mercredi 17 avril 2024
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Sylvain Charnay : « C’est le point d’orgue
de notre saison »

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Dès le 18  juillet, débutera le 60ème anniversaire des concerts au palais princier. L’orchestre philharmonique de Monte-Carlo donnera six concerts en plein air, jusqu’au 8  août. Pour Monaco Hebdo, Sylvain Charnay, administrateur de l’OPMC, retrace 60 années de tradition musicale.

L’origine de ces concerts au palais ?

Ces concerts renouent avec la tradition séculaire de la famille princière. Elle a toujours été protectrice des arts et de la musique. Par tradition, les princes de Monaco ont donné de la musique dans la cour d’honneur. Cela remonte au début du 18ème siècle. C’est le prince Antoine 1er (1661-1731) qui a été un des premiers à s’intéresser à la musique. Il a eu des échanges avec le musicien Jean-Baptiste Lully (1632-1687). Et l’attachement à la musique s’est ensuite perpétué au sein de la famille princière. Lorsque le prince Charles III (1818-1889) a créé le casino de Monte-Carlo, il n’a pas oublié la musique. Il a donc créé une salle de spectacle avec l’opéra. Il voulait développer cet aspect culturel, qu’il jugeait important pour Monaco.

Et ensuite ?

En 1959, le prince Rainier III (1923-2005) et la princesse Grace (1929-1982) ont eu l’idée de faire des concerts de prestige. Louis Frémaux (1921-2017) dirigeait l’orchestre national de l’opéra de Monte-Carlo. À ce moment-là, l’orchestre philharmonique était en plein renouveau. D’une certaine manière, l’idée était d’asseoir la renommée de l’orchestre. Donc les effectifs de musiciens se sont étoffés. Ça permettait pendant l’été d’avoir au palais des concerts de qualité.

Comment s’est déroulé ce premier rendez-vous, en 1959 ?

Il y a eu quatre concerts au programme les 19, 22, 25 et 29 août. Il y a eu des concerts de Mozart (1756-1791), de Beethoven (1770-1827), de Brahms (1833-1897) et de Strauss (1804-1849). La volonté était de proposer un répertoire assez large et varié. Ce qui était intéressant, c’était de proposer des œuvres avec des chœurs. Ils étaient disposés sur les marches de l’escalier d’honneur. Cela mettait un relief particulier à ces concerts. Quand vous assistez à un concert avec des chœurs, c’est assez magique.

Vous avez des exemples ?

Oui. Je pense à un requiem de Verdi (1813-1901), et à bien d’autres aussi.

Quels ont été les artistes marquants ?

On a eu des chefs prestigieux, comme Leonard Bernstein (1918-1990). Lorin Maazel (1930-2014) a composé une œuvre qui a été créée au palais. En tant que résident monégasque, il habitait juste en face du palais. Il s’est inspiré des sonneries des carabiniers. Elles sont jouées lors de la relève de la garde. C’est assez particulier. Il s’est inspiré de sa vie monégasque.

Pour le 60ème anniversaire, il y aura des surprises ?

À l’occasion des 60 ans, la volonté a été de réunir d’anciens directeurs musicaux. Ainsi, Kazuki Yamada, l’actuel directeur, retrouvera Gianluigi Gelmetti et Lawrence Foster. C’est un petit clin d’œil. Il y a des liens d’amitié qui restent à travers le temps.

Quoi d’autre ?

Nous avons cherché à mélanger les artistes. Il y aura les « confirmés », c’est-à-dire les pianistes Nelson Freire et Gerhard Oppitz. Nous avons aussi invité de jeunes talents. Je pense à Szymon Nehring au piano ou à Josef Špacek au violon. C’est leur première venue au palais. L’objectif, c’est d’ouvrir la palette des artistes proposés au public. Toute l’habileté réside dans ce savant mélange. Mais on ne cherche pas à rajeunir artificiellement la programmation.

Année après année, comment parvenir à assurer une qualité de haut niveau ?

