samedi 27 avril 2024
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UP?: Péril en la demeure

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Au-delà de l'UP, c'est bien la présidence du conseil national qui est en jeu. Lors de l'élection du 4 avril prochain, l'Unam pourrait bien jouer un rôle d'arbitre. © Photo Monaco Hebdo.

Avant la prochaine assemblée générale de l’union pour la principauté, programmée d’ici la fin mars, deux camps s’affichent désormais ouvertement. Entre attaques en règle et coups bas, le feuilleton du clash à l’UP continue.

Si les élections nationales avaient lieu aujourd’hui, d’aucuns ne donneraient pas cher de la peau de l’UP. Le premier parti de Monaco souffre d’un mal qui s’aggrave chaque jour davantage?: la division. Secret de polichinelle depuis des mois, les tensions ont éclaté au grand jour. Dans une interview publiée dans Monaco Hebdo la semaine dernière, la présidente de l’UP, Anne Poyard-Vatrican a crevé l’abcès. Affirmant que ses collègues UP du conseil national ont renié leurs valeurs, s’éloignant mois après mois de la mère nourricière. Comment?? Tout simplement en voulant voler de leurs propres ailes et en s’émancipant un peu trop du parti créé en 2001 par Stéphane Valeri. Dans ce numéro, Alexandre Bordero, directement visé par cette attaque en règle, riposte. Dans une réponse du berger à la bergère (voir interview p. 14), ce membre fondateur de l’UP répond point par point aux critiques. Et dégaine?: pour lui, Anne Poyard-Vatrican n’agit que pour satisfaire ses ambitions personnelles. Et chiper la présidence du conseil national à Jean-François Robillon le 4 avril prochain. Ce qui pourrait être assimilé à une tentative de putsch…

Guerre ouverte

La guerre est donc désormais ouverte entre deux camps désormais identifiés?: celui des 11 élus UP sans Poyard et Boccone contre celui des adhérents et membres du comité directeur fidèles à l’UP de Valeri. D’autant que les missiles ne sont pas uniquement envoyés par voie de presse. Chaque camp a adressé SA vérité aux militants, via des lettres ouvertes cinglantes. Jugez par vous-mêmes. Dans son mailing envoyé le 16 février, Anne Poyard surenchérit?: « Sous l’influence de l’entourage du président de l’assemblée, les élus ont entrepris de dé-construire tout ce qui pouvait rassembler à une référence à notre mouvement et à son fondateur. Tout d’abord en tentant d’asphyxier financièrement le parti, puis en multipliant les initiatives malheureuses qui les éloignent chaque jour un peu plus du mandat que les électeurs leur ont confié. » Un courrier jugé « indigne » par les 11 élus UP qui ont signé une réplique cette semaine, en s’engageant par la même occasion à « soutenir le docteur Jean-François Robillon à la présidence du conseil national le 4 avril prochain » (1). Avant de tacler la « gestion financière trouble du parti par Madame Poyard. »

Traces indélébiles??

Ces mots doux laisseront forcément des traces au sein du parti et de ses 300 militants. Mais aussi de l’électorat. Car aujourd’hui, pour ceux qui ont suivi les premiers épisodes du feuilleton « Clash à l’UP » – depuis le départ de la majorité UPM de Christophe Spilotis à celui de l’Unam, en passant par les tensions de l’été dernier -, il y a de quoi s’arracher les cheveux pour comprendre ce qui se passe. « Comment un parti peut-il se saborder ainsi?? s’interroge Joseph, un Monégasque sexagénaire. C’est purement suicidaire?! »

Pour Alexandre Bordero, les retours sont déjà négatifs?: « Pour l’instant, je n’ai que le retour de gens furieux qui pensent qu’on casse la machine pour satisfaire des ambitions personnelles. » Et tout le monde attend de voir ce qui se passera à la prochaine AG du parti en mars. Anne Poyard-Vatrican sera-t-elle confirmée à ses fonctions?? Sera-t-elle seule à briguer la présidence de l’UP?? Et surtout comment le parti pourra-t-il survivre à cette plaie béante placée aujourd’hui sous le feu des projecteurs?? Pour l’heure, le mot d’ordre est désormais “wait and see”. Notamment du côté de l’Unam, qui nous a prévenu dans un communiqué, qu’il « restera attentif aux orientations qui seront prises lors de la prochaine assemblée générale de l’UP. Fidèles à nos engagements, nous saurons saluer tout acte qui permettra de restaurer l’union. » Un Unam à nouveau très convoité?: si l’ex-allié de l’UP se dit satisfait « des déclarations de la présidente de l’UP, qui s’inscrivent dans une politique d’union des deux partis UP-UNAM, et qui rétablissent la vérité sur l’éviction de notre mouvement de l’actuelle majorité », Alexandre Bordero n’exclut pas de renouer avec le partenaire d’hier d’ici aux prochaines élections?: « En ce qui me concerne, rien n’est exclu. Tout dépendra de savoir si on peut se mettre d’accord sur un certain nombre de propositions et un certain nombre de valeurs. De toute façon, pour 2013, l’UP devra faire partie d’une liste d’union avec d’autres partenaires. C’est indispensable et c’est dans cet esprit qu’elle a toujours fonctionné. »

Majorité flottante

Avant même le scrutin de 2013, c’est bien au conseil national, à partir du 4 avril, que les quatre élus Unam (Dittlot, Clérissi, Cellario et Guazzonne) auront un rôle à jouer. Car mathématiquement, Robillon ne dispose plus aujourd’hui d’une majorité large ou stable. Il peut miser aujourd’hui sur les voix des 10 UP qui se sont engagés à voter pour lui (en plus de la sienne). Tandis que Poyard pourrait bien récupérer les voix de l’Unam voire de l’opposition. Que feront les indépendants?? « La seule chose qui est sûre, c’est que Jean-François Robillon se représentera. Après, chacun prendra ses responsabilités quant à son attitude future. La seule chose que je peux vous garantir, c’est que les élus UP qui sont restés fidèles à leurs engagements souscrits devant les Monégasques continueront à se battre pour défendre leurs idées et leurs propositions », affirme Alexandre Bordero. Mais est-ce suffisant?? En attendant, l’opposition compte les points. Et Rassemblement & Enjeux – qui n’a pas souhaité commenter la situation – se frotte les mains.

(1) Dans l’ordre des signataires?: Gérard Bertrand, Alexandre Bordero, Catherine Fautrier, Jean-Charles Gardetto, Sophie Lavagna, Pierre Lorenzi, Bernard Marquet, Roland Marquet, Fabrice Noptari, Guillaume Rose et Jean-François Robillon.