vendredi 19 avril 2024
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Johan Vincent : « Malgré les crises sanitaires, on peut encore voyager »

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L’été 2020 marquera-t-il l’histoire, comme avant lui l’été 1936 ou l’été 1968 ? L’historien du tourisme, Johan Vincent, chercheur à l’ESTHUA, à l’université d’Angers, évoque pour Monaco Hebdo cet été pas comme les autres.

Le tourisme fait-il face à la pire crise de son histoire ?

C’est l’une des crises majeures qu’a pu connaître le tourisme moderne, depuis le XVIIIème siècle, car il y a eu la conjonction de deux phénomènes. Il y a d’abord eu la disparition des touristes qui ont, pour une bonne partie d’entre eux, été dans l’impossibilité de voyager. On a déjà connu ça au moment des deux guerres mondiales, avec des difficultés pour se déplacer et voyager. Ensuite, il y a aussi eu, pour une partie des pays, une impossibilité de travailler pour le secteur touristique. En effet, des Etats ont réclamé la fermeture des restaurants, et souvent, des hôtels. Sans oublier les lieux de divertissement, comme les discothèques et les casinos. Pendant mai 1968, le personnel de certains hôtels s’est mis en grève, tout comme les transports. Mais ce qui est nouveau avec cette crise, c’est qu’on a eu la conjonction des deux phénomènes, avec des touristes bloqués chez eux et l’impossibilité pour les professionnels de travailler.

Mais ce n’est pas la première crise sanitaire que nous traversons ?

A l’échelle mondiale, depuis les années 2000, on a connu une succession de crises sanitaires. En effet, il y a eu le SRAS, la grippe aviaire, la grippe porcine… Et en 1994, on a eu Ebola. Mais les crises des années 2000 et 2010 ont toujours été gérées de manière à ce qu’on ne confine pas les populations. Pendant la crise provoquée par le virus H1N1, en 2009, l’organisation mondiale du tourisme avait préconisé, entre autres, de ne pas fermer les frontières. Le début de la crise du Covid-19 a été géré comme les crises sanitaires précédentes, jusqu’en février 2020. Puis, nous sommes passés à quelque chose de nouveau, avec la situation que nous connaissons aujourd’hui. Et avec désormais la problématique du redémarrage de l’économie.

Est-il exact que l’industrie du tourisme a toujours plus ou moins réussi à fonctionner, malgré les crises ?

Oui, l’industrie du tourisme a toujours réussi à fonctionner, car le tourisme est une activité qui est en perpétuelle transformation. Donc, face à une situation nouvelle, les acteurs du tourisme essaient constamment de trouver des solutions pour continuer à travailler. Pendant cette crise du Covid-19, on a eu des situations un peu similaires à ce que l’on a connu pendant les deux guerres mondiales, en 1914-1918, puis en 1939-1945. Il y a eu, par exemple, une proposition de logement du personnel soignant, et dans certains cas, mais plus rarement, du logement de patients, pas forcément malades du Covid-19. Il est possible que cette crise soit l’occasion pour certains acteurs du secteur du tourisme de réfléchir à d’autres positionnements.

Comme quoi, par exemple ?

Depuis 2010, le secteur de l’hôtellerie est en pleine mutation. Certains s’interrogent sur l’opportunité de transformer leurs établissements en résidence pour seniors ou en une sorte d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Mais cette réflexion aboutira à une mutation qui restera très marginale.

Donc, sur la Côte d’Azur, même pendant les deux guerres mondiales, le tourisme continuait de fonctionner ?

Oui, l’activité touristique continuait. Pour la Riviera française, depuis la fin du XIXème siècle, le tourisme international représente environ la moitié des touristes accueillis. Pendant les périodes de guerre, il y avait des réfugiés, mais aussi des Parisiens venus pour retrouver leurs villas situées entre Cannes et Menton. Ces derniers venaient retrouver un cadre considéré comme plus agréable pour vivre. Or, pendant la crise liée au Covid-19, on a aussi vu des gens partir avant le confinement en France pour se réfugier sur le bord de mer. Si on avait suivi les travaux historiques, cette situation aurait donc pu être anticipée.

D’autres exemples ?