La tradition de qualité est toujours respectée. Pour nous, c’est un grand honneur d’être invités chaque été. C’est le point d’orgue de notre saison. Je rappelle que les plus grands chefs reviennent à Monaco. Évidemment, il y a toujours les questions liées à la disponibilité des artistes. Mais je pense qu’on répond aux besoins du public. On a réussi à créer une histoire et un lien avec le public.

Le public est uniquement composé d’amateurs de musique classique ?

Non. Le public est éclectique. Il y a de fins connaisseurs et des gens de passage. Certaines personnes sont là en villégiature. Ils découvrent le palais et les concerts. On a aussi remarqué qu’il y avait davantage de Russes aux concerts. C’est un public d’amateurs de musique classique. Il faut donc prendre en compte tout le monde.

Les prix des concerts sont-ils suffisamment abordables ?

Il n’y a pas d’élitisme. La volonté est de laisser des places à des prix abordables. Le premier tarif est de 20 euros. Ce n’est pas très cher pour un concert de qualité. Bien sûr il y a des tarifs plus élevés pour les meilleures places. Mais il n’y a pas de sélection en termes de prix. On ne souhaite pas favoriser une population plus qu’une autre.

Et les jeunes ?

Dès 1959, le prince Rainier a souhaité associer les jeunes. Des places sont donc attribuées aux étudiants de l’académie de musique. C’est une volonté princière qui perdure depuis cette époque. Mais attirer des jeunes aux concerts classiques n’est jamais évident. Pendant la saison, nous essayons de leur proposer une programmation attrayante et plus accessible pour eux. Souvent on les invite. À ce moment-là, ils découvrent un nouveau monde.

Des concerts seront aussi diffusés à la télévision ?

Il y aura une captation télévisée le 28 juillet. Le concert sera retransmis ultérieurement sur Arte, en France et sur la ZDF, en Allemagne.

60ème anniversaire : la programmation

Jeudi 18 juillet à 21h30

Alain Altinoglu, direction – Nora Gubisch, mezzo-soprano

Maurice Ravel (1875-1937)

Shéhérazade (1899),pour voix et orchestreRapsodie espagnole (1907),suite pour orchestre

Claude Debussy (1862-1918)

Suite de concert d’après Pelléas et Mélisande (1902) (première exécution à Monte-Carlo)

Dimanche 21 juillet à 21h30

Tomas Netopil, direction – Josef Špacek, violon

Antonin Dvorák (1841-1904)

Concerto pour violon opus 53

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)

Symphonie n° 38,Prague (1787), K.504

Jeudi 25 juillet à 21h30

Alexander Vedernikov, direction – Nikolai Lugansky, piano

Alexandre Borodine (1833-1887)

Symphonie n° 2, opus 5

Sergueï Rachmaninov (1873-1943)

Concerto pour piano n° 3, opus 30

Dimanche 28 juillet à 21h30

Kazuki Yamada, direction – Nelson Freire, piano

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Concerto pour piano n° 4, opus 58 -Symphonie n° 8, opus 93

Dimanche 4 août à 21h30

Gianluigi Gelmetti, direction – Gerhard Oppitz, piano

Gioachino Rossini (1792-1868)

La Cenerentola (1817), ouverture

Wolfgang Amadeus Mozart

Concerto pour piano n° 21, K.467

Antonin Dvorák

Symphonie n° 9, du Nouveau Monde (1893), opus 95

Jeudi 8 août à 21h30

Lawrence Foster, direction – Szymon Nehring, piano

Krzysztof Penderecki

Le réveil de Jacob (1974) pour orchestre symphonique

Frédéric Chopin (1810-1849)

Concerto pour piano n° 2, opus 21

Antonin Dvorák

Rusalka (1901), polonaise, opus 114

Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893)

Eugène Onéguine (1879), Polonaise – Le Lac des Cygnes (1877),ballet opus 20, Mazurka

Concerts au palais princier

À Monaco, cour d’honneur du palais princier. 18, 21, 25 et 28 juillet & 4 et 8 août 2019. Tarifs : de 20 euros à 100 euros — Étudiants 8 euros et 10 euros. Tenue de ville exigée (veste et cravate). Réservations : (+377) 98 06 28 28 et www.opmc.mc.