vendredi 19 avril 2024
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Germain, petit prince de l’ASM

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Portrait de Valère Germain
Auteur de 5 buts et 3 passes décisives cette année, Germain a été titulaire lors des 12 premières journées de championnat. © Photo Franck Nataf ASM-FC.

Formé au club, Valère Germain est l’un des rares joueurs de sa génération à s’imposer en équipe première. Il est aussi l’un des derniers à éclore après un passage par le centre de formation de l’ASM, pourvoyeur de talents depuis de nombreuses années. Portrait.

«Miser sur la formation ne serait pas une mauvaise idée ». Manu Petit déclarait ceci dans nos colonnes la semaine dernière (MH808). A en juger par le début de saison de l’ASM et les équipes alignées par Claudio Ranieri, il semblerait que l’esprit asémiste, incarné par ces jeunes joueurs issus des entrailles du club, ne soit pas encore perdu. Si cette année, tous les regards se portent essentiellement sur Yannick Ferreira-Carrasco, Valère Germain, lui, joue pour la deuxième année consécutive une saison pleine avec l’équipe première. Fils d’un joueur pro passé par l’OM et le PSG, le jeune avant-centre fait son petit bonhomme de chemin chez les rouge et blanc. Arrivé en 2005 à l’âge de 15 ans, il a gravi les échelons un à un au fil des ans et des saisons.

Polyvalence
Avant d’arriver sur le Rocher, le natif de Marseille était en pré-formation à Châteauroux. Une période qui ne dura qu’un an. « Les recruteurs de l’ASM de la région Centre me suivaient, et lors d’un match contre Clairefontaine, ils étaient là et j’ai marqué. Ils m’ont ensuite proposé de venir visiter les installations, mais dès que j’ai su que Monaco était intéressé, je n’ai pas hésité », confie le buteur de 23 ans. Louant la qualité d’un centre de formation qui a vu sortir de ses rangs « de grands joueurs comme Henry ou Trezeguet », il avoue que venir à Monaco rassurait ses parents, « puisque le centre est dans la ville et qu’ici c’est assez rassurant ». A force de travail et d’abnégation, il s’impose dans les différentes catégories année après année, même s’il a parfois dû quitter le front de l’attaque. « Quand je suis arrivé, Laurent Banide m’a fait jouer milieu droit. Par la suite, j’ai joué milieu défensif et même arrière droit, avant de revenir en pointe, où je me sens le mieux ».
C’est aussi là où ce pur produit monégasque est le plus efficace (5 buts et 3 passes décisives cette saison). Car cette année, la paire qu’il forme avec Ibrahima Touré est prolifique, puisqu’ils totalisent à eux deux 15 buts (sur les 22 de l’équipe) et 4 passes décisives en 12 matchs.

Match ASM VA
Arrivé au club en 2005, Valère Germain est cette année le plus ancien joueur de l'effectif monégasque. © Photo Stéphane Senaux ASM-FC.

Le sang rouge et blanc
Si ses années de formation restent un excellent souvenir (« par moment je paierais pour retourner 4-5 ans en arrière », avoue-t-il), le fils de Bruno, ancien international A, se souviendra longtemps de son premier match chez les pros. « C’était un dimanche soir à 21h, le match était donc diffusé sur Canal+, et c’était dans le chaudron à Saint-Etienne. Tout joueur rêve de commencer de cette manière », glisse-t-il, sourire aux lèvres. Son éclosion au sein de son club formateur fait suite à de belles performances aux échelons inférieurs, notamment un titre de champion de France des réserves. « Il faut dire qu’on avait un sacré groupe avec des mecs comme N’Koulou (aujourd’hui à l’OM, N.D.L.R.), Sagbo (Evian -TG) ou encore Mollo (Nancy) », se rappelle le jeune homme. Désormais titulaire indiscutable, l’apprentissage n’a pas été simple. Ses débuts en pro sont marqués par la descente du club en L2, et sa première année en tant que membre du groupe pro se fait en L2, l’an dernier, avec les galères que le club a pu connaître.

S’inscrire dans la durée
L’arrivée de l’actionnaire et président russe Dmitry Rybolovlev aurait pu le pousser à aller chercher du temps de jeu ailleurs, notamment avec les arrivées massives de joueurs de poids lors des deux derniers mercatos. Mais non, ce n’est pas son style d’abandonner. En redoublant d’efforts et en travaillant toujours plus, il a su prouver qu’il « avait bien bossé, et ça montre que malgré l’argent, ils comptent aussi sur les jeunes du centre ». Car il n’oublie ni ses potes, ni les futures générations qui sont encore à répéter leurs gammes dans les catégories de jeunes. « Tout cela montre aux jeunes qui sont là et à ceux qui vont arriver qu’en travaillant, c’est toujours possible de s’imposer à l’ASM tout en étant issu du centre de formation ». Porte-drapeau de cette génération de joueurs formés au club, il avoue être « très fier qu’on puisse dire cela de moi, de nous », dès lors qu’on en parle comme une personne représentant l’identité de l’ASM. Un commentaire qui prend un peu plus de poids quand il est fait par un ancien comme Manu Petit. De quoi donner une motivation supplémentaire au joueur de s’inscrire dans la durée : « Moi je veux rester longtemps, je l’ai toujours dit (voir interview dans nos colonnes, MH 781, N.D.L.R.) ». Il faudra tout de même que l’ASM retrouve la L1 pour conserver son poulain, car comme il le dit lui-même : « N’importe quel joueur rêve de s’imposer au plus au niveau. J’aimerais le faire avec l’ASM ». Avec quelques rêves d’ailleurs tout de même, lorsqu’il avoue que « comme beaucoup d’autres footballeurs, l’Angleterre (l’)attire énormément ». Mais ce n’est pas pour tout de suite, puisqu’il se voit bien sur le Rocher pour encore « 5-6 ans, avant de peut-être tenter l’Angleterre pour deux saisons, et revenir à Monaco ». D’ici là, il reste tout le temps à Valère Germain pour écrire une nouvelle page de l’ASM, et devenir le nouveau Roi de Louis II.