Dans les années 1910, le maire des Sables-d’Olonne a estimé que même si c’était difficile au vu du contexte de guerre, il était nécessaire de continuer à investir pour que le tourisme perdure. En mai 1940, sur la côte Atlantique, des touristes ont découvert la station balnéaire de Saint-Jean-de-Monts sous un autre angle. Ces réfugiés touristiques se sont rendu compte que l’esprit des vacances n’était plus là. Or, actuellement, à Monaco comme ailleurs, on essaie de recréer cet esprit de vacances. Au fond, à chaque crise, c’est un peu toujours pareil : il faut réussir à restaurer cette atmosphère.

Peut-on vraiment comparer des périodes de guerre avec la crise sanitaire que le monde traverse actuellement ?

On ne peut faire de comparaison, on peut faire des analogies. Les analogies consistent en effet à comparer des choses qui ne sont pas comparables. Malgré certains discours, nous ne sommes pas en guerre. Il y a donc des analogies, avec, par exemple, le déplacement des flux de population. Il faut aussi regarder du côté des considérations morales, notamment au printemps 2020, avec les condamnations de comportements de vacances : ces condamnations ont concerné des gens qui sont partis en bord de mer. Comme en période de guerre, pendant la crise liée au Covid-19, tout ce qui relève du divertissement est interdit. Pourtant, les casinos ont continué de fonctionner, même pendant les guerres. Et puis, pendant ces périodes de guerre, comme pendant la période de crise sanitaire que l’on connaît actuellement, il y a ce même réflexe : on songe au « monde d’après ».

© Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

Monaco, le 8 juillet 2020. Présentation du label “Monaco Safe”. De gauche à droite : La cheffe du service du Welcome Office, Laurence Garino, le ministre des affaires sociales et de la santé, Didier Gamerdinger, et Déborah Ouzemane, de la division de sécurité sanitaire et alimentaire.

Mais, finalement, c’est quoi le « monde d’après » ?

Depuis le début des années 2000, nous en sommes au troisième « monde d’après ». Il y a eu 2001, 2009 et désormais 2020. Pendant les guerres, on ne connaît évidemment pas la date de fin du conflit. Ce qui n’empêche pas les gens d’anticiper la fin des guerres, ou dans la situation actuelle, de la lutte contre un virus. Du coup, ils imaginent ce que le monde deviendra après, parce que, bien évidemment, on ne veut plus jamais connaître ça.

Comment relancer l’économie du tourisme ?

Que ce soit en période de guerre ou de crise sanitaire, le tourisme est un moyen de rapatrier le plus rapidement possible des devises. L’avantage du tourisme, c’est que c’est plus simple à relancer qu’une industrie lourde, où il faut parfois tout reconstruire. Pour relancer l’économie du tourisme, face au Covid-19, on entend beaucoup de discours sur la sécurité. Pendant les guerres, la sécurité relevait du déminage : il fallait enlever les bombes pour rassurer les gens. Pour la crise sanitaire, l’hygiène et la présence d’hôpitaux à proximité du lieu de villégiature sont aussi des atouts importants.

En tout cas, période de crise ou non, on a l’impression que le touriste est toujours mal vu, mal considéré ?

Le touriste est déconsidéré depuis le XIXème siècle. Et c’est pire encore depuis les années 1990, avec un vaste mouvement intellectuel qui a trouvé aux touristes tous les défauts. C’est aussi en lien avec l’essor du tourisme international, qui s’est beaucoup massifié. A l’échelle mondiale, de plus en plus de populations se déplacent. Avant, il y avait surtout les Occidentaux. Et puis, depuis les années 2000, les Chinois voyagent aussi. Du coup, dans les années 2010, les questions autour du surtourisme ont émergé. Il faut rappeler que pendant la crise de 2008, le tourisme est apparu comme une manière de faire du chiffre d’affaires pour faire tourner un peu l’économie. Ça a trop bien marché, et il y a eu beaucoup de touristes, et donc beaucoup de critiques. Cette situation de surtourisme a été dénoncée jusqu’en février 2020.

Il y a eu notamment l’exemple de Venise ?

