vendredi 26 avril 2024
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Axel Disasi : « On vit une merveilleuse saison »

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Nommé vice-capitaine de l’AS Monaco par Niko Kovac, Axel Disasi n’a pas mis longtemps pour s’imposer sur le Rocher.

Le défenseur de 23 ans, transfuge de Reims l’été dernier, a été l’auteur d’un début de saison tonitruant, avant de connaître une baisse de régime pendant l’hiver. Redevenu titulaire, il nourrit de grandes ambitions pour le club de la principauté, actuel troisième de Ligue 1. Interview.

Vous avez signé pendant l’été 2020 un contrat de cinq ans avec l’AS Monaco : pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le Rocher ?

J’ai choisi de rejoindre l’AS Monaco parce que dans le championnat français, c’est un très grand club. Elle a fait beaucoup de compétitions européennes. Moi, je voulais encore rester en France et je pense que c’est le meilleur endroit pour pouvoir poursuivre ma progression. Je suis très content d’avoir fait ce choix.

Pensez-vous faire carrière à Monaco ou est-ce un tremplin ?

Dans son histoire, Monaco a toujours fait confiance aux jeunes. En étant jeune, on sait qu’ici on va pouvoir progresser et se montrer.

C’est l’image que le club renvoie dans le milieu ?

Oui, il suffit de voir le groupe que l’on a. Il y a beaucoup de jeunes avec certains joueurs très expérimentés. À l’image de la série que le club fait en ce moment, avec des jeunes joueurs, ça valorise le potentiel qu’il y a dans ce groupe. Et ce n’est que du bonheur de jouer tous ensemble.

Axel Disasi, vice capitaine de l’AS Monaco © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Comparé à Reims, Monaco c’est une autre dimension. Ça n’a rien à voir en termes de médiatisation, de professionnalisme, d’encadrement… Je suis passé à un “step” supérieur et il a fallu que j’assimile tout ça très vite »

Comment jugez-vous votre saison avec l’ASM ?

Je fais une bonne première saison ici. Même si en décembre 2020, j’ai eu un petit coup de mou. Mais personnellement, je suis assez satisfait. J’avais peu joué (depuis le début d’année 2021) mais je reviens bien [Axel Disasi a été titulaire à cinq reprises lors des six derniers matches — NDLR]. Je suis content, mais je sais que je peux encore apporter plus.

Comment s’est passée votre intégration ?

Mon intégration s’est très bien passée. Nous avons un groupe de jeunes. Tous les jeunes qui étaient présents ont fait en sorte de m’accueillir parfaitement. Je me suis intégré très vite dans le groupe. Comparé à Reims, Monaco c’est une autre dimension. Ça n’a rien à voir en termes de médiatisation, de professionnalisme, d’encadrement… Je suis passé à un « step » supérieur [un palier — NDLR]. Il a fallu que j’assimile tout ça très vite.

Vous étiez un titulaire indiscutable en début de saison avant d’être relégué sur le banc après la trêve hivernale : comment l’avez-vous vécu ?

Après ce début de saison, où j’étais bien, j’ai eu un petit coup de mou. Mais c’est quelque chose dont j’ai l’habitude. Je me suis donc réfugié dans le travail et dans la remise en question, tout en restant serein et confiant. Il a fallu de la patience, du travail, mais ça ne m’a pas fait peur, puisque ça fait partie du foot. Parfois, tu es tout en haut. Et parfois, tu es un peu moins bien. Le principal, c’était que le compteur de l’équipe continue à tourner et ceux qui étaient sur le terrain à ce moment-là, l’ont très bien fait. Ensuite, j’ai eu cette chance de revenir sur le terrain.

Vous êtes en effet revenu lors du match contre Paris, au Parc des Princes (victoire de l’ASM 0-2), où vous étiez chargé de défendre sur Mbappé : comment aviez-vous préparé cette rencontre ?

Ils venaient de battre Barcelone [1-4 en Ligue des Champions — NDLR], donc ils étaient en pleine bourre, en pleine confiance. Je me suis servi de toutes ces semaines où j’étais sur le banc, où je regardais mes coéquipiers, car ce n’était pas plaisant pour moi d’être remplaçant, pour me donner la force sur le terrain de réaliser un gros match. J’étais très concentré, et je voulais montrer que, même si je n’avais pas joué, rien n’avait changé, et que j’avais les qualités pour pouvoir aider l’équipe.

Axel Disasi, vice capitaine de l’AS Monaco © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« On est jeune, on est là pour apprendre. On a fait des erreurs, on en fera encore. Cela fait partie du processus pour pouvoir grandir et devenir de meilleurs joueurs »

Lors de la première partie de saison, l’ASM encaissait beaucoup de buts, mais elle en encaisse moins désormais : comment l’expliquez-vous ?

