au cinéma en 1992, avec Mort d’un mathématicien napolitain. Avec moins d’une dizaine de films à son actif, Mario Martone tourne peu. C’est au théâtre qu’il s’illustre aussi et surtout, notamment avec le collectif du Teatri Uniti. Présenté en sélection officielle à Cannes en 2022, Nostalgia raconte le retour d’un homme, Felice Lasco (Pierfrancesco Favino), à Naples, où il est né. Devenu patron, il travaille en Egypte, où il a rencontré le succès, et une femme. Il s’est aussi converti à l’islam. Mais pourquoi s’est-il absenté pendant quarante ans de Naples ? C’est l’objet de ce film, qui offre une sublime déambulation dans un Naples aussi beau que mélancolique.
Nostalgia de Mario Martone, avec Pierfrancesco Favino, Giuseppe D’Ambrosio, Tommaso Ragno (ITA, 2022, 1 h 57), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 10 mai 2023.

Godland, de Hlynur Pálmason

Islande. Godland est le troisième long-métrage de Hlynur Pálmason. A la fin du XIXème siècle, on y suit un jeune prêtre luthérien danois, Lucas (Elliott Crosset Hove), qui est envoyé dans un petit village islandais, afin d’y construire une église et de photographier les autochtones. Né en 1984 à Reykjavik, Hlynur Pálmason a vu son film présenté dans la sélection cannoise Un certain regard, en mai 2022. Dans Godland, tout est difficile. D’abord le trajet, qui suppose d’affronter une nature âpre, qui pousse la résistance de Lucas dans ses derniers retranchements. Vient ensuite pour Lucas la confrontation avec les habitants, tout aussi rudes, de ce village islandais. Après Winter Brothers (2018) et Un jour si blanc (2020), le réalisateur islandais signe avec Godland un film très réussi, dans la lignée de ses deux longs-métrages précédents.
Godland de Hlynur Pálmason, avec Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sugurôsson, Victoria Carmen Sonne (DAN/ISL/FRA, 2022, 2 h 23), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 16 mai 2023.

Les Disparus de la Durance Sandrine Destombes

Les Disparus de la Durance, de Sandrine Destombes

Cold. Neuvième roman pour Sandrine Destombes, qui s’est notamment faite remarquer en 2018 pour Les Jumeaux de Piolenc, récompensé par le prix VSD-RTL du meilleur polar français. Avec Les Disparus de la Durance, elle nous plonge dans une enquête policière qui commence par une histoire de pieds. En effet, des pieds flottent dans la Seine. Mais il manque les corps. Martin et Chloé, les policiers qui héritent de cette affaire, s’aperçoivent que depuis une vingtaine d’années, d’autres découvertes du même genre ont été faites. Ces meurtres récents sont en lien avec des “cold cases”, des affaires criminelles jamais élucidées et classées sans suite. De Gap (Hautes-Alpes) à Barbizon (Seine-et-Marne), l’affaire rebondit, et le mystère s’épaissit. Quant au plaisir de lire ce roman, il grandit au fil des pages.
Les Disparus de la Durance, de Sandrine Destombes (Hugo « thriller »), 400 pages pages, 9,99 euros (version numérique), 19,95 euros (version « papier »).

Dictionnaire amoureux de la Toscane Adrien Goetz

Dictionnaire amoureux de la Toscane, d’Adrien Goetz

Régal. « Ce dictionnaire se veut ainsi : une mosaïque et un rêve. » Adrien Goetz enseigne l’histoire de l’art à la Sorbonne. Directeur de la rédaction de Grande Galerie, le journal du Louvre, Adrien Goetz a été élu en 2017 à l’académie des beaux-arts. Après avoir signé plusieurs romans sur l’histoire de l’art, il est de retour avec ce « dictionnaire amoureux » qu’il a décidé de consacrer à la Toscane. « La Toscane mériterait d’être un Etat indépendant. Parce que les Toscans se reconnaissent comme un peuple, celui des « Tusci », c’est-à-dire les Etrusques, et qu’ils ont rêvé, génération après génération, à cette ascendance mythique, revendiquée au XIXème et au XXème siècle », souligne l’auteur. Des cafés historiques de Florence, à Dante (1265-1321), en passant par l’île d’Elbe, ce dictionnaire est un véritable régal.
Dictionnaire amoureux de la Toscane d’Adrien Goetz (Plon), 642 pages, 26,50 euros.

Swan Song, tome I et II de Robert McCammon

Swan Song, tome I et II, de Robert McCammon

Apocalypse. L’auteur américain Robert McCammon s’est illustré sur la thématique de l’horreur. Entre la fin des années 1970 au début des années 1990, il s’est imposé avec plusieurs succès, notamment Swan Song (1987), Stinger (1988), et L’heure du loup (1989). Réédité en deux volumes par Monsieur Toussaint Louverture, Swan Song a obtenu le prix Bram Stoker en 1988. Alors que l’apocalypse guette, Robert McCammon évoque les trajectoires de plusieurs personnages qui vont tout faire pour survivre. Du Kansas, aux montagnes de l’Idaho, en passant par New York, tout est bon pour sauver sa peau. En un peu plus d’un millier de pages, Robert McCammon déroule un récit captivant.
Swan Song, tome I – Le feu et la glace. Swan Song : tome II – La glace et le feu, de Robert McCammon, traduction inédite de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Charles Khalifa (Monsieur Toussaint Louverture), 540 pages par tome, 25 euros par tome. Sortie le 12 mai 2023.

