Août a été le mois des grands bouleversements dans les rues monégasques. L’aménagement de la place d’Armes et de la rue Grimaldi a cristallisé tous les mécontentements. Automobilistes et élus sont montés au créneau via une pétition lancée sur Facebook dénonçant une «?circulation indigne de Monaco?».
La pétition lancée sur le site communautaire Facebook est pour le moins incisive. Automobilistes, élus de l’opposition et personnalités locales tirent à boulets rouges sur les nouveaux aménagements réalisés au mois d’août. Cible des critiques?: les travaux réalisés à la rue Grimaldi et à la place d’Armes. Une pétition baptisée «?Pour une amélioration immédiate de la circulation à Monaco?»(1) dont la vocation est de «?sensibiliser les autorités monégasques et françaises au fléau de la circulation?», peut-on lire sur le site, «?avec des décisions urbanistiques prises en dépit du bon sens?: rond-point de la place d’Armes, nouvelle descente sur Fontvieille, route du port régulièrement coupée?».
Bref, le message est clair et les critiques particulièrement virulentes. «?Il n’y a pas à Monaco de schéma de circulation cohérent?», note l’élu d’opposition Laurent Nouvion sur le site de la pétition qui n’hésite pas à parler «?d’anarchie la plus totale?». Chacun y va de sa suggestion. Philippe Ortelli, président de la fédération patronale, reste favorable à l’idée de «?remettre le bas de la rue Grimaldi à deux voies?». Quand d’autres automobilistes pestent sur le fait que «?chaque jour ce n’est jamais le même itinéraire?», d’autres a contrario préféreraient plutôt «?doubler le nombre de couloirs de bus, le nombre de bus et inciter vraiment à laisser les voitures dans les garages…?»
“Risque d’asphyxie”
Un agacement de la population qui n’a pas a échappé au gouvernement. L’occasion pour le ministre d’Etat, Michel Roger, de calmer les esprits lors d’une visite au Centre intégré de la gestion de la mobilité (CIGM) le 1er?septembre dernier, aux côtés des conseillers Gilles Tonelli et Paul Masseron. «?Il faut impérativement que nous recherchions l’équilibre et la régulation. Si le gouvernement ne fait rien, on court à un risque important d’asphyxie. Il n’est pas normal que les gens mettent trois quarts d’heure pour rentrer à Monaco?», a indiqué le ministre d’Etat. «?On a fait le choix logique de faire les travaux au mois d’août, quand il y a moins de monde au travail. Mais je suis bien conscient que la gêne a été importante. En début d’année 2011, avec les raccordements réalisés les uns après les autres, on devrait constater clairement une amélioration?» (voir encadré).
Sur le terrain, force est de constater que ces premiers aménagements ont créé un véritable chaos dans les rues de la Principauté. Automobilistes désorientés, petits accrochages. Sans oublier des bouchons monstres dans toute la ville lorsque la bretelle d’accès à Fontvieille depuis la dorsale a été fermée le 30?juillet dernier pour finaliser des travaux piégeant des centaines d’automobilistes.
Temps de rodage
Contre ces doléances en série, les responsables du CIGM affichent l’argument du «?temps de rodage?». Soit le délai incompressible pour que les automobilistes s’accoutument aux nouveaux schémas de circulation. D’ailleurs, pour le CIGM, les bienfaits de ce rond-point à la place d’Armes sont déjà mesurables. «?Après les premiers jours d’observation, on a d’ores et déjà noté une baisse de 15?% du trafic sur la rue Grimaldi au profit de la dorsale. Conformément à nos prévisions?», souligne Christophe Cauvin, chef de section au CIGM.
Encore en phase de test, le giratoire sera définitivement validé si les effets s’avèrent concluants. Car l’un des objectifs de ces aménagements est de rendre la rue Grimaldi plus agréable à vivre. «?Il s’agit aussi d’améliorer les transports en commun, indique Olivier Lavagna, directeur de l’aménagement urbain. Un arrêt de bus spécialement destiné aux lignes TAM/CAM a été réalisé devant le Monte-Carlo Bar à l’amorce du boulevard Charles III. Une fois le giratoire validé, il sera question également d’aménager ce que l’on a appelé un «?pôle d’échange bus?» à la place d’Armes?». En clair, un lieu de ralliement, en dehors des voies de circulation, de toutes les lignes de bus monégasques.
En tir groupé et à grand renfort de discours rassurants, le ministre d’Etat, les conseillers Gilles Tonelli et Paul Masseron ainsi que le maire, Georges Marsan, sont allés sur le terrain pour calmer les esprits des commerçants de la rue Grimaldi. Inquiets de voir la file de droite interdite au stationnement, ceux-ci ont été à priori rassurés. Michel Roger a en effet affirmé que le stationnement sur la rue Grimaldi «?restera toléré?» à certaines heures précises de la journée.
Mais la gestion de la mobilité à Monaco a de quoi donner encore du fil à retordre aux autorités et au CIGM. Cet organisme doit en effet gérer en temps réel 24h/24 la venue de plus de 103?000 véhicules par jour (avec des pics à 120?000), dont 40?000 se rendant uniquement à Fontvieille. Soit le trafic d’une agglomération de 70?000 habitants.