Il y a eu ce changement de système [Monaco est passé du 4-4-2 au 3-5-2 – NDLR]. Il y a aussi le fait que nous connaissons mieux le coach. Et le coach nous connaît mieux aussi. Nous nous connaissons tous mieux. Toutes ces choses font que nous ne pouvons que progresser. Il est vrai que sur ces derniers mois, nous prenons nettement moins de buts. C’est tout un travail que nous effectuons aux entraînements, et j’espère que ça continuera pour les prochains matches.

La jeunesse du groupe explique-t-elle certains errements, notamment défensifs ?

Oui, ça peut l’expliquer, mais ça n’explique pas tout. On est jeune, on est là pour apprendre. On a fait des erreurs, on en fera encore. Cela fait partie du processus pour pouvoir grandir, et devenir de meilleurs joueurs. L’erreur est humaine, mais le principal, c’est de savoir rebondir, et toujours aller vers l’avant.

L’ASM occupe la quatrième place de Ligue  1  (1) : quels sont les objectifs pour la fin de saison ?

L’objectif, c’est de continuer nos performances. C’est-à-dire gagner le plus de matches possible, et remplir les objectifs du club.

Vous attendiez-vous à être aussi haut au classement à l’entame du sprint final ?

En début de saison, on n’est pas devin, on ne sait jamais rien. Mais on savait que le club voulait être européen. On nous a fait part de ces ambitions dès le début de saison. C’était donc à nous sur le terrain de répondre à cela. Pour le moment, on y arrive très bien. On ne se prend pas la tête, on vit une merveilleuse saison. Ces deux dernières saisons, ce n’était pas la joie au club. Et pour nos supporteurs, cette saison c’est un bol d’air frais. On est très content et on espère finir le plus haut possible.

L’objectif, c’est d’obtenir une qualification pour la prochaine Ligue des champions ?

Non, c’était tout simplement de remettre le club là où il devait être. Sur les deux dernières saisons, les objectifs n’ont pas été remplis. Le club voulait renouer avec l’Europe, avec le projet qui est mis en place avec le nouveau centre d’entraînement qui va voir le jour d’ici peu de temps. L’AS Monaco se doit d’être européen en fin de saison.

Selon vous, qu’est-ce qui va faire la différence dans le sprint final [il reste 7 journées de championnat — NDLR] ?

Un peloton de tête s’est formé et il ne se lâche pas. Le Paris Saint-Germain (PSG), Lille et Lyon occupent les trois premières places (1). Nous, on est derrière. On fait notre championnat et l’équipe qui sera la plus régulière aura le plus de chance de remplir ses objectifs.

Le titre de champion, vous y croyez ?

Non. Le titre, on n’en parle pas. C’est trop gros. Il y a d’autres clubs pour lesquels le titre est l’objectif. Nous, l’objectif du club c’est de jouer une compétition européenne donc le titre, on n’en parle pas.

Et le podium ?

À voir. On est quatrième, on est bien placé. Nous sommes dans les objectifs du club et nous verrons d’ici la fin de saison où nous serons.

Axel Disasi, vice capitaine de l’AS Monaco © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« [À propos de la Coupe de France] Le coach veut aller très loin dans cette compétition, et nous aussi. Donc il faut tout donner, match par match, pour pouvoir aller au Stade de France et, pourquoi pas, la gagner »

Vous êtes encore en lice en coupe de France (2) : c’est un objectif ?

Oui, forcément. Nous sommes tous des compétiteurs. Nous savons que le coach veut aller très loin dans cette compétition, nous aussi. Donc il faut tout donner, match par match, pour pouvoir aller au Stade de France et, pourquoi pas, la gagner.

Vous avez été nommé vice-capitaine par votre entraîneur, Niko Kovac, à seulement 23 ans : qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est une grande fierté et une grande satisfaction, car c’est la première fois que ça m’arrive. Cela me donne des responsabilités, c’est un exemple à montrer et je tiens à remercier le coach de m’avoir nommé vice-capitaine. J’essaie de lui rendre cette confiance au quotidien.

Quelle relation entretenez-vous avec Niko Kovac ?

J’ai une très bonne relation avec lui, très saine. Avant de signer, nous nous étions rencontrés, et tout de suite ça a bien “matché” [fonctionné — NDLR] entre nous.

Quel genre d’entraîneur est-il ?

C’est un coach qui sait faire la part des choses, qui est très dur, mais qui sait faire preuve de gentillesse. Il aime bien taquiner. C’est aussi quelqu’un de très juste, proche de ses joueurs, tout en étant exigeant. Il n’a pas peur de donner des responsabilités à un jeune joueur.

En raison des mesures sanitaires, vous jouez vos matches à huis clos : comment le vivez-vous ?

