vendredi 26 avril 2024
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Mythique Marlene Dietrich

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L’artiste italien Francesco Vezzoli retrace à la Villa Sauber son travail consacré à l’actrice Marlene Dietrich sur plus de quinze ans. Villa Marlene propose un parcours fictionnel dans une demeure qui aurait pu accueillir cette icône du cinéma, décorée notamment de portraits à son effigie.

L’empreinte de l’actrice et chanteuse allemande Marlene Dietrich (1901-1992) est encore bien présente, 24 ans après son décès. Née à Berlin en 1901, elle se tourne vers une carrière d’actrice dans les années 20. Assez rapidement, Dietrich se distingue et se fait repérer par les studios hollywoodiens de la Paramount qui propulsent la jeune Allemande vers une carrière de star internationale : Angel d’Ernst Lubitch (1892-1947) en 1937, La Belle Ensorceleuse de René Clair (1898-1981) en 1941, La Scandaleuse de Berlin de Billy Wilder (1906-2002) en 1948, L’Ange des Maudits de Fritz Lang (1890-1976) en 1952, Le Grand Alibi d’Alfred Hitchcock (1899-1980) en 1950 ou La Soif du Mal d’Orson Welles (1915-1985) en 1959. Naturalisée américaine, elle décède en 1992, dans le huitième arrondissement de Paris. Elle aura autant marqué le public par son élégance que par son engagement contre le nazisme. C’est ce mythe que cherche à évoquer l’artiste Francesco Vezzoli, avec son projet Villa Marlene au sein de la Villa Sauber du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) jusqu’au 11 septembre.

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« Diva »
Le projet conçu par Vezzoli retrace son travail consacré à Marlene Dietrich sur plus de quinze ans. Le parcours imaginé permet de cheminer entre nouvelles productions réalisées spécialement pour l’exposition et des œuvres présentes dans de grandes collections particulières. « L’artiste crée ici une mise en scène fantasmée de la vie de cette diva et en avertit le spectateur dès son arrivée » préviennent les organisateurs. Vezzoli rend sa valeur d’usage et ses prétendus décors d’origine dans l’une des dernières villas Belle Époque de Monaco. Une exposition assez épurée où toutes les pièces de la maison sont ré-agencées et « se voient ornées de tableaux, affiches, films et sculptures à l’effigie de l’actrice, affirmant son statut d’icône glamour ». Né à Brescia en 1971, Francesco Vezzoli vit et travaille à Milan. Il a étudié à la Central Saint Martin’s School of Art de Londres de 1992 à 1995. Depuis, son travail a été l’objet de nombreuses expositions personnelles dans des institutions publiques et privées à New York, Milan, Paris, Moscou ou Los Angeles. Il a aussi participé à de nombreuses biennales, dont celles d’Istanbul en 1999, Venise en 2001, 2005 et 2007, Liverpool en 2002, Sao Paulo en 2004 et Prague en 2005.

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« Narcissisme »
A Monaco, le commissaire de l’exposition est Cristiano Raimondi, bras droit de Marie-Claude Beaud, la directrice du NMNM. Ouverte au public à l’occasion de la première nuit blanche monégasque le 29 avril, l’exposition Villa Marlene a attiré la foule. « Je prends possession de cette villa afin de la transformer en un musée de reliques commémoratives. Evidemment, tout est faux, mais c’est comme si tout était vrai. Je veux jouer sur cette idée de glissement, comme auraient pu le faire les situationnistes » explique Francesco Vezzoli. D’après les experts, Dietrich aurait par exemple été amatrice du travail de l’artiste peintre et sculpteur suisse, Alberto Giacometti (1901-1966). « Vezzoli a ainsi imaginé que l’actrice, dans un soudain excès de narcissisme, aurait décidé de commander aux plus grands artistes de son temps des œuvres dont elle serait l’unique modèle. Réalisés par des copistes, les portraits dans les styles de Modigliani, Matisse, De Chirico, Magritte ou encore De Lempicka se succèdent ainsi dans les différentes pièces de la demeure », expliquent les organisateurs.
« Séduction »
À travers son travail, Vezzoli cherche à imiter les formats de différents médias, comme la publicité ou le film. « Il fait part de ses préoccupations actuelles que sont l’ambiguïté profonde de la notion de vérité, le pouvoir de séduction du langage, et l’instabilité de l’être humain. » Enfin, l’artiste italien présente sa vidéo Marlene Redux qu’il a créée en 2006. Un court métrage qui s’inspire à la fois du documentaire sur l’actrice réalisé par Maximilian Schell et de la série américaine A True Hollywood Story. « Entre fausses interviews et extraits de films inexistants, on découvre, de manière ironique et romancée, la vie de Francesco Vezzoli, jeune artiste cherchant à s’affirmer à Hollywood à travers un “mocumentaire” dans lequel il imagine un lien hypothétique entre Marlene Dietrich et Anni Albers, qui sont d’après lui, les deux femmes les plus engagées et combattives de cette époque » soulignent les organisateurs de cette exposition à ne pas rater.

Infos pratiques : Jusqu’au 11 septembre 2016 à la Villa Sauber, 27 avenue Princesse Grace. Tous les jours de 11h à 19h. Tarif : 6 euros. Contact : +377 98 98 91 26 ou www.nmnm.mc.