samedi 20 avril 2024
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Affaire Rybolovlev-Bouvier La procédure annulée définitivement par la justice monégasque

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La procédure pour escroquerie lancée en janvier 2015 par le milliardaire russe et propriétaire de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, contre le marchand d’art suisse Yves Bouvier, a été définitivement annulée par la justice monégasque le 8 juillet 2020.

Cette fois, c’est vraiment fini. En tout cas à Monaco. En effet, le 8 juillet 2020, la cour de révision de Monaco a annulé l’intégralité de la procédure pénale contre le marchand d’art suisse, Yves Bouvier. Dans un communiqué, Yves Bouvier a évoqué une « victoire totale et définitive à Monaco », avant d’ajouter : « Voilà cinq ans que je clame mon innocence, et aujourd’hui la justice monégasque m’a enfin donné raison. Je suis heureux, après cinq ans de batailles judiciaires et de campagnes de diffamation organisées par M. Rybolovlev et Me Bersheda, que la justice monégasque annule l’intégralité des procédures contre moi. La décision d’aujourd’hui montre que l’argent n’achète pas la justice. Monaco a prouvé que la corruption n’a pas sa place dans la principauté. »

« Des raisons purement procédurales »

La réponse des avocats du milliardaire russe et propriétaire de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, Me Hervé Temime et Me Thomas Giaccardi ont souligné que « cette annulation s’explique par des raisons purement procédurales — et non par une absence de charges à l’encontre d’Yves Bouvier ». Tout en rappelant qu’une procédure pénale se poursuit toujours à Genève : « Yves Bouvier est prévenu, notamment pour escroquerie, abus de confiance et blanchiment d’argent, pour avoir escroqué nos clients à l’occasion de 38 transactions en 12 ans (il n’était inculpé à Monaco que pour 3 transactions). Yves Bouvier devra répondre de ces faits, dont le champ est plus important encore que ceux poursuivis à Monaco », ajoutent les avocats de Dmitri Rybolovlev, tout en assurant que « l’instruction progresse » dans cette partie du dossier. En janvier 2015, le patron de l’AS Monaco avait accusé Yves Bouvier de l’avoir escroqué en surfacturant des tableaux de maîtres, notamment le Salvator Mundi de Léonard de Vinci (1452-1519), ou encore des Van Gogh, des Picasso, des Matisse… A Monaco, trois transactions étaient visées par la plainte du milliardaire russe, pour un Vinci, un Gauguin (1848-1903) et un Rothko (1903-1970).

« Divorce »

On se souvient que le 12 décembre 2019 (lire Monaco Hebdo n° 1134), la chambre du conseil de la cour d’appel de Monaco avait annulé la procédure contre Yves Bouvier, en estimant qu’elle avait été conduite de « manière partiale et déloyale », pointant ainsi des échanges entre les avocats de Dmitri Rybolovlev, le procureur général de l’époque, Philippe Narmino, et des enquêteurs. La cour d’appel avait alors évoqué des « échanges occultes », ainsi qu’une « entente parfaitement contraire à l’indépendance et la neutralité devant présider aux investigations ». Ce volet de l’affaire s’est soldé en novembre 2018 par l’inculpation du milliardaire russe, ainsi que de l’ancien directeur des services judiciaires de Monaco, Philippe Narmino, l’ex-ministre de l’intérieur, Paul Masseron et de trois hauts dirigeants policiers. « M. Rybolovlev n’a jamais gagné aucun procès contre M. Bouvier, dans aucune juridiction, depuis cinq ans. La raison est très simple : M. Bouvier a toujours respecté la loi et les contrats conclus, contrairement à M. Rybolovlev. Les attaques de ce dernier n’ont rien à voir avec le rôle de M. Bouvier comme marchand d’art. M. Rybolovlev souhaitait artificiellement déprécier la valeur de sa collection dans le cadre de sa procédure de divorce », a estimé pour sa part Me Luc Brossolet, l’un des avocats d’Yves Bouvier.