mercredi 24 avril 2024
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Coupe de France féminine
Monaco prêt pour l’exploit ?

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Samedi 29 janvier 2022, l’AS Monaco Football Féminin (ASM FF) va écrire une nouvelle page de son histoire, en disputant pour la première fois un huitième de finale de Coupe de France face au Stade de Reims, pensionnaire de première division. Un match de gala pour le club de la principauté en pleine expansion, qui rêve d’une accession en deuxième division à la fin de la saison.

Sur le papier, c’est David contre Goliath. Qualifiée pour la première fois de son histoire pour les huitièmes de finale de la coupe de France, l’AS Monaco Football Féminin se prépare à affronter, samedi 29 janvier, un club mythique du championnat de France, le Stade de Reims, actuellement septième de D1 Arkema. Le défi est donc de taille pour les filles entraînées par Stéphane Guigo qui, certes invaincues dans leur championnat de Régional 1 (11 matches, 11 victoires), n’ont encore jamais connu une telle adversité. « Mon groupe est super jeune. J’ai un âge moyen de 21-22 ans. C’est la première fois qu’elles arrivent à ce niveau de la compétition. C’est déjà incroyable pour elles d’être là », confie Stéphane Guigo, conscient de la difficulté de la tâche qui les attend. « La marche est vraiment trop haute. Entre notre division, le Régional 1 (R1), et la Division 1 (D1), il y a un monde d’écart. Nous allons évidemment tout donner, mais à notre niveau ».

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© Direction de la communication

« La marche est vraiment trop haute. Entre notre division, le Régional 1 (R1), et la Division 1 (D1), il y a un monde d’écart. Nous allons évidemment tout donner, mais à notre niveau »

Stéphane Guigo. Entraîneur de l’ASM FF

Mission impossible ?

Coup de bluff ou pas, à en croire l’entraîneur monégasque passé notamment par les U19 nationaux de Cannes et l’OGC Nice féminin, l’exploit semble hors de portée tant l’écart entre les deux équipes est abyssal. « Les gens ne s’en rendent pas compte. Ce n’est pas comme chez les garçons où une Nationale 2, une Nationale 3 peut créer la surprise. Nous [chez les féminines — NDLR], il y a trop d’écart », insiste Stéphane Guigo. Et d’expliquer ainsi : « Il n’y a pas assez de divisions dans les poules féminines. Ce qui fait que les écarts sont énormes entre le Régional 1 et la Division 2, mais aussi entre la D2 et la D1. Nous en sommes plus que conscients, c’est la raison pour laquelle nous craignons la fessée mais nous allons tout faire pour l’éviter ». Toujours est-il que la coupe de France a ce charme qu’elle réserve parfois des surprises. D’ailleurs, du côté des joueuses, on veut y croire. « Nous avons de l’espoir. Nous savons que ce sera un match très compliqué. Mais la vie réserve de bonnes surprises », note la capitaine monégasque Houleye Deme, ravie d’affronter un club de l’élite. « Nous sommes satisfaites, parce que nous voulions nous confronter à une grosse équipe et je pense que Reims était la bonne équipe à piocher. Elles sont cinquièmes de leur division [septièmes en réalité — NDLR] et je sais que ce sont de bonnes joueuses. Nous voulons donner le meilleur durant ce match ». Et malgré l’écart de divisions, les filles de Stéphane Guigo n’ont pas l’intention de renoncer à leurs principes de jeu, qui leur ont permis d’enchaîner les victoires comme les perles depuis le début de la saison en R1 : « C’est ce qui fait notre force. C’est grâce à ce style de jeu que nous sommes premières aujourd’hui. Donc je pense que nous allons jouer comme d’habitude mais il va falloir aussi un peu s’adapter », tempère toutefois la capitaine de l’ASM. « Reims, ça reste un match de gala. Nous n’allons pas tout révolutionner pour cette rencontre », confirme Stéphane Guigo, qui s’attend à ce que les Champenoises « ait la maîtrise du jeu et mettent beaucoup de rythme ». « Ce sera à nous de défendre intelligemment pour essayer de les contrer. Nous allons préparer ce match au mieux pour essayer de les embêter un peu ».

« À l’issue du tirage au sort, nous avons tout de suite pensé à la belle fête que nous pourrions faire. C’est la récompense de tout un club qui travaille depuis des années ensemble »

Stéphane Guigo. Entraîneur de l’ASM FF

« Une belle fête »

