vendredi 26 avril 2024
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Le port Hercule
toujours en chantier

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Depuis des années, les élus pointent du doigt les lenteurs des travaux d’aménagement du port Hercule. Et ça n’est pas terminé…

Lors des derniers débats budgétaires du conseil national, mi-octobre, le gouvernement en a pris pour son grade. Dans le collimateur : les retards répétés des travaux d’aménagement du port. Dernier en date : le chantier du Yacht club. Pour Fabrice Notari, vice-président du conseil national, « il y a désormais des problèmes au niveau de la construction de la piscine, ça va nous coûter très cher. L’argent fuit ! » Pour le conseiller à l’équipement Marie-Pierre Gramaglia, « fin 2013, le chantier du Yacht club sera terminé et livré. Il sera ouvert au public en 2014 avant ou après le grand prix. » En attendant que le yacht club devienne « un produit d’appel pour Monaco », selon la formule de Laurent Nouvion — pour qui il sera « le plus beau d’Europe pour ne pas dire du monde » —, les élus fustigent les « dérapages » en terme de coût — on atteint les 105,5 millions d’euros — et de durée des travaux. Une attaque qui devient systématique lorsqu’on parle du chantier d’aménagement du port.

« Pas un sou en 2012 »
Car pour les élus, remettre à flot ce port n’est visiblement pas dans les priorités gouvernementales. Pour Laurent Nouvion, « ce n’est pas acceptable. Cela fait 11 ans qu’on parle d’aménagement du port. Et il n’est toujours pas terminé… Je regrette qu’en 2012, il n’y a pas eu un sou pour achever le chantier et en 2013, il n’y a que 6 millions d’euros budgétés. Cela signifie qu’en 2014, le yacht club sera terminé et on va reprendre les truelles en 2015 ! » Et de fustiger le fait que les élus ne se soient vu transmettre aucun schéma directeur sur le port. « Le gouvernement nous donne des slides qu’on n’oserait pas livrer à un touriste chinois !, tonne le leader de l’opposition. On en est au 3ème ou 4ème projet architectural… » Quant à l’entretien du port, il ne serait pas optimal. « Les sanitaires sont cassés, ce n’est pas une image digne de la principauté. Faut-il attendre 2013 pour des menus travaux ? », a ainsi interrogé Gérard Bertrand.

Méthodologie en cause
Pour le président de la commission des finances, au-delà d’une enveloppe budgétaire dégradée, il s’agit d’un problème plus large de méthodologie gouvernementale, trop récurrent : « Le port a souffert de changements de programmes. Le gouvernement part sur un projet, change et l’on se retrouve avec un projet qui n’a plus rien à voir et avec un coût qui n’a plus rien à voir non plus avec le budget initial ! Tout cela retarde énormément les travaux. » Lors des derniers débats budgétaires, Alexandre Bordero a même lancé au ministre d’Etat Michel Roger : « Quand vous avez pris une décision, n’en changez pas. Car si vous utilisez la même méthodologie, on part pour 15 ans de travaux pour le centre commercial de Fontvieille. »
Devant cette levée de boucliers, le ministre Michel Roger avait reconnu « un mal endémique ». Avant d’expliquer les derniers retards enregistrés, imputables au changement d’architecture de la tour de la capitainerie. « Personne ne s’est interrogé pour voir si la tour de la capitainerie aura la même architecture que le Yacht Club (signée du grand architecte Norman Foster, N.D.L.R.). J’ai donc arrêté la construction de cette tour que l’on construit juste devant le Yacht club pour demander l’avis de Norman Foster. » Dontact.
Cette fronde sur l’aménagement du port n’est pas une première pour les conseillers nationaux. Quelques mois avant le mariage du prince Albert, en décembre 2010, les élus avaient déjà mis la pression sur le gouvernement pour que le port fasse peau neuve devant le flot de touristes et de personnalités qui s’annonçait.
Aujourd’hui, le Conseil stratégique pour l’attractivité s’y met. Dans son rapport d’activité, il indique que « le port se doit d’être traité comme un hôtel de luxe avec l’ensemble des services y afférents et dans lequel excellence, accueil et services seraient la préoccupation permanente. » Logique alors de demander au gouvernement de « terminer dans les meilleurs délais les aménagements du port et améliorer la qualité des services offerts notamment à l’attention des armateurs doivent être des actions prioritaires : parkings dédiés, plan de stationnement de l’Esplanade des Pêcheurs, création de stations de taxis, augmentation du nombre de taxis, ramassage des ordures, branchements électriques… » Le message est passé. Reste donc désormais à l’Etat de remettre en état certaines zones du port quasi-abandonnées, construire les locaux de la capitainerie. Bref d’aller au-delà de l’effort de camouflage des baraquements qui avait été impulsé pour le mariage d’Albert II.