vendredi 29 mars 2024
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ASM : La révolution est en marche

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Qui va emmener Monaco en L1??

Marco Simone remercié samedi dernier, l’heure est désormais aux supputations quant au nom de son successeur, un coach illustre, fort reconnu ou expérimenté que le club recherche activement et qui aura pour mission d’emmener Monaco le plus haut possible dans les années à venir.

Par Kévin Ballanger.

Aujourd’hui, dans le football, on n’écarte pas seulement les entraîneurs pour mauvais résultats. On peut aussi décider de s’en séparer après des résultats probants. Cet hiver, le PSG devenu qatari, qui veut gagner sa place dans la galaxie des clubs superpuissants, avait jeté le brave Antoine Kombouaré pour y installer Carlo Ancelotti et sa renommée internationale. Samedi, l’AS Monaco devenue l’affaire de Dmitry Rybolovlev, qui veut aussi briller et impressionner, a remercié le jeune coach Marco Simone pour « donner à l’équipe une nouvelle impulsion pour la saison prochaine en intégrant au staff technique des personnes expérimentées qui le renforceront », selon les propos du président russe dans le communiqué diffusé samedi. Un bon choix?? L’avenir le dira. On peut être interloqué, on peut penser que Simone aurait réussi à faire remonter le club en L1 la saison prochaine compte tenu de la dynamique qu’il avait créée, et puis c’est un jeune entraîneur, Roberto Di Matteo, qui vient juste de remporter la Ligue des champions avec Chelsea.
D’un autre côté, on peut aussi comprendre que l’oligarque et ses représentants arrivés en cours de saison enclenchent aujourd’hui à l’aube de leur première véritable saison un nouveau processus autour d’un nouveau coach dont l’identité devrait être dévoilée au mieux cette semaine, au plus tard la semaine prochaine. « Nous n’avons aucune urgence, disait-on mardi au club. Nous souhaitons un entraîneur expérimenté avec les capacités à entraîner des joueurs de diverses origines et nationalités. »

Marco Simone
Marco Simone © Photo Yannick Faraut ASM-FC.

« Presque à 100 % »
Dimanche, Simone s’est exprimé sur Canal Plus. « Sur le dernier mois, je savais presque à 100 % que j’allais partir, confia-t-il, plus réaliste qu’amer. Quand ça fait longtemps que tu es dans le football, il y a des signes. » Il y avait un peu plus de distance avec ses dirigeants ces derniers temps. Pourtant, la semaine passée, il se projetait volontiers déjà dans la saison suivante. Il imaginait qu’en améliorant l’équipe qu’il a constituée et structurée ces derniers mois « en qualité et non en quantité, en ajoutant trois ou quatre bons joueurs de L2 », elle serait programmée pour s’ouvrir les portes de la L1. Ce n’est donc pas l’Italien qui ramènera le club sur le devant de la scène. « Le sort de Marco Simone m’attriste, réagit l’ex-président de l’ASM Jérôme de Bontin. Il a fait ses preuves. Il a pu construire une équipe performante en quelques mois et il a presque réussi le pari impossible de passer de la dernière place de la L2 aux places qualificatives pour la remontée en L1. Les joueurs l’ont apprécié et j’ai trouvé qu’il a été très professionnel dans la gestion de son effectif. Il est resté constructif et encourageant pour les joueurs comme pour les observateurs tout au long de la saison et même jusqu’à la dernière minute du dernier match. » « On rentre vraiment dans une nouvelle ère, observe le recordman des matches joués sous le maillot de l’ASM Jean-Luc Ettori. C’est complètement différent et il ne faut plus s’étonner de rien. L’ASM est devenue une entreprise privée. Maintenant, il faut voir qui va arriver à la place de Marco. Tout ça doit avoir été réfléchi. »
Beaucoup de noms ont circulé depuis dimanche. Ceux de Gerets, Benitez, Villas-Boas, Kombouaré, Eriksson et même, selon le quotidien La Provence de mardi, celui de Didier Deschamps, qui sort d’une saison difficile à l’OM et qui ferait partie de la short-list des dirigeants monégasques. Mardi, au moment où nous bouclions cette édition, ces derniers restaient encore plutôt mystérieux sur le sujet.

