Pas vraiment de travaux, à part un coup de blanc, mais un nouveau concept pour la réouverture. La Villa Sauber frappe fort d’entrée avec une expo troublante de Yinka Shonibare MBE.
La villa Sauber avait besoin d’être dépoussiérée, et on pouvait compter sur Marie-Claude Beaud, la directrice du nouveau musée national de Monaco (NMNM), pour lui donner un coup de fouet. Son leitmotiv : « Est-ce qu’on a des chefs d’œuvre en boîte qu’on ne montre pas ou une collection sans intérêt ? Pas du tout ! La force de Monaco, ce sont les arts du spectacle, la rue et la vie ici sont un spectacle permanent ». C’est pourquoi désormais la Villa Sauber, inaugurée le 8 juin dernier, sera dédiée au thème « art et spectacle », avec un format d’exposition baptisé “Looking up…”
Relecture des collections
La genèse de cette nouvelle notion muséale en Principauté ? Marie-Claude Beaud, l’explique : « Avec Nathalie Rosticher Giordano, conservatrice du patrimoine, nous nous demandions comment mettre en lumière toute la richesse de notre collection. C’est elle qui a trouvé le terme Looking Up, qui veut dire regarder en l’air, augmenter, élargir la vision. » Ce qui passe bien évidemment par l’invitation de créateurs contemporains. Et pour la conservatrice, pas de doute : « J’ai tout de suite pensé que Yinka Shonibare MBE était l’artiste qu’il nous fallait pour réaliser le premier travail de relecture des collections du NMNM. »
“Il y a une logique, ça se lit incroyablement bien”
La directrice s’enthousiasme du résultat : « Tout est en lien. Il y a une logique, ça se lit incroyablement bien ! Les collections de Jean-François Bosio, cet artiste monégasque du début du XIXème siècle, répondent de façon étonnante au Diary of a victorian dandy, série de photographies retraçant le quotidien de la société britannique victorienne, avec comme personnage central un africain : Yinka Shonibare MBE lui-même ! » Pour Marie-Claude Beaud, cet effet miroir amène à l’introspection : « Il y a une réflexion profonde sur le colonialisme ; tellement subtile, qu’elle nous renvoie à notre propre image et à nos rapports aux autres. On s’interroge sur ce que l’on serait nous, dans une situation identique. »
Faire revivre le musée national
Mais avant tout, le but affiché de Marie-Claude Beaud est de faire revenir le public monégasque au musée national. Ce qui permettra, par la même occasion, de montrer les dernières acquisitions du NMNM : « Nous avons acheté la série photographique et le film sur Odile/Odette, personnage central du Lac des Cygnes ainsi que la maquette du radeau de la méduse et son tirage photo. Toutes ces œuvres de Yinka Shonibare MBE rentrent dans notre collection », surenchérit la directrice du musée. Bref, Marie-Claude Beaud ne manque pas de projets. Elle compte bien, notamment, relancer l’idée de gagner 3 000 m2 de salles sous les jardins de la Villa Sauber.
