Edito n°1256 : Bus

On se souvient qu’en décembre 2019, la demande était venue du Conseil national. Les élus avaient réclamé un test d’une durée de six mois sur la ligne 4 du réseau de bus qui va de Fontvieille à Saint-Roman, afin de pouvoir évaluer l’impact que pourrait avoir la gratuité. Cette demande a été relancée auprès du gouvernement par les conseillers nationaux en mars 2020, par le biais d’un courrier envoyé au ministre d’État, Pierre Dartout. Avec, cette fois, une proposition qui portait sur une expérimentation sur tout le réseau de bus, pendant deux semaines, du 12 au 27 septembre 2020. Objectif avancé par les élus : servir l’objectif du gouvernement monégasque, qui est de réduire le trafic de véhicules légers de 20 % d’ici 2030, par rapport à aujourd’hui. Et revenir ainsi à un trafic équivalent à celui du début des années 1990. Interrogé par Monaco Hebdo en mars 2020, Philippe Barrau, directeur du syndicat d’économie mixte en gestion du réseau de transports du pays d’Aubagne, indiquait que depuis le passage à la gratuité des bus en 2009, « on est passé de 1,9 million à 6,5 millions d’usagers en 10 ans ». Mais si en France une trentaine de villes propose un service de bus gratuit, cela n’est pas transposable transposable partout avec la même efficacité. C’est cela que souhaitaient vérifier les élus. De son côté, interrogé par Monaco Hebdo en octobre 2020, le directeur d’exploitation de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM), Roland de Rechniewski, estimait que « la gratuité génère toujours de l’attractivité. Mais l’augmentation de fréquentation est relativement faible, de l’ordre de 10 à 15 % de voyageurs supplémentaires ». Du côté de l’impact économique de cette mesure, le manque à gagner de la gratuité des bus monégasques a été estimé à 5 millions d’euros par an par la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Marie-Pierre Gramaglia, à l’occasion d’un point presse sur la “smart” mobilité le 1er octobre 2019. Nonobstant cet impact pour les finances de l’État, un test grandeur nature devait donc être mené. Finalement, la décision finale a été officialisée à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 26 septembre 2022 par la nouvelle conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni. Du lundi 3 octobre 2022 au dimanche 27 novembre 2022, l’ensemble du réseau bus de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM) sera accessible gratuitement, pour tous les usagers. Mais Céline Caron-Dagioni a bien précisé qu’il s’agissait d’une mesure « temporaire », et qu’elle ne serait pas prolongée : « Le fait de payer n’est pas un obstacle, a estimé la conseillère-ministre. On ne communique pas que sur le fait que ce soit gratuit, mais plutôt sur celui de reprendre goût et le contact avec le transport en commun, dans un contexte où certaines personnes ont des peurs. » Impactés par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, les bus de la CAM peinent à retrouver la fréquentation passée. De 7 millions de passagers par an avant la crise, en 2019, les bus monégasques n’attirent désormais plus que 5 millions d’usagers. Du coup, la circulation dans les rues de la principauté est très dense, avec 110 000 véhicules entrants et sortants par jour. La visée affichée par Céline Caron-Dagioni, c’est de revenir à 80 000 trajets par jour, comme dans les années 1990. Mais, visiblement, cela ne passera pas par la gratuité des bus en principauté, malgré les demandes répétées des conseillers nationaux.