Barilaro lui aussi dans la charrette?!
Simone n’est pas le seul à quitter la maison. La nouvelle direction s’est aussi séparée des préparateurs physiques David Barriac et Lionel Iacono. Mais pas de Jean Petit. Plus surprenant, elle a évincé Frédéric Barilaro, qui avait laissé la direction du centre de formation en septembre pour devenir l’adjoint de Simone. S’il ne poursuivait pas sa mission avec les pros, le Monégasque de 43 ans avait pourtant dans son contrat la possibilité de retourner à la direction de la formation. Elle lui a été retirée. Il s’est vu signifier son licenciement. Et c’est Bruno Irles, qui a pris justement en charge la responsabilité de la formation grâce à Barilaro cette saison, qui reste en place. Barilaro a pris un gros coup sur la tête?: « C’est brutal et moche, d’autant qu’il n’y a pas de justification, de raison particulière. L’ASM, j’y avais signé ma première licence à 10 ans, j’y suis rentré comme stagiaire à 16 ans et je ne l’ai pas quittée depuis. C’est difficile à accepter. On a quand même sauvé cette saison le club du National alors qu’il était dans un sacré merdier. Peut-être des gens ont-ils œuvré dans mon dos… »
Un effectif à tailler
Monaco a un effectif imposant avec 38 joueurs sous contrat. Trop sans doute pour travailler correctement quelque soit l’entraîneur. D’ici la reprise de l’entraînement, le 23 juin, et la reprise du Championnat, le 27 juillet, la tâche des dirigeants et du futur entraîneur sera sans doute de faire le tri. Pour ne pas altérer la dynamique en cours, on peut supposer que l’ossature de l’équipe de la deuxième partie de saison, performante, sera préservée et enrichie. Le club a déjà attiré une première recrue, le solide défenseur italien Andrea Raggi, 27 ans, auteur d’une carrière honorable en Serie A et dernièrement à Bologne. Cette arrivée montre que la nouvelle équipe dirigeante continue donc de prospecter et de recruter en dehors du championnat français, comme en janvier. Y aura-t-il un accès plus difficile à l’équipe première pour la jeunesse issue du centre de formation la saison prochaine?? C’est une question. Prêtés en début de saison, Carrasso et Vahirua retournent dans leurs clubs, Rennes et Nancy. Monaco a peut-être encore la possibilité de conserver Tzavellas, prêté en janvier par Francfort (ALL) avec option d’achat. Hansson arrive en fin de contrat en juin, comme Muratori. Les joueurs prêtés en début ou en cours de saison (Nimani, L’Hostis, Mangani, Niculae, Erichot, Diaz et Malcuit) vont revenir discuter de leur situation. Des jeunes seront sans doute prêtés pour s’aguerrir, et la porte sera sans ouverte pour ceux qui ont peu joué cette saison comme Helstad, Dumont, Malonga ou Yatabaré. Enfin, tout dépendra aussi sans doute du bon vouloir et des idées du futur coach.
Match ASM-Bastia
Après le volet sportif, on passe aux aspects financiers. Le 30 mai, Monaco passera devant la DNCG. © Photo Monaco Hebdo.

Le pire, le meilleur et un tournant

Mal partie et cabossée après avoir avalé de travers la descente en L2, l’ASM s’est nettement redressée au cours d’une saison marquée par un tournant majeur et historique?: l’arrivée aux commandes de l’ambitieux et discret milliardaire russe Dmitry Rybolovlev.

Par Kevin Ballanger.

Les joueurs monégasques sont partis en vacances après un dernier bon voyage à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), vendredi dernier (2-1), et sur un dernier but de leur gardien croate Danijel Subasic… sur coup franc?! La saison 2011-12 s’est ainsi refermée dans la bonne humeur et sur un treizième succès, insuffisant toutefois pour remonter au sein de l’élite un an après la cataclysmique chute en L2. Mais l’AS Monaco, huitième au final, aura surtout évité le pire, évité de sombrer dans l’estomac du National, la troisième division, qu’elle a frôlée durant une bonne partie de la saison.

