mercredi 24 avril 2024
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Antonio Caroli : « Il n’y aura pas de problème »

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Le représentant de la société en charge du projet du quartier de l’Esplanade, Antonio Caroli, répond aux inquiétudes de l’Automobile Club de Monaco sur la compatibilité entre ce projet et le TV compound du Grand Prix de Monaco.

Michel Boeri, président de l’Automobile Club, de Monaco (ACM) a déclaré que le projet du quartier de l’Esplanade des Pêcheurs met en danger le Grand Prix de Monaco : quelle est votre position sur ce sujet ?

Avant tout autre commentaire, je tiens à préciser que j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour tous les bénévoles de l’ACM, car leur travail permet depuis des décennies le bon déroulement d’un événement comme le Grand Prix de Monaco. Ce qui peut être vu comme un exploit, compte tenu des difficultés que l’organisation d’un tel événement représente dans une ville comme Monaco. Personne ne laissera croire que quiconque peut le mettre en danger. Nos solutions vont plutôt dans le sens de le pérenniser.

 

Mais Michel Boeri a déclaré que la surface mise à la disposition du TV Compound indispensable à l’organisation du Grand Prix était insuffisante dans le cadre de ce nouveau quartier sur le port ?

Les surfaces mises à disposition sont de 4 330 m2 pour le TV Compound et de 875 m2 pour les pneumatiques, soit un total de 5 205 m2. Ces surfaces sont nettement supérieures à celles demandées initialement (2 700-3 000 m2), et même aux 4 000 m2 (y compris catering et sanitaires) et aux 450 m2 des pneumatiques réclamés aujourd’hui : il n’y a donc évidemment pas de problème.

 

Alors pour quelles raisons Michel Boeri n’est pas satisfait ?

Je ne connais pas ses raisons, qui doivent être sûrement valables, mais qui ne sont pas celles évoquées.

 

Et la solution alternative du parking des Pêcheurs ?

C’est une solution suggérée par Michel Boeri et ses services lors de nos rencontres, qui nous semble être très valable, mais que nous n’avons pas à juger. Ce qui est curieux, c’est qu’après avoir proposé cette solution, l’ACM estime que cette alternative présente une distance inacceptable du circuit, alors que la distance entre l’actuel TV Compound sur le terre-plein de l’Esplanade des Pêcheurs et l’entrée du parking des Pêcheurs est seulement de quelques dizaines de mètres. D’autre part la nouvelle localisation du TV Compound, soit sur la nouvelle esplanade du projet, soit au parking des Pêcheurs ou ailleurs, est de nature à pérenniser cet élément du Grand Prix. Il ne serait pas judicieux de continuer sur une affectation provisoire d’un terre-plein destiné tôt ou tard à être utilisé. Cette pérennisation représente un véritable avantage, et non un inconvénient.

 

Donc comme l’a dit le Ministre d’Etat, Serge Telle, le Grand Prix n’est vraiment pas en danger ?

Bien sûr que non ! Et de notre côté, nous sommes prêts à étudier toute autre solution opérationnelle nécessaire. Je n’ai aucun doute, je suis certain qu’avec la bonne volonté de tout le monde, les éventuels ajustements seront trouvés. Nous sommes dans un état d’esprit positif et constructif.

 

Pourquoi vous réagissez seulement maintenant ?

Parce que je considère que cet alarmisme injustifié livré pendant que l’œil du monde était rivé sur le Grand Prix 2016, ne rend pas un bon service, ni au Grand Prix lui-même, ni à la Principauté. C’est pour ces raisons que j’ai décidé de m’expliquer seulement maintenant, calmement et sereinement, quand les discussions redeviennent plus « régionales ».

 

Vous pouvez donc assurer de façon définitive que le projet est bien compatible avec le Grand Prix ?

Complètement ! Je souhaite rappeler qu’il s’agit d’un projet réfléchi, qui est le fruit d’un accord de longue date entre l’État et ma société, afin de requalifier une zone actuellement inexploitée, pour la mettre à la disposition des Monégasques, des résidents, des professionnels du port et des touristes. Il s’agit de créer un nouveau centre destiné à accroître l’attractivité de la Principauté et à compléter la nouvelle esthétique du port, en face du nouveau Yacht Club.

 

Qu’est-ce qui est prévu exactement ?

Autour de la future esplanade deux musées sont prévus : le musée de l’Homme et de la Mer, avec les expositions de Franck Goddio, et le musée Grimaldi. Mais aussi des restaurants, des commerces, des bureaux, des liaisons avec le parking de la digue et avec le Rocher. L’ensemble est destiné aux domaines de l’Etat, sauf la partie de l’immeuble réservée aux logements privés qui permettra ainsi le financement de l’opération, sans aucune charge financière pour l’Etat.

 

Ce projet a été accueilli de quelle façon ?

J’ai la satisfaction d’avoir constaté que sur la qualité du projet, la quasi-totalité des réactions, locales et internationales, ont été très positives. Cela grâce au travail de tous les participants, à commencer par les architectes Ricciotti et Notari, les ingénieurs, les géotechniciens et les spécialistes de l’environnement. Sans oublier l’apport des services de l’Etat : l’Administration des Domaines, la Direction de la Prospective, de l’Urbanisme et de la Mobilité (DPUM) et les service des Travaux Publics.

 

C’est un projet très technique ?

Le projet est techniquement très complexe car il repose sur des fondations profondes, jusqu’à 70 mètres. Il y a aussi la grande portée de la couverture du musée qui est un autre point délicat. Ce projet a dû franchir toutes les difficultés liées à l’utilisation actuelle du terre-plein avec la pleine collaboration de la Société d’Exploitation des Ports de Monaco (SEPM), de la Direction de l’Aménagement Urbain (DAU) et des compagnies concessionnaires.

 

C’est un dossier important pour Monaco ?

Indépendamment des querelles plus ou moins motivées qui ne durent pas, les ouvrages restent et marqueront la Principauté dans les années à venir. Leur beauté et leur performance urbanistique sont les aspects les plus importants. Ne l’oublions pas. J’opère depuis plus de 40 ans en Principauté, avec à mon actif plusieurs dizaines d’immeubles construits. Et je suis très fier de ce projet qui permettra de réaliser des ouvrages indéniablement significatifs pour l’image de la Principauté.

 

Ce projet nécessite une loi de désaffectation de la part du Conseil national ?

Effectivement, c’est ce que prévoit la constitution. Et bien évidement, nous sommes très respectueux des prérogatives des élus du Conseil national.

 

Où en est le permis de construire ?

L’autorisation de construire ne pourra être délivrée qu’après le vote de la loi de désaffectation.

 

Quel est le calendrier prévu pour ce projet ?

Nous présenterons la demande du permis dans quelques jours sous sa forme modificative, car la hauteur de l’immeuble a été fortement diminuée par rapport au premier projet. On espère donc un démarrage des travaux pour la fin de l’année ou pour le tout début de l’année prochaine. La durée des travaux sera d’environ quatre ans et demi, avec une première partie dédiée aux fondations profondes.