jeudi 18 avril 2024
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Les défis de l’industrie numérique française

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Fibre optique
© Photo D.R.

L’industrie numérique contribue de plus en plus à la croissance d’un pays. Le retard accumulé par l’Europe, et notamment par la France, pourrait s’avérer très pénalisant si rien n’est fait rapidement pour y remédier.

La question de l’Internet et de l’écosystème numérique vient d’être débattue pour la première fois à l’échelle internationale. A l’initiative de la France, le sujet a en effet été inscrit à l’agenda du G8 qui s’est tenu jeudi et vendredi derniers à Deauville. Le sommet a même été introduit par un e-G8 Forum qui a réuni à Paris les leaders mondiaux et les experts de l’écosystème numérique.

L’Europe à la traîne…

Mais en la matière, l’Europe accuse encore un net retard par rapport aux Etats-Unis. Selon le document de travail « L’économie numérique et la croissance » que l’institut d’analyses indépendant COE Rexecode vient de publier, l’économie numérique contribue plus largement à la croissance aux Etats-Unis qu’en Europe. Selon l’institut, l’économie numérique représente 7,3 % du PIB américain, contre 6,7 % du PIB britannique et 4,7 % du PIB français. Par ailleurs, rapporté au taux de croissance annuel moyen de chaque pays, l’économie numérique a contribué, de 1980 à 2008, à hauteur de 37 % à la croissance américaine, contre 27 % au Royaume-Uni et 26 % en France. « Au cours de la dernière décennie, les effets directs de l’accumulation du capital numérique et ses conséquences indirectes sur la productivité globale des facteurs ont représenté environ la moitié de la croissance constatée aux Etats-Unis et un peu moins du quart en France », ajoute COE-Rexecode.

malgré de fortes ambitions

Et pourtant, le Vieux Continent affiche des ambitions en la matière. L’Union européenne a en effet fait du numérique l’un des sept axes majeurs constitutifs de la stratégie « Europe 2020 » avec pour objectif de créer un marché unique du numérique reposant sur l’Internet haut débit et sur des applications interopérables. Cette stratégie a vocation à concerner les 500 millions d’habitants de l’Union et à donner d’emblée une stature internationale aux sociétés qui s’y impliqueront. « Malgré les ambitions européennes affichées, l’industrie productrice de matériels et d’équipements numériques s’est contractée au cours de la dernière décennie dans une grande partie de l’Europe », précise COE-Rexecode. Ainsi, sur les 10 majors mondiaux en termes de budgets de recherche, deux seulement – Siemens et Nokia – sont européens. Sur les 10 principales entreprises productrices de logiciels, 9 sont américaines et une seule – SAP – est européenne. Toujours selon l’institut, sur les 10 principales entreprises de services Internet, 6 sont américaines.

2 priorités pour la France

COE-Rexecode pointe notamment le retard pris pas la France « où l’industrie numérique est en passe de disparaître ». « Seule l’Allemagne a su rester assez compétitive et préserver son industrie numérique face à la concurrence chinoise », poursuit l’institut. Or, COE Rexecode estime que les conséquences macroéconomiques d’un retard supplémentaire de la France dans le déploiement de ses futurs réseaux seraient dommageables pour sa croissance. « L’économie numérique française doit relever le défi d’investir dans les infrastructures de réseaux à très haut débit, fait valoir l’institut. Le déploiement de la fibre optique nécessitera, à lui seul, entre 20 et 30 milliards d’euros d’investissement sur les dix à quinze prochaines années. » Mais les conditions de financement de ces investissement ne seraient pas réunies. COE Rexecode identifie donc deux priorités pour la France?: mettre en place une politique de compétitivité et permettre le développement rapide des infrastructures de très haut débit. « Le développement des infrastructures de très haut débit est structurant pour l’avenir du secteur de l’économie numérique et pour l’économie dans son ensemble, poursuit l’institut. Un investissement annuel de 2 milliards d’euros dans le déploiement de la fibre optique conduirait à un accroissement du potentiel de croissance français d’au moins 0,2 point par an. Ce supplément de croissance, de l’ordre de 4 milliards d’euros par an, montre que l’analyse coûts-bénéfices de ces investissements est largement positive. » Pour que l’économie française puisse en bénéficier rapidement, il est souhaitable que les conditions de réalisation de ces investissements soient satisfaites « au plus vite », conseille l’institut.

L’OCDE prévoit une croissance de 2,2% en France
L’OCDE a revu une nouvelle fois à la hausse ses prévisions de croissance pour la France, à la faveur notamment de la reprise des investissements des entreprises : elle prévoit désormais 2,2% de hausse du PIB cette année, donc plus que le chiffre de 2% sur lequel table le gouvernement, et 2,1% en 2012. Toutefois, la baisse du taux de chômage est jusqu’à présent restée lente et même nulle, selon l’OCDE, si l’on prend en compte les demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite.
Volkswagen reprend pieds aux Etats-Unis
Après 23 ans d’absence, Volkswagen reprend ses opérations industrielles Outre-Atlantique. Le premier constructeur européen vient en effet d’inaugurer son unique usine sur le territoire américain, dans le Tennessee. Elle vient ainsi compléter son autre site de production de Puebla, au Mexique, qui fabrique notamment les Jetta et New Beetle. Volkswagen souhaite s’imposer aux Etats-Unis avec la production d’un modèle unique, une version de la Passat étudiée pour le marché américain, qui sera vendu à prix nettement inférieur à la version déjà disponible en Europe.