Déclic
A la mi-mars, elle était encore localisée à la dix-huitième place. Mais elle avait déjà jeté le cancre qui était en elle lors de la première partie de saison. Le Monaco de 2011 filait à une allure dramatique. Fin décembre, le septuple champion de France était bon dernier de L2. Epouvantable anomalie. Et puis le Monaco de 2012 s’est joué de la plupart des obstacles. C’est bien simple, sur les dix-huit premières journées, Monaco, paon sans plumes, fut la pire équipe avec treize malheureux points et un seul succès. Et puis, à l’inverse, sur les vingt derniers matches, Monaco aura été la deuxième meilleure équipe derrière Bastia, le champion, avec trente-neuf points récoltés. Le triple, donc. A cinq journées de la fin, l’équipe de Marco Simone avait même des airs de Bip bip et plus de Coyote. Après un succès sur Le Havre au stade Louis-II (1-0, le 20 avril), elle était revenue à cinq points seulement du troisième. De quoi rêver d’accession inespérée en L1. Mais elle coinça dans la foulée à Clermont (0-1), et le rêve repartit en courant.
« On a goûté à la L2, on a vu, on a eu peur, on a eu toutes les émotions, résuma la semaine passée le capitaine Ludovic Giuly. Il y a beaucoup de regrets mais il y a eu beaucoup de mouvements au sein du club. On était à deux doigts de l’exploit, mais une montée, ça se construit dès le départ. A nous d’essayer d’être plus tranquille la saison prochaine. »
Retour sur une saison singulière, coiffée par un tournant historique?: l’intronisation à la tête du club du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, 100ème fortune mondiale en 2011 selon le magazine économique américain Forbes avec une richesse estimée à 9 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros), soit l’équivalent du PIB du Mali.

Banide, limogeage express
Il y a un an, Monaco basculait en L2 après 34 saisons d’affilée au sein de l’élite. Un calvaire pour tous les amoureux du maillot rouge et blanc. En juin, le directeur général Marc Keller était renvoyé. « Depuis deux ans, il y a eu un naufrage de la cellule recrutement dont Keller était le responsable », justifia à l’époque le président Etienne Franzi, qui restera comme le président de cette descente. En juin, toujours, la rumeur de l’intérêt d’un investisseur russe pour l’AS Monaco commença à enfler. Intérêt bien réel. Mais le prince Albert préféra, disons, laisser une dernière chance aux Monégasques qui tenaient le club et s’accrochaient aux branches. Dans le même temps, le ballet des allées et venues au sein de l’effectif débuta. Ce n’est qu’en juillet que l’ASM se dota d’un responsable du recrutement, Jean-Luc Buisine, venu de Lille. Au centre d’entraînement de la Turbie, on revit aussi Ludovic Giuly et bientôt David Trezeguet, ex-étoiles rouges et blanches venues s’entraîner ou garder la forme dans leur maison devenue hantée, étrange image d’un passé glorieux dans un présent fébrile. Puis Sedan souhaita la bienvenue à l’ASM dans le monde de la L2 en lui infligeant une leçon, 4-1 au premier tour de la Coupe de la Ligue, le 23 juillet. Et Monaco toussa au cours d’un été hors normes scandé par 28 départs et 11 arrivées, dont celle de Giuly, qui s’engageait pour deux saisons plus une reconversion assurée de cinq ans au sein du club.
Le 12 septembre, après une défaite contre Angers (1-3), son premier match préparé avec l’effectif au complet, Laurent Banide était brusquement remplacé par Marco Simone. « J’ai du mal à accepter cette décision, réagissait alors Banide. On n’a certes pas gagné encore un match, donc notre départ n’est effectivement pas terrible. Mais on est encore loin de la fin, il restait 32 journées… On était surtout partis sur d’autres bases à l’intersaison, sur un projet précis qui réclamait un peu de temps pour faire émerger des automatismes, et tout a explosé. Cet été, j’avais accepté qu’on diminue le nombre de joueurs pour prendre des joueurs gratuits, tout s’est fait au compte-gouttes. Je paie l’addition, je suis très déçu. Je pensais avoir encore quelques matches pour lancer la machine. C’est surprenant. C’est comme ça. »

