mardi 23 avril 2024
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Les arts élisent domicile

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Ateliers d'Artistes
© Photo D.R.

Dans quelques semaines, Monaco va mettre à disposition ses ateliers d’artistes situées sur le port. Occupés par le passé par des stars de l’Art telles Arman, ils seront désormais alloués gratuitement par un jury d’experts.

Par Romain Renner.

«On ne confiera pas les résidences à des artistes mais à des projets ». Jean-Charles Curau, directeur de la direction des affaires culturelles (DAC), pose d’entrée les conditions d’accès aux résidences d’artistes. Bientôt mises à disposition par l’Etat monégasque, celles-ci ne seront pas attribuées sur un nom ou une réputation, mais à des artistes qui exposeront clairement un projet. « La durée de bail n’excédera pas quelques mois voire un an au grand maximum », prévient le directeur. Les artistes devront travailler dans un laps de temps défini, imposé par la réalisation de leurs projets. Quant aux sites, Jean-Charles Curau tient à préciser qu’« il ne s’agit en aucun cas de lieux d’hébergement mais d’ateliers ».

Dans quelques semaines, la commission d’experts sélectionnés pour l’occasion donnera les noms des premiers artistes choisis pour occuper les quatre résidences mises à disposition par la DAC. « Le temps de mettre en place un règlement et de préparer les budgets de financement, puisque les artistes profiteront des lieux gratuitement », ajoute Jean-Charles Curau.

Pour qui??

Ces ateliers seront-ils attribués en priorité aux artistes monégasques?? C’est le souhait de Bernard Marquet, président de la commission culture du conseil national, qui espère que le jury « favorisera l’accès aux résidences d’artistes aux Monégasques ». Une idée que rejette Jean-Charles Curau, pour qui il n’est pas question d’appliquer la préférence nationale. Estimant de toute façon que « la rotation des occupants devrait permettre d’accueillir des Monégasques ». Une position que partage le peintre Claude Rosticher. Même s’il espère que les « jeunes artistes de la région pourront profiter de ces ateliers », le pétitionnaire qui s’est érigé contre la démolition du Sporting d’hiver considère que « le talent doit primer avant toute chose ». Claude Rosticher, qui dispose déjà de locaux sur la Côte, ne compte d’ailleurs pas postuler. Sauf s’il propose un projet au jury qui « nécessiterait une installation à Monaco ».

Patrice Woolley, artiste multi-supports, considère, lui, que le principe des résidences attribuées par un jury n’est pas le bon pour promouvoir l’art en principauté. « Ils veulent déterminer qui est artiste et qui ne l’est pas alors qu’ils n’en ont pas les compétences », dénonce l’auteur de BD. Avant d’ajouter?: « Il n’est pas cohérent de demander un projet à un artiste alors que celui-ci n’en a pas forcément et peut n’avoir pour seul but que la volonté d’exercer son art ».

Des artistes remontés

Selon Patrice Woolley, Monaco aurait tout intérêt à « reprendre le principe de la villa Arson, à Nice, en allouant des espaces libres pour les artistes qui pourraient venir y travailler quand bon leur semble ». Il rappelle également les difficultés qu’ont les associations à trouver des locaux. « Au-dessus de la Condamine, il y a 200 m2 libres que l’on voudrait utiliser et que la mairie continue de nous refuser », s’offusque-t-il. Une affirmation que réfute la mairie selon laquelle « l’appel à candidatures pour l’attribution de cet espace ne sera lancé que dans le courant du mois de mars. » Pour la mairie, il n’y aurait d’ailleurs « jamais eu de demande officielle » faite par des associations d’artistes pour profiter des lieux. Pas de quoi rassurer Patrice Woolley, très remonté contre la politique culturelle de la principauté, qui assène que s’il avait un projet, il irait le présenter « ailleurs qu’à Monaco »