Le marché de l’emploi des seniors est-il attractif à Monaco ? Alors que leur part augmente en principauté depuis 2019, Marc Mourou, élu Priorité Monaco (Primo !), et président de la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses au Conseil national, aborde la question avec Monaco Hebdo.
Face à la nécessité de recruter davantage de salariés en principauté, existe-t-il davantage d’opportunités de recrutement pour les actifs de 50 ans et plus à Monaco, que dans les pays voisins ?
Le recrutement de travailleurs en principauté a été particulièrement compliqué ces derniers mois, avec un vrai manque à déplorer dans de nombreux secteurs comme l’hôtellerie-restauration, le bâtiment ou à la Société des bains de mer (SBM), pour les emplois saisonniers par exemple. Les offres d’emploi sont en augmentation, et c’est donc l’attractivité de Monaco qui est en jeu. De plus en plus de personnels souhaitent obtenir de solides garanties sur leurs missions et conditions de travail et ne placent plus uniquement le salaire au centre de leurs priorités. En 2021, selon l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE) et la direction du travail, les salariés de plus de 50 ans représentent 31,6 % des actifs à Monaco, bien qu’il n’y ait pas, à ce jour, davantage d’opportunités ou d’inconvénients pour le recrutement de cette tranche d’âge. On voit cependant le réel besoin et l’augmentation constante du nombre de salariés dits « seniors » depuis 2019. À titre de comparaison, les moins de 35 ans représentent aujourd’hui uniquement 28,6 % des actifs monégasques. C’est une proportion en baisse.
« On voit le réel besoin et l’augmentation constante du nombre de salariés dits « seniors » depuis 2019. À titre de comparaison, les moins de 35 ans représentent aujourd’hui uniquement 28,6 % des actifs monégasques, proportion en baisse »
Marc Mourou. Élu Priorité Monaco (Primo !), et président de la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses au Conseil national
Comment former les collaborateurs de cette catégorie pour les maintenir en capacité d’être employés ?
Il existe différentes aides et un accompagnement pour les entreprises monégasques souhaitant proposer des formations dans plusieurs domaines à leurs salariés, et ce, sans distinction d’âge. Se parfaire en langues vivantes, en informatique, en communication, ou bien encore en ressources humaines est possible et l’État, via un partenariat avec la Fédération des entreprises monégasques (FEDEM), propose un dispositif spécifique plafonné à 4 500 euros par an et par entreprise. Les demandes pour un véritable droit à la formation restent néanmoins importantes, tout comme concernant la possibilité d’effectuer des bilans de compétences. Ces derniers ne font d’ailleurs qu’augmenter en France, avec plus de 100 000 demandes en 2021, contre 33 000 en 2019. Les raisons de cette explosion sont nombreuses, notamment une prise de conscience post-Covid, mais aussi la réelle envie des salariés de donner un nouveau souffle à leur carrière professionnelle. Le conseil économique, social et environnemental français considère d’ailleurs les reconversions professionnelles comme un véritable enjeu de ces prochaines années. Monaco se doit donc de proposer plus de dispositifs pour nos travailleurs en principauté, et de les adapter en fonction de la tranche d’âge et de leurs compétences.
« Le conseil économique, social et environnemental français considère les reconversions professionnelles comme un véritable enjeu de ces prochaines années. Monaco se doit donc de proposer plus de dispositifs pour nos travailleurs »
Marc Mourou. Élu Priorité Monaco (Primo !), et président de la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses au Conseil national
Comment inciter les entreprises privées qui peuvent être parfois réticentes à recruter des seniors ?
Sur le marché du travail, le sentiment rapporté par les seniors est qu’il existe souvent une discrimination liée à leur âge dans le processus de recrutement. Avec des préjugés qui persistent, notamment sur leur côté réfractaire au changement ou peu réactif. Leur recrutement ne fait pourtant qu’augmenter depuis ces dernières années. La vraie question est alors : à quel poste et pour quel type de missions ? Il est bien évidemment temps de dépasser les stéréotypes liés à l’âge et de faire tomber les a priori, que ce soit pour les jeunes ou pour les seniors. Dans le fond, ces derniers ont les mêmes attentes que les nouveaux entrants dans la vie active. Ils veulent se sentir considérés et utiles, en participant à des projets dans lesquels ils seront amenés à avoir un réel impact au quotidien. Ils sont sensibles aux valeurs de l’entreprise. Ils souhaitent donner du sens à leur travail. Quitte à accepter des salaires moins élevés, ou du temps partiel.