Débuts compliqués
Simone lâchait donc son poste de consultant sur Canal Plus et son activité d’agent pour embrasser pour la première fois la fonction d’entraîneur avec un contrat de deux ans, en compagnie de Jean Petit et de Frédéric Barilaro. « Il a toutes les qualités pour réussir, signalait alors le président Etienne Franzi. C’est quelqu’un d’intelligent, avec un fort caractère. De plus, son expérience en tant que joueur le rendra crédible aux yeux des joueurs. Alors oui, c’est un pari, mais un pari mesuré. » Les débuts de Simone furent compliqués. Si Monaco obtint vite un premier succès contre Arles-Avignon (1-0, le 19 septembre) après un bon nul à Bastia, il s’ensuivit une série de dix matches sans victoire jusqu’au bout de cette maudite année 2011. Monaco finissait en position de lanterne rouge. Gros danger. Avant l’arrivée du père Noël.

Dmitry Rybolovlev
Via la société Monaco Sport Invest et pour un modeste euro symbolique, Rybolovlev a pris le contrôle des deux tiers du club, promettant d’injecter au minimum 100 millions d’euros dans les quatre ans. © Photo D.R.

Le début de l’ère Rybolovlev
A l’automne, alors que les résultats de l’équipe étaient alarmants, que des supporters réclamaient la démission des dirigeants Etienne Franzi, Raymond Bella et Michel Aubéry, et que des élus du conseil national leur demandaient des comptes et des explications, en particulier le groupe d’opposition Rassemblement & Enjeux, la rumeur de l’arrivée du fameux investisseur russe ressurgit. Et voyant le club s’éteindre comme une petite bougie, le prince Albert décida d’ouvrir la porte et de dénationaliser le club pour le confier à un milliardaire russe installé en principauté, Dmitry Rybolovlev. L’affaire était bouclée en décembre et validée par la direction nationale de contrôle et de gestion du foot français. Via la société Monaco Sport Invest et pour un modeste euro symbolique, Rybolovlev prenait le contrôle des deux tiers du club, promettant d’injecter au minimum 100 millions d’euros dans les quatre ans. Exit, donc, l’entité MSP (Monaco Sport Partenaires, dont la Société des bains de mer, la famille Marzocco et Patrice Pastor), qui aura investi à perte dans le club. Pour la gestion du club au quotidien, beaucoup de noms circulèrent, de Maurice Cohen à Jean-Marc Goiran en passant par Youri Djorkaeff. Mais Rybolovlev décida dans un premier temps de s’appuyer sur son compatriote Evgeny Smolentsev, ex-manager général du Spartak Moscou, et embaucha le Belge Filips Dhondt, ex-directeur général du FC Bruges, pour repenser le club. Un nouveau préparateur physique, l’Espagnol Oscar Garcia, fut aussi greffé au staff, avant l’arrivée fin janvier de neuf recrues pour environ 18 millions d’euros, dont 6 pour le milieu offensif marocain Nabil Dirar, venu du FC Bruges. Un transfert record pour la L2. Rybolovlev avait promis d’investir, et ce mercato de janvier aura déjà marqué les esprits.

Filips Dhondt
Filips Dhondt, ex-directeur général du FC Bruges, est chargé de repenser le club. © Photo Com Back ASM-FC.

