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Bretelle de Beausoleil :
un pas de plus vers sa réouverture

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Une convention de financement vient d’être signée entre le gouvernement monégasque, le département des Alpes-Maritimes, la communauté d’agglomération de la Riviera française et le réseau Escota mardi 10  septembre  2019. Cette signature ouvre la voie à de futurs travaux, à partir de la fin de l’année 2021.

Son nom d’usage est « la bretelle de Beausoleil », même si celle-ci se situe sur la commune de la Turbie. C’est d’ailleurs pour désengorger la circulation de ce village sur les hauteurs de Monaco qu’il devenait urgent d’améliorer la desserte de la principauté. En effet, chaque jour, près de 43 000 personnes se rendent en voiture à Monaco en empruntant les axes existants. La réouverture, après de lourds travaux (lire l’interview d’Éric Meneroud d’Escota par ailleurs), de cette liaison abandonnée depuis 1994, vise à améliorer le trafic ultra chargé de la zone. « Cette nouvelle bretelle d’accès permettra de créer une nouvelle voie de desserte offrant un accès supplémentaire à la principauté de Monaco et aux communes littorales de l’est du département, diminuer le trafic dans la traversée de La Turbie, fluidifier le trafic sur l’autoroute A500 et dans le tunnel de Monaco, ainsi que sur la moyenne corniche à l’approche de Monaco », assure Vinci Autoroutes, en charge de ce chantier. Ce projet d’aménagement est en fait situé à l’Est de la barrière pleine voie et du diffuseur de La Turbie, sur l’autoroute A8. Il se traduit par la réalisation d’une bretelle de sortie située au niveau de l’aire de services de Beausoleil, dans le sens France – Italie. Ce nouvel accès sera directement raccordé à la grande corniche, sur la route départementale RD 2564. Le trafic attendu sur la bretelle de Beausoleil dépasse les 3 000 véhicules par jour.

6,06 millions d’euros

Le montant global de l’opération s’élève à 6,06 millions d’euros hors taxe. Cette opération d’aménagement du territoire est cofinancée par le réseau Escota – VINCI Autoroutes (société concessionnaire) à hauteur de 2,480 millions d’euros, de 2,145 millions d’euros pour le gouvernement monégasque, de 1,235 millions d’euros pour le département des Alpes-Maritimes, et de 200 000 euros pour la communauté d’agglomération de la Riviera française (CARF). Un montant qui peut paraître très élevé au vu des premières possibilités d’aménagement qui avaient été envisagées. « Ce qui a retardé le dossier, c’est qu’il avait d’abord été imaginé de rouvrir ce chemin de service dans l’état actuel. Un projet inacceptable pour l’État, car ne répondant pas aux normes de sécurité actuelles. Il fallait proposer autre chose que ce tracé actuel. Et cela coûte plus cher… », éclaire Éric Meneroud, directeur opérationnel de l’infrastructure pour le réseau Escota. Au final, c’est donc Vinci Autoroutes le plus grand contributeur suite aux discussions engagées avec l’État français. Cependant, les pouvoirs publics, en cumulé, entre Monaco et les institutions locales françaises, apportent le plus gros du financement.

Fin 2022 au mieux

« Cette création est une nécessité absolue […]. Depuis le 1er janvier 2012, le respect des normes de sécurité conduit très régulièrement à la fermeture de l’A500 aux heures de pointe. La Turbie, sortie suivante, devient donc l’alternative obligatoire pour ces véhicules qui se déversent alors sur l’artère principale du village, y créant l’embolie, avant d’emprunter des voies qui ne sont ni qualifiées, ni calibrées, pour un tel trafic », rappelle Jean-Jacques Raffaelle, maire de La Turbie. C’est par cet élu local que la fronde a repris de la teneur en 2015. Littéralement asphyxiée par le flux continu de véhicule, la commune avait alors appelé à manifester et appeler les pouvoirs publics à rouvrir d’urgence cette bretelle d’accès. « Je trouvais ça assez triste qu’il faille à notre pays, qui est à ce point inventif et qui a des ingénieurs d’une qualité mondialement reconnue, près de 25 ans pour résoudre un problème de vie quotidienne évident. Sans le maire de La Turbie, Jean-Jacques Raffaelle, il n’y aurait pas eu l’étincelle », s’est exprimé Charles-Ange Ginésy, président du département des Alpes-Maritimes. Finalement entendus, les élus locaux et la population devront tout de même encore un peu patienter. Si la convention de financement est actée, les études d’avant-projet se poursuivront en 2020 et il faudra attendre 2021 pour les appels d’offre.

400 mètres

Du coup, chez Escota on vise un début de chantier fin 2021, pour une éventuelle mise en service un an plus tard, si les services du ministère des transports français valident les travaux. Outre la création de 400 mètres de bretelle autoroutière, des terrassements, des murs de soutènement de 6 mètres de haut, de la chaussée, un système d’assainissement, une collecte des eaux pluviales, de la signalisation et la création d’un carrefour giratoire seront nécessaires. Tout cela se déroulera avec une autoroute en service. Une contrainte non négligeable qui pourrait impacter les travaux. Au final, ces travaux créeront ainsi « un nouveau point d’échange entre l’autoroute A8 et le réseau départemental (RD 2564 – grande corniche), soulageant automatiquement les autres accès à Monaco (dont le tunnel de Monaco sur l’A500 et la moyenne corniche) et améliorant les conditions de circulation entre La Turbie et Menton », promet le réseau Escota – Vinci Autoroutes.

Bretelle d’autoroute de Beausoleil : historique d’un serpent de mer

• 1979 : Année de construction de la bretelle de Beausoleil. A l’origine, elle est censée remédier à un potentiel retard de mise en service de la portion autoroutière entre La Turbie et Roquebrune-Cap-Martin.

• 1989 : Ouverture de la bretelle.

• 1994 : Fermeture de la bretelle.

• 1995 : Les élus français demandent sa réouverture.

• 2005 : Vote d’une motion par la communauté d’agglomération de la Riviera française (CARF) pour sa réouverture.

• 2015 : manifestation des élus locaux et de parlementaires à l’appel de Jean-Jacques Raffaele, maire de La Turbie.

• 2016 : Le réaménagement de la bretelle de Beausoleil fait partie du plan national français d’investissement autoroutier.

• 2017 : Premier protocole d’accord d’engagement financier signé entre la préfecture des Alpes-Maritimes, le ministère d’État de Monaco, la CARF et le conseil départemental des Alpes-Maritimes.

• 2018 : Le gouvernement français, par le biais d’Élisabeth Borne, alors ministre de la transition énergétique et solidaire en charge des transports, confirme l’inscription du réaménagement de la bretelle de Beausoleil dans le plan d’investissement autoroutier national. Des études environnementales sont lancées.

• 2019 : Signature de convention de financement de la bretelle entre le gouvernement monégasque, le réseau Escota – Vinci autoroutes, le département des Alpes-Maritimes et la CARF.