Maintenant, nous en avons pris l’habitude mais au début, ce n’était pas évident. En tant que compétiteurs, nous aimons jouer devant des stades remplis. Nous aimons entendre le bruit de la foule après un but, après un dribble, après une action défensive… Donc forcément, pour nous, c’est très frustrant. En plus, nous réalisons une très bonne saison, donc nous aurions aimé avoir nos supporteurs avec nous pour aller les saluer à la fin des matches, ou faire un chant avec eux. Cela nous manque beaucoup.

Est-il plus facile de jouer à Paris, à Marseille ou Saint-Étienne notamment, dans des stades à huis clos ?

Je ne sais pas. Pour moi, le fait d’avoir un stade plein face à une grosse équipe, ça me motive encore plus. C’est du 50-50, je pense.

Axel Disasi, vice capitaine de l’AS Monaco © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Niko Kovac est un coach qui est très dur, mais qui sait faire preuve de gentillesse. C’est aussi quelqu’un de très juste, proche de ses joueurs tout en étant exigeant. Il n’a pas peur de donner des responsabilités à un jeune joueur »

Il n’y a pourtant jamais eu autant de victoires à l’extérieur en Ligue 1 : ces conditions de jeu ne faussent-elles pas un peu le championnat ?

Ça peut se discuter. Peut-être que certaines équipes un peu plus en difficulté peuvent, avec l’appui de leurs supporteurs, marquer un but dans le dernier quart d’heure ou conserver leur cage inviolée.

Comment vivez-vous cette période de crise sanitaire ?

C’est un peu saoulant. Tous les tests qui ne sont pas forcément agréables, toutes les restrictions, les stades vides… En fin de match, si on connaît un joueur adverse, on ne peut pas forcément lui parler comme on aurait aimé le faire. Toutes ces choses rentrent en compte. Je sais que ma famille aurait aimé connaître le stade Louis II, mais ce n’est pas possible. Nous sommes tous dans le même bateau. Il faut faire des concessions.

L’absence de vos supporteurs vous pèse ?

Personnellement, je suis un peu frustré. Vu que c’est ma première saison ici, je voulais voir ce que cela donne de côtoyer les supporteurs monégasques, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Nous essayons de leur rendre tout leur soutien sur le terrain. Ce n’est pas facile pour nous, ni pour eux. La situation est très compliquée, mais on espère les retrouver très rapidement.

Si vous aviez un message à leur faire passer, ce serait lequel ?

Nous voyons leur soutien à travers les réseaux sociaux. Un jour, ils étaient même venus aux abords du stade. Leur soutien nous donne beaucoup de bonheur et de force pour remplir nos objectifs. Nous sommes très contents qu’ils soient avec nous dans cette aventure.

Actuellement, on parle beaucoup de baisses de salaires en Ligue 1 en raison de la crise : est-ce que vous, joueurs de l’ASM, vous seriez prêts à faire des efforts, si on vous le demandait ?

Je n’étais pas à l’ASM l’année dernière. À Reims, on nous l’a proposé, et on l’a tous fait sans problème. Ici, ce n’est pas encore venu à nos oreilles. Mais il est vrai que cette situation impacte beaucoup de personnes. Si nous pouvons tous faire un geste, comme nous l’avions fait à Reims à l’époque, pourquoi pas.

Vous avez la double nationalité, congolaise et française : avez-vous fait votre choix entre les deux sélections ?

Non, je n’ai pas encore fait de choix. Je ne me pose pas plus de question par rapport à ça. Je suis concentré sur l’AS Monaco et en fonction de mes performances, on verra où ça m’amène.

Les Bleus, ça vous fait rêver ?

Depuis tout petit, je suis les Bleus. J’ai fait le Tournoi de Toulon et j’en garde de très bons souvenirs. J’ai fait de belles rencontres. Mais ce ne sont que mes performances en club qui pourront m’amener dans des sélections nationales. Aujourd’hui, je suis pleinement concentré sur cette fin de saison.

Axel Disasi sera-t-il toujours un joueur de l’AS Monaco la saison prochaine ?

J’ai signé pour cinq ans. Ça se passe très bien, je suis très content d’être ici. Il y a un très bon groupe, un très bon staff. Les dirigeants sont top. Il y a un gros challenge qui est magnifique. Et nous sommes dans une région magnifique (rires).

1) Cette interview a été réalisée mercredi 31 mars 2021, avant le match contre Metz, remporté par l’ASM sur le score de 4 à 0 (lire par ailleurs nos pages Essentiel dans ce numéro).

2) À l’heure où Monaco Hebdo bouclait ce numéro, mardi 6 avril 2021, l’ASM devait affronter le FC Metz en 8ème de finale de la Coupe de France.

Vidéo : notre interview avec Axel Disasi

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Pour retrouver notre portrait d’Axel Disasi, cliquez ici