Organigramme remanié
Une fois le mercato terminé, l’organigramme fut retouché. Début février, Smolentsev, venu simplement pour améliorer l’effectif en janvier, s’en alla, et le Norvégien Tor-Kristian Karlsen, 36 ans, ex-recruteur du Zénith Saint-Pétersbourg, fut appelé au poste de directeur sportif. L’organigramme fut encore étoffé en mars avec la nomination au poste de vice-président du Russe Dmitry Chechkin, 39 ans, diplômé en journalisme, ex-responsable relations publiques chez Uralkali, la compagnie russe de production d’engrais à base de potasse qui a fait la fortune de Rybolovlev quand il a revendu ses parts pour 6 milliards de dollars en 2010.
Sur le terrain, Marco Simone dut composer avec cet afflux de joueurs issus de divers championnats européens qu’il ne connaissait pas pour la plupart, hormis Ibrahima Touré, repéré par Buisine dans un club des Emirats arabes unis. Ç’aurait pu être ingérable. Mais le ciment a plutôt bien pris. « Quand on arrive à trouver la bonne formule, il y a plusieurs choses, y compris la chance, observait Marco Simone en avril. Il y a le mérite du staff et du coach, mais le grand mérite revient aux joueurs. Au début, il y a eu quelques petits soucis, mais c’est normal. Quand un groupe ancien voit arriver neuf joueurs, ce n’est pas évident. Mais le groupe ancien a eu la maturité pour accepter tout ça et les joueurs neufs sont arrivées avec des attentes mais aussi de l’humilité. Et les résultats ont aidé, évidemment. »

Tor-Kristian Karslen
Début février, Smolentsev, venu simplement pour améliorer l’effectif en janvier, s’en alla, et le Norvégien Tor-Kristian Karslen, 36 ans, ex-recruteur du Zénith Saint-Pétersbourg, fut appelé au poste de directeur sportif. © Photo D.R.

Un printemps presque parfait…
Au printemps, Monaco devint une machine remarquable dans le sillage de son attaquant sénégalais Touré, qui enfila les buts comme des perles. L’ASM aligna huit succès et deux nuls entre la 25ème et la 33ème journée. Elle quitta la zone dangereuse pour rêver de la zone heureuse. Pour cela, il lui fallait encore remporter les cinq derniers matches. Mais elle lâcha prise à Clermont (0-1, le 27 avril), prétendant à la montée, sur une maladresse de son arrière gauche grec Tzavellas. Et perdit tout espoir en s’inclinant également à Reims (0-2, le 7 mai), deuxième du Championnat. « On a réussi une saison extraordinaire, considéra Simone la semaine passée, avant le dernier effort à Boulogne. J’avais l’objectif du maintien en L2, et on s’est bien maintenu. L’autre objectif que Monseigneur le prince Albert m’avait fixé, c’était de valoriser le centre de formation. Et dans une saison compliquée, j’ai pu donner la possibilité à plusieurs jeunes de pouvoir jouer et certains se sont même bien imposés. On a construit quelque chose, posé quelques petites pierres. »

Les réussites
Que retiendra-t-on au final de cette saison?? Le coup de main de Ludovic Giuly à son ancien club en difficulté?; le flop Helstad, l’attaquant norvégien de 35 ans (6 matches, 0 but)?; la révélation Ibrahima Touré, auteur de 10 buts en 15 titularisations?; le culot d’Edgar Salli et ses 19 ans?; l’aplomb des jeunes Germain et Dingome?; les buts magnifiques de Vahirua contre Le Mans le 5 novembre dernier, de Touré contre Le Havre le 20 avril ou encore de Dirar et de Tzavellas contre Istres le 1er mai?; et le pari réussi de Simone avec un effectif pléthorique. On retiendra que le soulagement et l’enthousiasme ont succédé à la peur. Et on se souviendra que c’est en 2011-12 que le club aura changé de dimension dans une rupture historique. Après vingt-huit ans riches sous Jean-Louis Campora suivi de huit ans d’atermoiements qui l’ont ébranlé, le club a été offert à un mécène russe. Et il fallait sans doute un homme providentiel de cette envergure pour que Monaco puisse redevenir à terme une puissance du football français. En attendant, l’ASM va vivre une seconde saison en L2 sans Simone, remercié samedi au lendemain de l’ultime journée malgré son habileté à extirper Monaco de la médiocrité. Le nouveau pouvoir en place ne fait pas de sentiment.

Valère Germain
« Dmitry Rybolovlev est venu nous voir aux matches, et quatre ou cinq fois aux entraînements. Il n’est pas présent au quotidien, mais on l’a vu finalement autant que le président d’avant qui était sur place. » © Photo Yannick Faraut ASM-FC.

«?Il y a un élan?»

