Edito n°1284 : Espoir

« VIH/sida. L’épidémie n’est pas finie. » L’exposition (1) présentée jusqu’en mai 2022 par le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille, est revenue sur 40 ans de combat contre cette maladie. Non seulement à travers le prisme de la santé, mais aussi d’un point de vue social et politique. Les premiers cas sont apparus au début des années 1980. Le New York Times a évoqué le sujet en juillet 1981, avant que l’on nomme cette maladie « sida » à partir de 1983. Quarante ans après, où en est-on ? C’est la question que pose cette semaine Monaco Hebdo dans un dossier spécial. « Le VIH reste un problème majeur de santé publique de portée mondiale, qui a entraîné jusqu’ici plus de 40,1 millions de décès [33,6 à 48,6 millions], et connaît une transmission continue dans tous les pays à l’échelle globale, dont certains signalent une tendance à la hausse des nouvelles infections, alors qu’elles étaient auparavant en baisse », soulignait l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en juillet 2022. Fin 2021, le nombre de personnes vivant avec le sida était estimé à 38,4 millions dans le monde, dont plus des deux tiers, 25,6 millions, résident en Afrique. Et le sida tue encore : « En 2021, 650 000 personnes [510 000 à 860 000] sont mortes de causes liées au VIH et 1,5 million [1,1 à 2 millions] de personnes ont été infectées par le VIH », indique l’OMS. Pourtant, au milieu de ces chiffres, une information publiée en février 2023 a donné beaucoup d’espoir : un troisième cas officiel de guérison du VIH a été déclaré, suite à une greffe de moelle osseuse. Selon des travaux publiés le 20 février 2023 dans Nature Medicine, celui qui a été surnommé « le patient de Düsseldorf » ne présente en effet plus aucune trace du virus dans son corps. Le profil des trois patients guéris est le même : ils étaient tous atteints de cancers du sang, et ils ont reçu une greffe de cellules souches qui a permis de renouveler leur système immunitaire. « Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont remplacées intégralement par celles du donneur, ce qui permet de faire disparaître l’immense majorité des cellules infectées », détaille dans un communiqué de presse le virologue Asier Saez-Cirion, qui est l’un des auteurs de cette étude. Mais il ne sera hélas pas possible d’appliquer ce traitement aux 40 millions de malades du sida dans le monde. « Un, pour des raisons d’accès au traitement, deux pour des raisons de coût [une greffe de moelle osseuse coûte plusieurs centaines de milliers d’euros – NDLR] et trois pour des raisons de dangerosité, car ces thérapeutiques sont potentiellement létales », a expliqué à Monaco Hebdo le chef du département de médecine interne au centre hospitalier princesse Grace (CHPG), Bruno Taillan. Si guérir du sida des millions de personnes n’est pas encore à l’ordre du jour, l’important est ailleurs, rappelle ce docteur : « Nous sommes passés d’une maladie constamment mortelle, avec dans les années 1980 une espérance de vie de l’ordre de 6 mois, à un an, à aujourd’hui une maladie chronique, avec une espérance de vie normale. Le défi actuel, c’est d’avoir à disposition des traitements les plus simples possibles, avec le moins d’effets secondaires possible, pour un vieillissement harmonieux. » L’enjeu, c’est aussi de permettre à plus de 13 millions de malades dans le monde de bénéficier d’un traitement. Le défi est immense.

1) VIH/sida. L’épidémie n’est pas finie, collectif (Anamosa/MuCEM), 120 illustrations, 304 pages, 32 euros.