A l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, Monaco Hebdo plonge dans l’Histoire (1). Le 28 juin 1914 est marqué par l’attentat de Sarajevo. Une nouvelle que le prince Albert Ier apprend avec Guillaume II d’Allemagne…
Le 28 juin 1914 marquera l’Histoire à jamais. L’archiduc François-Ferdinand et son épouse, la duchesse de Hohenberg, sont assassinés à Sarajevo par Gavrilo Princip, un nationaliste serbe. Cet acte est considéré comme l’événement déclencheur de la Première Guerre mondiale, conflit auquel a pris part l’Allemagne de Guillaume II. Hasard du calendrier, Albert Ier de Monaco était justement avec l’empereur allemand à ce moment précis, en pleines régates de Kiel. Les deux hommes, amis et cousins éloignés — la tante d’Albert Ier est mariée avec un membre de la famille royale de Wurtemberg — apprennent ensemble la nouvelle de l’assassinat de François-Ferdinand.
Amitié scientifique
C’est en 1898 qu’Albert Ier et Guillaume II avaient été présentés à l’occasion de la semaine de Kiel, ces fameuses régates au large de la ville portuaire. Leur amitié va se tisser autour de leur intérêt commun : la science maritime. Entre 1898 et 1914, le prince et le Kaiser entretiennent une correspondance abondante, se rencontrent régulièrement et se félicitent de leurs succès scientifiques. Dans l’une de ses lettres, Guillaume II complimente ainsi le prince Albert Ier pour « l’œuvre grandiose et scientifique » (3) qu’incarne le musée océanographique. Le Kaiser avait accepté de parrainer l’édifice. Considéré jusqu’en 1914 comme un « souverain moderne et pacifique », comme l’explique l’historien Jean-Rémy Bézias (2), Guillaume II tenait alors le prince Albert Ier en haute estime. Preuve de cette amitié, en 1903, le prince de Monaco avait ainsi fait parvenir à l’empereur un exemplaire traduit en allemand et dédicacé de son ouvrage La carrière d’un navigateur.
Médiation
Au-delà de son amitié pour Guillaume II, Albert Ier utilise la semaine de Kiel pour œuvrer, sur le plan politique, pour son idéal de paix (il a créé à Monaco l’Institut international de la paix en 1903). Il a ainsi souvent emmené des diplomates français lors de ces régates, car elles représentaient, au-delà du rendez-vous nautique, un cadre diplomatique. Le chef d’Etat monégasque intervient régulièrement dans le cadre de la relation franco-allemande. Notamment lors de la première crise du Maroc (1905-1906). C’est ainsi qu’en utilisant « de bonnes relations diplomatiques avec la France et son amitié pour l’empereur Guillaume II, Albert Ier essaie de rapprocher les deux nations », précise Thomas Fouilleron dans son manuel Histoire de Monaco.
Malheureusement, tous les efforts de médiation du prince restèrent vains à la suite de l’attentat de Sarajevo. Malgré plusieurs tentatives de dissuasion, il ne put réussir à faire entendre raison à Guillaume II et l’empêcher d’entrer en guerre…