Venise se plaignait ardemment de ces flux de touristes qui venaient les envahir. Maintenant que nous sommes en juin 2020 et que le déconfinement a commencé, Venise attend impatiemment ces gêneurs qui peinent à revenir. Finalement, avec le tourisme, ça ne va jamais tout à fait. C’est, bien sûr, une question d’équilibre. Chacun voudrait être le touriste unique du site qu’il visite. Et c’est toujours la pratique des autres qui est considérée comme gênante.

Il y a trop de touristes ?

Si on veut être logique, il faudrait qu’il y ait encore plus de touristes. Dans l’absolu, il n’y a que 1,5 milliard de personnes dans le monde qui voyagent, selon l’organisation mondiale du tourisme. Or, nous sommes 7,8 milliards de personnes sur la planète. Donc, la majorité des gens ne voyagent pas. Cette crise sanitaire ajoute une peur diffuse sur le fait que le touriste est devenu un vecteur potentiel de maladies, ce qui pouvait déjà être le cas avant. Car on dit que les maladies voyagent avec les hommes ou avec les animaux qu’ils transportent. Donc, dans le cadre d’une crise sanitaire, les populations locales peuvent avoir une crainte vis-à-vis des populations qui pourraient véhiculer des maladies.

Que faire, alors ?

Là encore, il y a un équilibre à trouver. Car les populations locales souhaitent autant se rassurer elles-mêmes que rassurer les autres touristes. Il y a aussi le discours autour de la capacité à pouvoir prendre en charge les malades. A Monaco, ce discours est là, comme un peu partout en Europe d’ailleurs. Dans les pays où on a moins confiance dans le système de santé, des primes sont proposées. En Ouzbékistan, le gouvernement offre 3 000 dollars aux touristes qui tombent malades du Covid-19, ce qui permet de se faire soigner ensuite dans des hôpitaux locaux.

En principauté, le 8 juillet 2020, le gouvernement a lancé un label, « Monaco Safe » (lire Monaco Hebdo n° 1160), qui garantit aux clients qui fréquenteront les établissements labellisés un environnement encore plus sécurisé sur le plan sanitaire ?

C’est de la communication, mais il y a aussi une réalité, puisque les commerçants qui obtiennent ce label en font donc un peu plus que les autres, en termes de sécurité sanitaire. Il faudra attendre la fin de la saison estivale pour connaître son efficacité exacte. L’objectif de ce genre de label, c’est de rassurer. Dans la mesure où ce label récompense les établissements qui vont au-delà des préconisations sanitaires de base fixées par le gouvernement monégasque, cela doit en effet contribuer à donner des signaux positifs aux touristes.

Ce genre de label a vraiment un effet concret sur l’acte d’achat ?

Si les professionnels se lancent pour obtenir le label « Monaco Safe », c’est qu’ils estiment que ça peut être une réponse pour rassurer la population. Mais eux-mêmes ne savent pas si c’est réellement efficace. En général, ceux qui ont ce genre de label sont inclus dans des listes, ce qui leur offre une visibilité supplémentaire par rapport aux établissements qui ne l’ont pas. Pendant la guerre, quand des opérations de déminage étaient réalisées sur des plages, là aussi on faisait de l’affichage pour le faire savoir. C’était même une course au déminage pour séduire les touristes. Dieppe a souffert d’un déminage tardif, ce qui a d’ailleurs plombé leur saison d’après-guerre.

La crise sanitaire marquera-t-elle le retour à un tourisme beaucoup plus élitiste, dans la mesure où les prix des billets d’avions pourraient augmenter, par exemple ?

C’est beaucoup trop tôt pour le dire, mais c’est tout à fait possible. On peut même imaginer que l’aviation civile européenne se transforme, et que l’on passe à un autre modèle. La moitié de la population mondiale est en Asie, donc on peut penser, à terme, que l’aviation civile se déplacera vers ces pays. D’ailleurs, c’est déjà en partie le cas. Mais si le tourisme devient plus élitiste, cela risque de mettre en difficulté l’ensemble de la profession touristique.

Pour surmonter la crise sanitaire, chaque pays essaie de relancer le tourisme ?

