samedi 27 avril 2024
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Les trois champions 2021 du zéro déchet à Monaco

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Trois lauréats ont été récompensés par la Mission pour la Transition Énergétique (MTE) lundi 10 mai 2021, lors de la conférence annuelle de la transition énergétique, sur le thème du « zéro déchet ». Le prince Albert II, qui a remis les trophées, a également livré sa vision d’avenir pour Monaco d’ici trente ans.

«Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. » C’est par ces mots, tirés d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), que le prince Albert II a illustré l’esprit de la conférence annuelle de la transition énergétique, lundi 10 mai 2021, sous format visioconférence. Organisée cette année sur le thème du « vivre sans déchet », elle rappelait que les déchets sont encore responsables d’un tiers des émissions de CO2 en principauté. L’idée était de faire un point d’étape de la transition énergétique en principauté, mené par Marie-Pierre Gramaglia, conseiller-ministre de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme. Le tout, suivi d’un bilan du pacte national pour la transition énergétique, qui a dépassé le seuil des 1 500 signataires à Monaco, des acteurs du public et du privé. Ce sont d’ailleurs ces signataires qui ont voté pour désigner les trois nouveaux lauréats du prix initié par la Mission pour la transition énergétique (MTE), sur les initiatives monégasques de réduction des déchets. Une vingtaine d’entités monégasques ont en effet été approchées par la MTE, et 19 d’entre elles ont accepté de remonter leurs initiatives pour les soumettre au vote du public. Le jury a voté pour l’initiative qui lui semblait la plus positive. Et, comme l’a fait remarquer Annabelle Jaeger-Seydoux, directrice de la MTE, « les résultats étaient serrés ». Le jury s’est en effet tourné vers des initiatives surprises. Le prince Albert leur a chacun remis un trophée, réalisé à partir de matériaux recyclés, pour saluer leur engagement.

« Nous devons appliquer la règle des trois « R », à savoir : réduire, réutiliser, recycler. L’état de la planète et des océans l’exige » Le prince Albert II

Le CHPG réduit ses gaz polluants

Le premier prix est revenu au Centre hospitalier princesse Grace (CHPG). En 2018, le médecin anesthésiste-réanimateur Laure Bonnet-Camau-François a en effet décidé, avec le soutien de sa direction, de réduire l’utilisation de certains gaz anesthésiants, dont le protoxyde d’azote, lors du protocole d’anesthésie des patients. Ce gaz, jugé très polluant, mettrait 114 ans à disparaître une fois rejeté dans l’atmosphère. Cette initiative a permis, selon la MTE, de réaliser une économie financière de 30 000 euros par an, ainsi qu’une diminution de ses émissions de gaz à effet de serre de 991 000 kg en équivalent de CO2, soit l’équivalent de 7 500 km de trajets en voiture. Le docteur Laure Bonnet a également pris l’initiative, avec le CHPG, de passer à l’utilisation de lames laryngoscopes réutilisables pour intuber les patients, et non plus des lames uniques. L’initiative permettrait de n’utiliser désormais qu’une seule de ces lames pendant dix ans, alors qu’il fallait 1 250 lames jetables jusqu’alors sur la même période.

Le Grimaldi Forum réduit son empreinte écologique

Le deuxième lauréat n’est autre que le Grimaldi Forum, où se tenait la conférence. Dès 2016, cet établissement s’est en effet lancé dans une démarche d’éco-conception pour ses expositions, en cherchant à diminuer les déchets induits par les scénographies qu’il conçoit, tout en conservant leur esthétique. La direction du Grimaldi Forum, représentée par Sylvie Biancheri, a pris l’initiative de réduire à la source la production de ses déchets, de privilégier l’utilisation de matériaux réutilisables et recyclables comme les cimaises en bois plutôt qu’en placo plâtre, tout en favorisant la gestion de fins de cycles et les retours aux fournisseurs. Le Grimaldi Forum investit également dans des vitrines démontables et réutilisables. Au total, l’établissement assure que 73 % de ses déchets sont aujourd’hui triés et recyclés, contre 13 % il y a quatre ans.

Le salon Odyssée contribue au recyclage des cheveux

Le troisième prix, enfin, est revenu au salon de coiffure-manucure Odyssée, situé rue princesse Grace. Qualifié de « commerce engagé » par la MTE, la direction de ce salon, représentée par Roland Mouflard, fait le choix de travailler avec des fournisseurs engagés, en proposant des produits éco-responsables et en cherchant toutes les opportunités de générer le moins de déchets possible. Ce salon utilise également des serviettes plutôt que des papiers jetables, des bouteilles réutilisables et remplissables à nouveau. Et, enfin, l’établissement récolte les cheveux coupés pour les confier à l’association Coiffeurs Justes, qui s’en sert pour des projets de nettoyage des ports. Les cheveux ont en effet des propriétés lipophiles, qui permettent de fixer les hydrocarbures pour dépolluer les ports. Un kilogramme de cheveux peut en effet absorber entre six et huit litres d’hydrocarbures.

Le Prince Albert II « À quoi ressemblera Monaco en 2050 ? »

En clôture de cet évènement virtuel, lors de son discours, le prince Albert II s’est projeté sur l’avenir de la principauté, et sur l’image qu’elle pourrait endosser en 2050 :  « La crise actuelle nous a contraints à innover et à nous réadapter. Avec la sortie de crise qui s’annonce, il est nécessaire de penser le monde de demain, nos erreurs passées et nos objectifs futurs. À l’occasion du cinquième anniversaire des accords de Paris, je rappelle que notre nouvel objectif est de diminuer de 55 % nos émissions de CO2 d’ici à 2030, est d’atteindre notre engagement neutre en carbone en 2050. La gestion de nos déchets est donc une priorité pour atteindre cet objectif ambitieux. […] La conférence pose la question « vivre sans déchets ? », mais la question ne serait-elle pas davantage : « avons-nous le choix ? » ? Pouvons-nous faire perdurer cette économie génératrice de déchets, avec sept milliards d’individus sur la planète ? La réponse est, évidemment, non. Nous devons appliquer la règle des trois « R », à savoir : réduire, réutiliser, recycler. L’état de la planète et des océans l’exige. Des modèles nouveaux se déploient comme Loop [lire l’interview de Blandine Surry, directrice générale de Loop Europe « La consigne est une solution alternative au recyclage » par ailleurs —  NDLR], preuve qu’il est possible de faire autrement, et saisir cette chance d’agir maintenant, tous ensemble. […] En 2050 j’imagine des véhicules silencieux et non polluants à Monaco, où l’on se déplace à pied. La qualité de l’air et sonore est remarquable, le mot “déchet” est supprimé de notre vocabulaire, et les inutiles des uns deviennent les ressources des autres […]. Nous gardons le même niveau de confort, sans altérer les océans, de nombreux jardins potagers citadins délivrent des légumes de saison qui n’ont pas besoin d’être emballés. Il ne s’agit pas de rêver à un monde d’après idéal : il faut se donner les moyens de le rendre possible. Et, ces moyens, j’en suis convaincu, nous en disposons. »