Les virus seront-ils agressifs cet hiver?? Faut-il se vacciner?? Est-on tous égaux devant la grippe?? A la veille de pandémie, conseils et éclairages pour appréhender au mieux le plus redouté des virus de saison…
La grippe 2012, bon ou mauvais cru??
Difficile à dire, d’autant que derrière le terme de « grippe » se cachent en réalité plusieurs souches de virus en circulation qui ne ciblent pas forcément les mêmes populations. Le cru 2012 devrait ainsi associer deux souches de virus A — le H3N2 qui affecte plus particulièrement les personnes âgées et le fameux H1N1 qui cible plus les populations jeunes, ainsi qu’une souche de virus dit B. La présence d’une souche de H1N1 alerte tout particulièrement les autorités sanitaires en France, qui ont étendu cette année le remboursement du vaccin aux femmes enceintes (à compter du second trimestre), aux personnes atteintes d’obésité et aux patients souffrant de maladies coronariennes. Trois catégories particulièrement exposées lors de la pandémie de H1N1 en 2009. « Les hospitalisations de femmes enceintes et de personnes obèses avaient été plus nombreuses à l’époque et certaines personnes atteintes de maladies coronariennes avaient été victimes de syndromes de détresse respiratoire peu courants », confie le docteur Emmanuel Debost, président du réseau des GROG (Groupes régionaux d’observation de la grippe).
La vaccination à tout prix??
La question est reposée par la récente publication dans la revue The Lancet d’une étude américaine comparant plus d’une vingtaine de campagnes de vaccinations Outre-Atlantique. Résultat?? Alors que le taux de couverture communément admis est de 73 %, les travaux montrent qu’il n’a été en moyenne que de 59 % sur l’ensemble des campagnes étudiées. Plus surprenant?: chez les plus de 65 ans, les bénéfices de la vaccination ne seraient pas démontrables (alors qu’ils sont clairement établis chez les enfants jusqu’à 7 ans)…. « Ces données confirment l’efficacité limitée du vaccin, explique le docteur Dominique Dupagne, responsable du site d’information médicale www.atoute.org. Il diminue certes par deux le risque d’attraper les virus et d’être alité plusieurs jours d’affilée mais l’effet sur la mortalité et les complications graves reste très incertain, les incidences étant faibles et peu mesurables. »
Alors, qui vacciner au final??
Pour le docteur Dupagne, « les personnes qui peuvent mourir d’une telle infection comme les insuffisants respiratoires ou cardiaques, ainsi que tous ceux qui ne peuvent se permettre d’être arrêtés 6 à 10 jours dans le cadre de leur activité professionnelle ». Pour le docteur Debost, « l’ensemble des personnes à risque pour qui le vaccin est remboursé — et tout particulièrement les femmes enceintes et personnes obèses cette année. Plus le reste de la population qui souhaite bénéficier d’une protection renforcée cet hiver. »
Est-on tous égaux face aux symptômes de la grippe??
Non, car 30 % à 50 % des grippes seraient… asymptomatiques?! Certaines peuvent se déclencher sans fièvre, sur deux ou dix jours… La raison de cette diversité de réactions reste obscure. Elle serait liée à la multitude des souches virales en circulation. Certaines études récentes évoquent également le rôle de gènes impliqués dans la fabrication des anticorps…
Et à quand un vaccin plus efficace??
Il faudra sûrement patienter encore quelques années avant de bénéficier d’un vaccin universel susceptible de protéger contre l’ensemble des souches en circulation d’année en année. En attendant, l’année prochaine, les Européens pourront essayer un vaccin nasal, proposé sous forme de spray — déjà en vente aux Etats-Unis et au Canada…