L’institut audiovisuel de Monaco présente sa nouvelle exposition au sein de son cabinet des curiosités jusqu’à la fin de l’année 2023. On y découvre toute une série d’images tournées à Monaco entre 1925 et 1970, au format 9,5 mm.
C’est comme une madeleine de Proust. La nouvelle exposition au cabinet des curiosités de l’institut audiovisuel de Monaco, sur le Pathé-Baby et le format 9,5 mm, est un véritable voyage dans le passé, qui plonge le spectateur dans la principauté des années 1920, jusqu’aux années 1970. À partir d’images d’archives et de matériels d’époque obtenus en partenariat avec la fondation Jérôme Seydoux-Pathé, on en apprend un peu plus sur la vie quotidienne du Monaco d’hier, qui n’a pas autant changé qu’on l’imagine parfois. Au-delà de l’aspect technique de l’exposition et des petits bijoux de technologie du siècle dernier qui raviront les “geeks” de l’audiovisuel et de la prise d’image, ce sont aussi des faits de société auxquels on se retrouve mêlé, ainsi qu’une aventure entrepreneuriale.
Au-delà de l’aspect technique de l’exposition et des petits bijoux de technologie du siècle dernier qui raviront les “geeks” de l’audiovisuel et de la prise d’image, ce sont aussi des faits de société auxquels on se retrouve mêlé, ainsi qu’une aventure entrepreneuriale
Le voyage commence en effet en 1922, année de commercialisation par Charles Pathé du premier modèle de Pathé-Baby, un petit projecteur qui fait alors office de cinéma de salon. Les salles obscures n’ayant pas bonne presse à cette époque, car jugées trop populaires et pas assez familiales, l’idée était de capter le marché domestique, tout en redonnant vie aux films Pathé déjà sortis au cinéma.
“Home cinema”
Pathé commercialise en effet des petits films muets à partir de son catalogue. Pour les rendre accessibles aux foyers, les bandes sont transférées sur des bobines de 9,5 mm, plus petites que les bobines traditionnelles. Ce Pathé-Baby, visible au sein de cette exposition, située boulevard du Jardin Exotique, était facile d’usage, avec une manivelle, et pas inaccessible en termes de prix. Les prémices du cinéma à la carte, de “home cinema”, comme « l’ancêtre de Netflix », aime le dire Estelle Macé, responsable de l’action culturelle de l’institut audiovisuel, et commissaire de l’exposition avec Vincent Vatrican, son directeur.
À Monaco, on pouvait se procurer ce cinéma de salon chez quatre commerçants, notamment chez Joseph Tournay et sa boutique Riviera Photo, qui existe toujours, au 22 bis, rue Grimaldi
Sur sa lancée, l’année suivante, Pathé a poussé la logique de cinéma en modèle réduit jusqu’à commercialiser une caméra qui tenait dans la poche et qui permettait, toujours avec ces fameuses bobines de 9,5 mm, de filmer des petites séquences pour les projeter ensuite à domicile, comme on le fait aujourd’hui avec son smartphone. À Monaco, on pouvait se procurer ce cinéma de salon chez quatre commerçants, notamment chez Joseph Tournay et sa boutique Riviera Photo, qui existe toujours, au 22 bis, rue Grimaldi. Ce violoniste de l’orchestre de Monte-Carlo, qui tient l’affiche de cette exposition, était passionné de photographie. Si bien que ce sont en grande partie ses images que l’on retrouve au cabinet des curiosités, rendues accessibles par son petit-fils, José Badia, qui les a déposées à l’institut audiovisuel.
Dans ce voyage dans le temps, qui redonne des couleurs à l’âme monégasque, on se balade place du Casino, le long du port Hercule, et au Monte-Carlo Beach. On reconnaît des rues, sous un autre angle, on y retrouve des façades disparues, et d’autres en construction, comme de longues photographies vivantes qui nous surprennent d’être aussi nettes. Cette chaleur si singulière aux images tournées au 9,5 mm a ravi tellement de chasseurs d’images que des passionnés tournent encore avec ce type de pellicule selon Estelle Macé — en témoigne le magazine Ciné 9,5 — pour le plaisir de bricoler de la bobine, et de croquer un morceau de nostalgie. Cette exposition, qui célèbre le centenaire du Pathé-Baby, en offre un sympathique résumé.
Informations pratiques : le Pathé-Baby et les films en 9,5 mm sont à voir à l’institut audiovisuel, 83-85, boulevard du Jardin Exotique, jusqu’au 29 décembre 2023. Du lundi au vendredi de 10 heures à 17 h 30. Entrée libre.