Ce que l’on constate actuellement, c’est effectivement une relance complète de l’activité touristique. D’ailleurs, dès avril 2020, Monaco a lancé une campagne publicitaire, intitulée « Miss You » [« Vous nous manquez » — N.D.L.R.]. Cette campagne rappelle celle de Malte, lancée au printemps 2020, et qui disait, en gros, « restez chez vous, pensez à nous, et vous viendrez plus tard ». Mais la question qui va se poser, ce n’est pas une question liée à l’élitisme.

Quelle est la question qui va se poser, alors ?

Il faut se demander combien de temps et combien d’argent chaque Etat a devant lui pour pouvoir tenir face à cette situation difficile. Car nous ne sommes pas sortis de cette crise sanitaire. Les prix des billets d’avions vont peut-être augmenter pour essayer d’équilibrer les budgets, et éviter que les comptes des compagnies aériennes ne soient trop dans le rouge.

Même Airbnb souffre ?

Lancé en août 2008, Airbnb a bousculé l’activité hôtelière. Mais aujourd’hui, cette entreprise américaine se retrouve dans une situation de crise, et a été obligée de licencier (1). Les dirigeants sont en train de réfléchir à des solutions d’hébergements « safe », avec, là encore, la mise en place d’un label sanitaire. En réponse à la crise économique de 2008, le modèle d’Airbnb a consisté à proposer d’habiter chez l’habitant. Maintenant, ce modèle va évoluer, puisqu’il s’agira désormais d’habiter chez l’habitant en sécurité. C’est la durée de la crise qui déterminera l’importance des changements opérés.

Le tourisme de masse est-il menacé de disparition ?

Le tourisme de masse n’a jamais disparu et il ne disparaîtra jamais. Il faut savoir que le tourisme de masse remonte aux années 1880-1890. Monaco est un bon exemple de cette période, où, à partir du milieu du XIXème siècle, on sortait alors de la crise du citron, et où on développait les activités touristiques, notamment avec la Société des Bains de Mer (SBM). Il y avait la volonté de développer un tourisme qui touche les grands bourgeois bien sûr, mais aussi le reste de la population. A l’époque, le réseau de chemin de fer et fluvial se développait, les frontières s’ouvraient, les routes étaient peu à peu en meilleur état… Tout cela a poussé les gens à voyager et à découvrir de nouveaux territoires dont on parlait dans la presse. Grâce à l’alphabétisation des populations en Europe, la possibilité de lire la presse a grandi. Du coup, la croissance du nombre de touristes est continue depuis le XIXème siècle. Mais cette « massification » touristique n’est pas complète.

Pourquoi ?

En France, il y a entre 30 et 40 % de la population qui ne peut pas partir en vacances, soit par manque d’argent, soit par obligations familiales. Donc on n’est pas encore dans les vacances pour tous. L’objectif de l’organisation mondiale du tourisme, c’était d’atteindre 1,8 milliard de touristes en 2030, contre 1,5 milliard juste avant la crise sanitaire.

A Monaco, l’Etat soutient de façon très volontariste le tourisme, quitte à injecter beaucoup d’argent : cela s’est déjà produit dans le passé ?

Pendant les grandes crises mondiales, il y a toujours un investissement de la part des Etats. Le tourisme est un secteur d’activité qui est perçu comme un secteur facile à relancer, et qui peut très rapidement rapporter de l’argent. Ainsi, pendant la guerre, les hôteliers figuraient parmi les premiers acteurs à être soutenus. On a fait reconstruire les hôtels le plus rapidement possible, quelquefois avant même le logement des habitants qui vivaient encore dans des baraquements. L’objectif, c’était de pouvoir accueillir le plus vite possible des touristes, et ainsi, de relancer l’économie. Pendant les crises sociales, qui, à part mai 68, ont été courtes, l’activité était peu touchée, donc c’était les investisseurs privés qui prenaient tout en charge. Pour les crises sanitaires, l’investissement pour la relance peut aussi consister à faire la promotion d’une destination. En 2016, pendant Ebola, la Sierra Leone a investi beaucoup d’argent pour faire de la publicité autour de sa destination, car son secteur touristique qui était émergent, et qui sortait donc d’une période délicate, avait besoin de soutien.

L’été 2020 sera très spécial : les vacances d’été créent un imaginaire particulier ?

