mardi 19 mars 2024
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Albert Croesi : « Grâce au prince Rainier  III, on est passé de rien à tout »

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Albert Croesi, secrétaire du comité de commémoration du prince Rainier III, a coordonné et orchestré l’organisation des événements d’hommage, sous la direction de la princesse Stéphanie, présidente. Il décrit les ambitions de ce comité, ses projets, et ses souvenirs du souverain, qui aurait eu 100 ans le 31 mai 2023.

Ce centenaire, c’est un moment de fête, avant tout ?

Oui, absolument. C’est un événement tout sauf triste. C’est un moment de fête, comme les aimait le prince Rainier III. Il aimait organiser de grands événements et se mêler à la population. C’est donc l’esprit des événements qui vont suivre après la grande manifestation du 31 mai 2023, où se mêleront beaucoup d’expositions de photos et de films.

La portée de ces commémorations se veut-elle internationale ?

Pas franchement. Hormis un concert aux Nations Unies (ONU) à New-York le 19 juin 2023 par l’orchestre des carabiniers, à la fois pour le centenaire de sa naissance et pour le 30ème anniversaire de l’admission de Monaco à l’ONU, la portée des autres événements sera plus nationale. Notre démarche reste humble. Nous savons que ça n’intéressera pas le monde entier. L’idée est de réunir Monaco, et de faire rayonner le prince, sans faire du « passéisme ».

Quelles retombées espérer ?

Ce n’est pas de l’ordre économique. C’est un cadeau d’anniversaire pour la principauté. C’est tout ce que l’on souhaite.

Les drapeaux à l’effigie du prince Rainier III se sont pourtant retrouvés en rupture de stock, preuve du potentiel commercial de ces commémorations ?

Il y a de l’engouement, mais cette rupture de stock, de courte durée, s’explique par le fait que certains vendeurs étaient peut-être un peu frileux à s’approvisionner, au début. Mais à force d’en voir de plus en plus accrochés aux fenêtres, il a vite fallu recommander 10 000 drapeaux à l’effigie du prince Rainier III de plus.

« L’idée est de réunir Monaco et de faire rayonner le prince, sans faire du “passéisme” »

Qui va contribuer aux événements et manifestations pour ce centenaire ?

Tout le monde est au garde-à-vous. Il y a une mobilisation générale des services de l’État, de l’Automobile club de Monaco (ACM), du Yacht club, de la compagnie des autobus de Monaco (CAM), de la Société monégasque de l’électricité et du gaz (SMEG)… Ce n’était pas toujours facile de s’organiser en plein Grand Prix de Monaco. Ce dernier coïncidait avec la date d’anniversaire [Rainier III est né le 31 mai 1923 — NDLR], mais nous avons encore eu de la chance que le prince ne soit pas né le 28 mai [rire].

Quels moyens ont été investis ?

Le financement est totalement gouvernemental, car nous ne pouvions décemment pas demander aux commerçants de mettre la main à la poche.

Comment avez-vous imaginé cette grande fête sur le Rocher du 31 mai 2023 ?

La princesse Stéphanie, qui pilote les commémorations, voulait un événement festif et populaire, à l’image de ce qu’aimait son père. Je gardais en tête les images de ce que nous avions fait le 18 mai 1966 pour le centenaire de Monte-Carlo. À l’époque, je voulais que des gamins s’en souviennent encore cinquante ans plus tard. Il fallait que ce soit un moment marquant, pas un simple petit cocktail. Nous avons voulu la même chose pour commémorer l’anniversaire des 100 ans du prince Rainier III. Ça aura été une organisation colossale, mais surtout un plaisir fou et un honneur que de collaborer à cet événement.

Quels sont les autres temps forts de ce centenaire ?

Outre le 31 mai et la grande fête sur le Rocher, il y a l’exposition au palais Le Prince chez lui, jusqu’au 20 août 2023. A cette occasion, les grands appartements du palais princier seront ouverts et l’accès sera gratuit. Il y a aussi le « chemin des sculptures » dans l’espace public [à ce sujet lire notre article Commémoration du centenaire Rainier III : un « chemin des sculptures » pour découvrir 150 œuvres dans l’espace public, publié dans Monaco Hebdo n° 1288 — NDLR]. Des expositions de photos seront visibles au jardin animalier et à la Roseraie. Le Yacht Club accueille aussi l’exposition Le Princier Rainier III, un marin avant tout, jusqu’au 1er janvier 2024, avec des images d’archives. Le 4 juillet 2023, on pourra aussi visionner un film documentaire narré par le prince Rainier III lui-même [à ce sujet, lire notre article Commémorations du centenaire du prince Rainier  III : l’hommage au « patron », publié dans ce numéro — NDLR] au Grimaldi Forum. Ce sera gratuit, mais il faudra réserver pour y assister.

« C’est aussi une reconnaissance de tout ce qui a été initié, puis perpétré par le prince Albert II. Depuis 15 ans qu’il a accédé au trône, Monaco continue à prospérer, dans la lignée de tout ce qu’a fait le prince Rainier III »

L’académie de musique contribue aussi à ces commémorations ?

Dans le cadre du traditionnel gala de l’académie de musique de Monaco, un hommage sera rendu au prince Rainier III. Un violon d’exception, qui a été conçu et réalisé par les élèves et leur professeur de lutherie, Roberto Masini, sera présenté à cette occasion. Il sera remis au prince Albert II, puis à un étudiant musicien violoniste. L’atelier de lutherie de l’académie a été créé à l’initiative du prince Rainier III, en 1977.

Il y aura également d’autres symboles ?

Le 1er juillet 2023, le lycée technique et hôtelier sera rebaptisé « lycée Rainier III ». Au cours de la cérémonie, un buste du prince Rainier III, œuvre du sculpteur Kees Verkade (1941-2020), sera dévoilé dans le hall de l’établissement.

Cette année d’hommage, c’est aussi une reconnaissance du travail mené depuis par le prince Albert II ?

Bien sûr, c’est aussi une reconnaissance de tout ce qui a été initié, puis perpétré, par le prince Albert II. Depuis 15 ans qu’il a accédé au trône, Monaco continue à prospérer, dans la lignée de tout ce qu’a fait le prince Rainier III. Ce centenaire n’est pas un événement nostalgique.

Quels sont vos souvenirs de Rainier III ?

C’était quelqu’un de net, clair, et précis. Avec lui, il n’y avait pas de place pour le flottement. C’était un patron.

Comment résumer son œuvre ?

Si je devais exagérer un peu, je dirais que, grâce au prince Rainier III, on est passé de rien à tout. On connaît et on parle de Monaco essentiellement depuis Rainier III. Cela sans effacer les œuvres des autres princes, bien sûr, qui s’étaient spécialisés dans des domaines plus pointus. Mais, avant le prince Rainier  III, Monaco n’était qu’une commune du littoral. C’est vraiment l’œuvre d’un homme car, même si le contexte d’après-guerre était propice au développement économique, encore fallait-il savoir reconstruire un pays. Il fallait, pour cela, une vision sur des années, pour les générations futures. Sa grande force a été de savoir anticiper l’avenir et de mener son projet jusqu’au bout, malgré les détracteurs, en imposant sa volonté et sa vision.