samedi 27 avril 2024
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Minorité ouïghoure
Accusé, Huawei perd Antoine Griezmann et dément

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Le footballeur français Antoine Griezmann a mis fin à son contrat avec Huawei, soupçonné de participer à la répression de la minorité musulmane ouïghoure en Chine. De son côté, Huawei, qui est aussi l’équipementier de Monaco Telecom, a démenti tout ciblage ethnique.

Le footballeur français Antoine Griezmann a annoncé sur son compte Instagram, le 10 décembre 2020, qu’il mettait fin à son contrat avec le géant chinois des télécoms Huawei. Le joueur du FC Barcelone s’est expliqué ainsi : « Suite aux forts soupçons selon lesquels l’entreprise Huawei aurait contribué au développement d’une « alerte Ouïghour » grâce à un logiciel de reconnaissance faciale, j’annonce que je mets un terme immédiat à mon partenariat me liant à cette société. » Le champion du monde 2018 avec l’équipe de France invite « Huawei à ne pas se contenter de nier ces accusations, mais à engager au plus vite des actions concrètes pour condamner cette répression de masse » de la minorité ouïghoure « et user de son influence pour contribuer au respect des droits de l’homme et de la femme au sein de la société ». Le 8 décembre 2020, une étude du cabinet de recherche IPVM, citée par le Washington Post, indique que Huawei aurait joué un rôle dans des tests liés à un logiciel de détection. Selon un rapport interne de Huawei, cette entreprise chinoise aurait imaginé un logiciel de reconnaissance faciale, avec la start-up chinoise Megvii. Ce logiciel pourrait notamment estimer le sexe, l’âge et l’origine ethnique, et diffuser « des alertes à la présence d’Ouïghours ».

Antoine Griezmann invite « Huawei à ne pas se contenter de nier ces accusations, mais à engager au plus vite des actions concrètes pour condamner cette répression de masse »

Huawei dément

Le 9 décembre 2020, l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW), installée aux États-Unis, a assuré, dans un rapport publié sur Internet, qu’entre 2016 et 2018, environ 2 000 Ouïghours auraient été repérés grâce à un logiciel de la police locale, et arrêtés dans la province d’Aksu, au Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Ce logiciel permettrait de collecter des informations très précises, notamment l’adresse IP, la taille, le groupe sanguin, la tendance politique ou religieuse, et la consommation d’électricité. Les peines infligées vont de l’assignation à résidence, à la prison, ou au séjour dans un camp de « rééducation ». Or, selon Human Rights Watch, une écrasante majorité des Ouïghours arrêtés n’auraient commis aucun acte illégal. Très rapidement, Huawei a démenti toute forme de ciblage ethnique. Dans un communiqué repris par le site lesnumeriques.com, Huawei France a assuré : « Nous ne développons pas d’algorithmes ou d’applications dans le domaine de la reconnaissance faciale, mais uniquement des technologies à usage général, qui se fondent sur les normes internationales en matière d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle. » Huawei France indique aussi n’être « pas impliqué dans le développement des couches d’application qui définissent la façon dont cette technologie est utilisée […]. Nos produits et solutions sont en conformité avec les normes de l’industrie et les réglementations concernées ».

« Pas de commentaires »

Depuis 2012, Monaco est lié avec Huawei par le biais d’un contrat signé avec Monaco Telecom pour la fourniture d’équipements. Ainsi, les réseaux 3G et 4G de la principauté ont eu Huawei pour fournisseur. En 2018, un nouveau partenariat s’est dessiné entre Monaco Telecom et Huawei pour le lancement de la 5G. Un an plus tard, le 9 juillet 2019, Monaco est devenu le premier pays au monde à lancer son réseau 5G. Une inauguration s’est alors déroulée du côté de l’hôtel de Paris, en présence notamment du patron de Free, Xavier Niel, et propriétaire de Monaco Telecom depuis avril 2014 (1), et de Shi Weiliang, directeur général de la filiale française de Huawei. Les antennes 5G installées en principauté ont donc été fabriquées par le géant chinois des télécoms Huawei, qui continue de faire de Monaco sa vitrine technologique en Europe. Alors aujourd’hui, face aux soupçons qui pèsent sur cette entreprise chinoise, faut-il s’aligner sur la position d’Antoine Griezmann, et rompre ou modifier le contrat qui lie Huawei à Monaco Telecom ? Interrogé par Monaco Hebdo, le gouvernement monégasque, qui est actionnaire de Monaco Telecom à hauteur de 45 %, indique qu’il « n’a pas de commentaires particuliers à faire sur cette affaire, qui concerne un joueur de football professionnel et un sponsor auquel il associait son image. Aucun logiciel de reconnaissance faciale, de quelque sorte qu’il soit, n’est ou ne sera envisagé avec ce prestataire ».

1) Patron du groupe Iliad, qui est propriétaire de Free, Xavier Niel a racheté 55 % de Monaco Telecom en avril 2014. Monaco Telecom était alors la propriété de l’opérateur britannique Cable & Wireless Communications (CWC). La transaction a été estimée à environ 322 millions d’euros. L’État monégasque a conservé 45 % du capital de l’opérateur monégasque.