L’imaginaire sera davantage centré sur le printemps 2020, pendant lequel il y a eu un désir et un besoin de vacances. Cela a nourri les réflexions pour cet été 2020. Dans le tourisme, la période avant le voyage compte beaucoup. C’est donc sans doute cette période qui a été la plus fructueuse pour songer à l’été 2020.

Que représente l’été dans l’imaginaire collectif ?

Enormément de choses, dans la mesure où les vacances d’été sont des vacances qui correspondent aux grandes vacances scolaires. C’est un moment où toute la famille peut se rassembler et partager des moments en commun. Avec la recomposition des familles, beaucoup de psychologues estiment que, dans les années 2010-2020, il y a deux grands moments pendant lesquels les familles peuvent se retrouver. Il y a le moment du repas, qui a commencé à se déliter dans les années 2010. Et il y a les grandes vacances. Donc, pour beaucoup de gens, les vacances d’été c’est se retrouver en famille, ensemble, dans un autre cadre, qui s’éloigne du quotidien. C’est ce qui donne une aura un peu particulière aux vacances d’été. Alors que les vacances d’hiver sont davantage perçues comme un moment d’activités, souvent sportives, avec les vacances à la montagne notamment.

L’été 2020 pourrait marquer l’histoire comme l’a fait l’été 1936, qui marque la généralisation des congés payés en France ?

Il peut, en effet, y avoir un imaginaire de ce type-là. Mais là, on est dans ce que les historiens appellent un « événement ». Un événement, c’est un fait historique que l’on utilise politiquement. Le sociologue Jean Viard parle ainsi des « magiciens de l’été 1936 ». Car, en fait, très peu de personnes ont pris des vacances en 1936, puisque le texte de loi est arrivé en juin 1936. Or, pour prendre des vacances, il faut avoir eu le temps d’économiser un peu d’argent… En fait, en 1936 des gens sont partis en vacances, mais comme ils le faisaient en 1935 ou en 1934. Si 1936 est donc marquée par la généralisation des congés payés, une grande partie des salariés avaient déjà des congés payés. De plus, à l’époque, la moitié de la population française travaillait dans l’agriculture, et n’était donc pas concernée par les congés payés de 1936.

Actuellement, Monaco est presque vidé de ses touristes étrangers : cela aura quel effet sur le rapport que nous avons aux autres ?

Cela va dépendre de la durée de la crise. On est un peu comme dans une avant-saison : on est dans une période où on attend les touristes étrangers. Cette situation s’est déjà produite à l’occasion de la Première Guerre mondiale, avec les Sud-Américains qui venaient très souvent passer une période de l’année dans les stations européennes, notamment à Deauville et à Biarritz. Mais avec la guerre sous-marine allemande, les paquebots sud-américains ne sont plus venus en Europe. En Argentine, les bourgeois de Buenos Aires sont donc allés dans la station balnéaire de Mar del Plata, une toute petite ville de la province de Buenos Aires. Résultat, aujourd’hui, Mar del Plata est devenue énorme, c’est même devenu un lieu de tourisme de masse. C’est donc ce moment qui a permis de véritablement lancer cette station balnéaire. Une fois la guerre terminée, certains de ces touristes sont revenus en Europe, mais ce n’étaient plus les voyageurs réguliers que l’on pouvait avoir sur la Côte d’Azur, à Biarritz ou à Deauville. Or, il faut savoir que dans les années 1920-1930, la saison hivernale sur la Riviera française était encore plus lucrative que la saison estivale.

Dans ce contexte, que restera-t-il de cet été 2020 ?

Sans doute le souvenir d’avoir pu partir en vacances, alors que la crainte de devoir rester à la maison était forte. On se dira aussi que, malgré les crises sanitaires, on peut encore voyager. Et que l’on est encore « vivant ».

1) Le 4 mai 2020, Airbnb a annoncé qu’il allait licencier 1 900 salariés, soit 25 % de ses effectifs. Créé en 2008 à San Francisco par Brian Chesky et Joe Gebbia, Airbnb a annoncé que pour 2020, son chiffre d’affaires devrait être divisé par deux par rapport à l’an dernier. En 2019, le chiffre d’affaires de cette entreprise a été estimé à 4,8 milliards de dollars.

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