mercredi 24 avril 2024
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Bus : les usagers se fidélisent davantage

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Au 1er juin 2012, la Compagnie des autobus de Monaco lançait une nouvelle grille tarifaire et modernisait ses arrêts. Bilan après la première année d’exploitation.

Une année a passé depuis le lancement de la campagne de la modernisation de la Compagnie des autobus de Monaco et des nouveaux tarifs qui l’ont accompagnée. Au printemps 2012, la CAM et le gouvernement avaient dû faire face à une vague d’indignation de la part des usagers et des mouvements politiques monégasques. De l’ambitieux projet de renouveau de la CAM, une seule mesure — et quelle mesure — avait marqué l’opinion publique. Après cinq ans sans majoration, au 1er juin 2012, le ticket de bus passait d’1 à 2 euros à bord et était disponible à 1,50 euro aux distributeurs ainsi que sur Internet. Le caractère subit de cette hausse avait eu beaucoup de mal à passer. L’Union pour la Principauté, notamment, synthétisait le mécontentement général en une formule : « Le non-abonné devra désormais dépenser deux euros pour faire le port-la place du Casino quand il suffit d’un euro pour traverser toutes les Alpes-Maritimes (1,50 euro aujourd’hui, N.D.L.R.) ». Le prince Albert II estimait même, au cours d’un point presse estival, que le gouvernement avait « fort mal évolué l’impact psychologique de cette mesure. »

Une tendance européenne
Juillet 2013 s’achève et pour les usagers nostalgiques, toute illusion semble vaine. Le ticket ne redescendra pas à un euro. La CAM rappelle que ce ne sont pas les usagers locaux qui ont été visés par cette augmentation mais les touristes et qu’elle s’est alignée sur une tendance européenne. L’institution assure également que le ticket unique est de plus en plus délaissé au profit des pass journée. « Quand un touriste arrive en principauté, il est déjà bien informé et prend un pass journée plutôt qu’un ticket. Dans les pays du Nord, le prix du ticket est à 2 euros. A Paris aussi et on n’inclut pas les correspondances éventuelles. A Lyon, c’est 1,60 aux bornes. Le ticket de bus dans le département des Alpes-Maritimes va également augmenter », indique le directeur d’exploitation de la Compagnie des autobus de Monaco, Roland De Rechniewski. Reste que les bornes de distribution, où les tickets sont à 1,50 euro et où le nombre de voyages est multiplié par deux sur les cartes pour le même prix que celles payées à bord du bus, ne sont pas disponibles partout en principauté. Un dispositif qui couvrirait l’ensemble du réseau serait néanmoins disproportionné. « A ce jour, il y a dix distributeurs de tickets, implantés dans les endroits les plus fréquentés de Monaco. On prévoit d’en mettre quatre supplémentaires au moins. Les arrêts Casino « Allées Lumières », Jardin Exotique, Saint-Roman et Crémaillère sont potentiellement concernés. Il s’agit de développer le nombre de distributeurs en tenant compte des besoins des usagers même s’il paraît difficile d’équiper tous les arrêts. Nous recherchons la couverture la plus adaptée du territoire », affirme Christian Palmaro, chef du service des titres de circulation.