Pour parvenir à bousculer les pensionnaires de l’élite, l’ASM FF compte aussi beaucoup sur le soutien de ses supporteurs attendus nombreux, samedi, à 19h30, au stade prince héréditaire Jacques, à Beausoleil. Comme lors du match contre Colomiers (3-1) au tour précédent, où le 12ème homme avait joué pleinement son rôle pour permettre aux partenaires de Houleye Deme d’arracher la qualification après avoir longtemps été menées au score et bousculées par une vaillante équipe columérine. « Le club a besoin de tout le monde pour voir un grand match de football », insiste Stéphane Guigo qui espère que ces joueuses profiteront de chaque instant comme elles le font depuis le début de leur épopée. « À l’issue du tirage au sort, nous avons tout de suite pensé à la belle fête que nous pourrions faire. C’est la récompense de tout un club qui travaille depuis des années ensemble. Nous voulons que ce soit très festif. Les filles sont récompensées de leur super parcours [en coupe — NDLR] d’un côté et de leur super championnat qu’elles sont aussi en train de faire de l’autre. C’est exceptionnel ce qu’ont fait les filles. Terminer sur Reims, c’est parfait. C’est la cerise sur le gâteau ». Prendre un maximum de plaisir, c’est d’ailleurs le message que la capitaine compte faire passer à ses coéquipières avant ce rendez-vous historique : « L’objectif en coupe de France cette saison, c’était de toucher une équipe de l’élite, une D1 ou une D2. Nous avons atteint cet objectif donc nous sommes très fières. Mon rôle maintenant, c’est de les motiver et de leur dire de se donner les moyens, de jouer avec la manière et surtout de ne pas avoir peur ». Seule déception, le match contre Reims ne se disputera finalement pas au stade Louis II comme l’espéraient un temps les filles entraînées par Stéphane Guigo. Le club du président Dmitri Rybolovlev ayant refusé la demande de leurs homologues féminins. « C’est dommage, nous n’allions pas abîmer leur terrain », regrette le coach monégasque rappelant au passage qu’aucune filiation n’existe entre les deux entités malgré leur appellation sensiblement commune. « Les gens pensent que Monaco, c’est l’ASM. Or, nous sommes deux clubs à part. L’ASM paie d’ailleurs une amende chaque année pour ne pas avoir d’équipe féminine car tous les clubs pros sont obligés d’avoir une section féminine. Eux ne l’ont pas. C’est un choix de leur part. Nous, nous travaillons et nous grandissons gentiment à côté ».

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© Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

« La coupe de France, c’est du bonus. L’objectif premier reste la montée. Les saisons précédentes, nous espérions atteindre les barrages, mais à cause du Covid ce n’était pas possible. Cette année, nous avons redoublé d’efforts pour avoir ce niveau, et atteindre les barrages, pour enfin accéder à la D2 »

Houleye Deme. Capitaine de l’ASM FF

L’accession en D2 en ligne de mire

Détenue par un fonds américain, l’ASM FF ne cesse en effet de se développer depuis plusieurs années. En atteste l’explosion de son nombre de licenciées, passé de 80 à 180 en à peine deux ans. Une progression remarquable pour un club évoluant dans une Ligue Méditerranée, pas franchement réputée pour favoriser la pratique du football féminin. « Ça manque cruellement de compétitions, mais ça commence à devenir intéressant. Cette saison, beaucoup de clubs ont créé des sections féminines. En Paca [Provence-Alpes-Côte d’Azur — NDLR], nous sommes un peu en retard par rapport à d’autres ligues mais nous avançons », constate avec satisfaction Stéphane Guigo. De quoi naturellement nourrir de nouvelles ambitions au sein du club de la principauté qui vise, ni plus ni moins, qu’une accession en deuxième division à la fin de la saison. « La coupe de France, c’est du bonus. L’objectif premier reste la montée, affirme Houleye Deme. Les saisons précédentes, nous espérions atteindre les barrages, mais à cause du Covid ce n’était pas possible. Cette année, nous avons redoublé d’efforts pour avoir ce niveau et atteindre les barrages pour enfin accéder à la D2 », ajoute une capitaine monégasque plus motivée que jamais. Il faut dire que la première partie de saison de l’ASM FF incite à l’optimisme. Avec un bilan de 11 victoires en autant de rencontres, les filles de Stéphane Guigo caracolent en tête de leur championnat. Mais l’expérimenté entraîneur de 52 ans le sait mieux que quiconque, le chemin qui mène à la deuxième division reste long et parsemé d’embuches : « Être champion ne suffit pas. Il y a des barrages comme au basket avec des play-offs. Nous pouvons être champions mais ne pas monter parce qu’il faut ensuite encore jouer deux matches aller-retour contre des mal classés de D2 ou des R1 de toute la France. Donc c’est très difficile ». En coulisse aussi, l’ASM FF déborde d’ambition. Le club de la principauté veut en effet profiter de l’apport financier des Américains pour développer ses infrastructures. « Nous avons des équipes qui s’entraînent au Moneghetti à Beausoleil, d’autres au stade Didier Deschamps à Cap d’Ail. Nous les seniors, nous nous entraînons à Blausasc. Nous aimerions trouver un lieu où nous pourrions avoir nos propres terrains, notre propre centre d’entraînement et les Américains œuvrent dans ce sens », assure Stéphane Guigo. Un projet d’académie est également dans les cartons pour former les talents de demain. « Si nous arrivons à monter en D2, je sais qu’ils mettront encore plus de moyens pour le recrutement… Ils font déjà beaucoup pour nous, c’est top. Mais ce serait extraordinaire qu’ils continuent à travailler avec nous, et ça semble bien parti pour ». Le Stade de Reims est prévenu, le Petit Poucet a les dents longues.