Au tomber du soleil de Nazuna Saitō

Au tomber du soleil, de Nazuna Saitō

Dix. C’est une première pour l’autrice Nazuna Saitō, que l’on découvre enfin en langue française par l’intermédiaire de ce très bon manga et de l’éditeur Atelier Akatombo. Née en 1946 du côté de Shizuoka, elle a fait ses débuts de mangaka en 1986, avec le titre Dahlia, publié chez l’éditeur japonais Shōgakukan. Sorti en 2018, Au tomber du soleil a remporté en 2019 le prix d’excellence lors du 22ème Japan Media Arts Festival. En déroulant dix histoires, ce manga évoque les émotions, joie et tristesse notamment, d’une série de personnages qui finissent parfois par se croiser. C’est surtout la finesse et la justesse des relations qui impressionne lorsqu’on se plonge dans Au tomber du soleil. Tout est parfaitement juste, rien ne sonne faux. Et cela, même si les sujets abordés sont complexes, de la solitude des personnes âgées, en passant par les relations amoureuses.
Au tomber du soleil, de Nazuna Saitō, traduit du japonais par Diminique et Frank Sylvain (Atelier Akatombo), 232 pages, 13 euros.

Acting Class de Nick Drnaso

Acting Class, de Nick Drnaso

Théâtre. Acting Class est le troisième roman graphique signé par l’auteur américain Nick Drnaso. Dans cette BD, il raconte les trajectoires de personnages marqués par la vie qui se rendent à un atelier de théâtre organisé par le professeur John Smith. Ce dernier construit son cours sous la forme de jeux de rôles, dans lesquels chacun s’investit totalement. A tel point que la frontière entre le jeu et la vérité commence à s’effriter. Peu à peu, John Smith prend l’ascendant sur ses élèves, qui suivent aveuglément ses consignes, jusqu’à se trouver aux prises avec toutes leurs problématiques, même les plus enfouies. Reste à savoir si cette « thérapie » sera salvatrice ou destructrice. Et aussi à comprendre qui est ce John Smith, alors qu’il devient plus mystérieux, page après page. Après ses deux premières BD, Beverly (2016) et Sabrina (2018), le travail de Nick Drnaso est toujours aussi passionnant.
Acting Class, de Nick Drnaso (Presque Lune), 268 pages, 30 euros.

Memento Mori, de Depeche Mode

Ténébreux. Memento Mori est le quinzième album de Depeche Mode. C’est aussi le premier sans Andrew Fletcher (1961-2022), décédé le 26 mai 2022. De quatre membres lors de leurs débuts en 1981, ce groupe originaire de Basildon (Essex) est désormais réduit à un duo, formé par le chanteur Dave Gahan et le compositeur Martin Gore. Depuis l’album Playing the Angel (2005), Gahan compose aussi. Sur Memento Mori, l’obsédant Wagging Tongue a été co-écrit avec Gore. Pour le très aérien Speak to Me, Dave Gahan a travaillé avec les producteurs James Ford, qui est aussi membre des groupes Simian Mobile Disco et The Last Shadow Puppets, ainsi qu’avec l’Italienne Marta Salogni, qui a collaboré avec Björk. Autre moment fort : My Favourite Stranger, un morceau entêtant, composé par Martin Gore et Richard Butler, le chanteur du groupe new wave The Psychedelic Furs. Memento Mori est aussi ténébreux que beau. Un grand album de Depeche Mode.
Memento Mori, Depeche Mode (Columbia/Sony Music), 22,99 euros (CD édition Deluxe), 41,99 euros (vinyle coloré).

When It’s Going Wrong, de Marta Złakowska – Tricky

Economie. La collaboration entre le membre de Massive Attack, Tricky, et la Polonaise Marta Złakowska remonte à 2017. A l’occasion de sa tournée européenne, Tricky (Adrian Nicholas Matthews Thaws), cherchait une voix pour l’accompagner sur scène. Ce n’est pas une première, puisqu’on se souvient que pour son premier album, l’excellent Maxinquaye (1995), Tricky avait travaillé avec sa compagne d’alors, Martina Topley-Bird. Les neuf titres de When It’s Going Wrong affichent une durée totale de seulement 19 minutes, mais c’est 19 minutes de pur bonheur que nous offrent Marta Złakowska et Tricky. Comme sur leur précédent album en commun, Fall to Pieces (2020), le duo Złakowska-Tricky fait des merveilles avec peu. Notamment avec Czarno Czarny, une reprise d’une chanson polonaise de Mira Kubasinska et son groupe Breakout, sortie en 1973. Magnifiée par son économie de moyens, elle vient clore cet album avec grâce.
When It’s Going Wrong, Marta Złakowska – Tricky (False Idols), 15,30 euros (CD, édition Deluxe), 29 euros (vinyle coloré).

Stereo Mind Game, de Daughter

Planante. Le trio londonien Daughter, composé de la chanteuse Elena Tonra, accompagnée d’Igor Haefeli et Remi Aguilella est de retour avec Stereo Mind Game, un disque qui succède à Music from Before the Storm (2017), qui constituait la bande son du jeu vidéo Life Is Strange : Before The Storm. Dans l’intervalle, Elena Tonra a publié quelques disques en solo, sous le pseudo d’Ex : Re. Elle a retrouvé Daughter, et Stereo Mind Game nous plonge à nouveau dans son univers rempli de guitares shoegaze et de rêves éveillés. Tout en subtilité, le titre Swim Back est magnifié par la voix douce et planante d’Elena Tonra. Daughter n’a rien perdu de la force créatrice, qui avait séduit avec l’album Not To Disappear (2016). Dès Intro, le premier titre de ce nouveau disque, on est plongé dans la douceur et l’élégance qui caractérise ce groupe, qu’il faut décidément continuer à suivre de très près.
Stereo Mind Game, Daughter (4AD/Wagram), 10,99 euros (CD), 22,99 euros ou 39,99 euros (vinyle).

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