Abonnements « sans comparaison au niveau européen »
De la modernisation de la CAM, la nouvelle grille d’abonnements fut d’abord la grande oubliée en raison du focus du public sur le passage du ticket à 2 euros dans les bus. Mais le coup d’œil est nécessaire aujourd’hui pour tout usager régulier. « Lorsqu’en 2006, le gouvernement a eu la volonté de développer le service de la CAM, cela s’inscrivait dans le développement d’une politique de mobilité en faveur des transports en commun, avec également l’achat de 5 rames de TER. Le prix du ticket unique, qui était de 1,50 euro, a été abaissé à 1 euro, avec pour conséquence une hausse de la fréquentation. Le gouvernement a par la suite ajusté les tarifs avec un prix du ticket de 1,50 euro au distributeur et 2 euros dans les bus, et une offre d’abonnements qui a séduit les utilisateurs réguliers. Il est important de rappeler que cette grille tarifaire a accompagné la modernisation des services de la CAM », explique Christian Palmaro.
En clair, les clients ont pu goûter à la qualité du service fourni par la CAM pendant cinq ans et la hausse était destinée à distinguer les usagers locaux, pour les fidéliser au travers d’abonnements, des touristes, présents ponctuellement à Monaco. Pour Christian Palmaro, l’objectif est en passe de se remplir puisqu’« on note un transfert des abonnements de courte durée vers les formules trimestrielle ou annuelle, signe d’une fidélisation de la clientèle. » « Les trois-quarts du coût des abonnements sont pris en charge par l’Etat monégasque. Lorsque vous prenez un abonnement mensuel ou annuel, le trajet vous revient en moyenne à 40 centimes d’euros. Pour les scolaires, c’est 30 centimes. Ces tarifs défient toute concurrence, soutient Roland de Rechniewski. La grille tarifaire a été adaptée aux profils des usagers (TER/Parkings + Bus, scolaires, gratuité à partir de 60 ans,…). Ils sont sans comparaison au niveau européen. »
« Monaco comme Strasbourg »
Sur un plan pratique, la CAM a optimisé son fonctionnement. Grâce à la modification de certains itinéraires, comme à Fontvieille, la compagnie a enregistré une baisse de 30 % du nombre de kilomètres perdus l’an dernier. « Nous avons moins de retards qu’en 2012, complété le nombre d’informations aux arrêts et affiché de nouveaux plans », listent Roland de Rechniewski et Christian Palmaro. Autres motifs de satisfaction pour les deux hommes : la cadence et la couverture de Monaco. « Il y a en moyenne un arrêt tous les 300 mètres. Sur les lignes 1,2 et 6, il y a un bus toutes les 8 minutes 30. 80 % des usagers les empruntent. Les lignes 4 et 5 sur lesquelles la fréquentation est plus locale. Un bus passe toutes les 11/12 minutes en moyenne. La ligne 4 St Roman/Place d’Armes est la ligne qui a le plus progressé », développe Roland de Rechniewski. Le nombre de voyages par habitant en Principauté s’élève à 223 par an, un ratio comparable à « une ville comme Strasbourg » et « bien supérieur à la moyenne des villes de plus de 250 000 habitants » (155 voyages par an et par habitant).

Un nouveau service de nuit
Côté projets, pas de nouvelle ligne en vue pour la CAM. En revanche, le bus de nuit va connaître quelques modifications au niveau du trajet et du cadencement. « Nous allons tenter de prendre en compte les demandes des salariés de nuit. Il existe une forte demande pour que les horaires soient plus adaptés le soir », précisent les deux hommes. L’autre innovation principale sera visible sur les smartphones. Un système d’information en temps réel va être lancé « d’ici fin 2013 ». « Les usagers pourront voir à quel moment précis le bus va arriver », résume Roland de Rechniewski. Aussi la CAM envisage-t-elle d’étoffer son offre « écolo ». Elle fait déjà circuler des bus propres, un bateau-bus électrique et a mis à disposition des usagers des vélos électriques en libre-service depuis mai 2013. C’est sur ce dernier rayon que la voilure devrait prochainement augmenter. « Le bilan est satisfaisant. Nous avons cinq à six stations de plus cette année. C’est un système complémentaire du bus. Celle du boulevard des Moulins est la plus utilisée. Elle représente 15 % du trafic. Viennent ensuite celles de Fontvieille et du boulevard de Belgique. A terme, nous prévoyons un réseau complet de 20 stations. Nous avons battu début juillet le record d’utilisations en une journée, avec 200 trajets pour cinquante vélos. » Ce service dénombre 300 abonnés. Christian Palmaro « encourage ceux qui le souhaitent à s’inscrire auprès de la CAM ». Avis donc aux Chris Froome en herbe, désireux de relier leur domicile à leur travail.

La CAM en quelques chiffres

• 1 350 000 kilomètres par an
• 850 départs par jour
• 41 véhicules de transport
• 125 salariés
• Attente moyenne : moins de 4 minutes 30 (en semaine lignes 1, 2 & 6), selon la CAM
• 7 500 000 passagers en 2012 dont plus de 55 000 sur les lignes de soirée et de nuit et 120 000 sur le Bateau-Bus