Valère Germain, l’attaquant monégasque de 22 ans sous contrat jusqu’à juin 2013 et en attente de prolongation, revient sur une saison pleine de rebondissements.

Propos recueillis par Kevin Ballanger.

Monaco Hebdo?: Valère, quel bilan tirez-vous de cette saison??
Valère Germain?: C’était un peu les montagnes russes. Bien sûr, on a manqué l’objectif initial qui était la remontée directe en L1. Mais au vu des six premiers mois, l’objectif a complètement changé, il fallait se maintenir. Et on a réussi une très bonne deuxième partie de saison. C’est ce qu’on va retenir. Heureusement qu’on n’est pas descendus en National, sinon on aurait vraiment tué le club.

M.H.?: Vous avez été si près de pouvoir monter, finalement…
V.G.?: Oui. On a réalisé deux mois exceptionnels et on s’est dit?: pourquoi pas. On a vraiment rêvé.

M.H.?: Cette deuxième partie de saison peut-elle vous aider à bien entamer la suivante??
V.G.?: Oui, il y a un élan à entretenir. Il faudrait qu’on conserve la même ossature. Et ce serait bien que le coach (Simone) soit conforté pour qu’on reste sur une bonne dynamique (N.D.L.R.?: cette interview a été réalisée la semaine passée). On a une équipe vraiment solide, qui va vers l’avant. On sait qu’on est capables de gagner la plupart de nos matches. Et avec deux ou trois renforts, deux ou trois bons joueurs en plus, on pourra vraiment jouer les premiers rôles et remonter.

M.H.?: Vous avez hâte??
V.G.?: Oui, mais ça va faire du bien de couper, de prendre un mois de vacances. Malgré tout, la saison aura été assez délicate quand même. Mentalement, surtout pour les jeunes, pour ceux dont c’était la première saison complète, c’était assez usant. C’est bien de s’aérer l’esprit.

M.H.?: Cette saison aura été notamment marquée par un mercato de janvier impressionnant avec l’apport forcément imposant de neuf recrues…
V.G.?: Oui. Au début, on a eu un peu peur, surtout qu’on avait bien enchaîné décembre et début janvier. Ce fut un chamboulement. Finalement, ç’a bien marché. Ceux qui sont arrivés ont apporté leur vécu. C’est sûr qu’à l’entraînement, c’est un peu délicat, car il y a beaucoup de langues qui se parlent. Mais finalement, on rigole bien à parler anglais par exemple. Certains ont du mal (sourire).

M.H.?: Quel aura été le moment le plus dur??
V.G.?: Septembre-octobre, ce fut affreux. C’est au Havre (2-2, le 17 décembre) qu’on s’est senti capables de bonnes choses. Et le succès contre Laval (2-1, le 24 février) nous a propulsés sur une belle série. On marquait les occasions qu’on avait, on défendait bien. Ça restera une saison un peu folle. On a connu tout le bas du classement et presque la joie de remonter… Sans parler du changement de coach, de président… C’est devenu une saison un peu bizarre. Mais on a quand même pris du plaisir sur les quatre derniers mois, et c’est bien d’avoir pu attirer à nouveau du monde au Louis-II.

M.H.?: La saison prochaine, en tant que club aux moyens énormes, vous partirez évidemment favoris…
V.G.?: Oui, on sera dans les prétendants. Il faudra vraiment tout donner. Avec le changement à la présidence du club, on sent quand même un peu plus de sérénité, que tout le monde veut tirer dans le même sens. Il va maintenant falloir trouver une stabilité, ce qui a fait défaut à Monaco dans un passé proche. Je pense que le projet des Russes, c’est ça. Essayer d’avoir une bonne stabilité, rendre Monaco encore plus professionnel qu’il ne l’était.

M.H.?: Comment percevez-vous Dmitry Rybolovlev??
V.G.?: Il est venu nous voir aux matches, et quatre ou cinq fois aux entraînements. Il n’est pas présent au quotidien, mais on l’a vu finalement autant que le président d’avant qui était sur place. On sent qu’il est passionné. Et on peut penser que le meilleur est à venir pour Monaco.