samedi 20 avril 2024
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Yakuba Ouattara : « Ça reste une bonne saison, malgré tout »

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Véritable « homme de l’ombre » de l’ASM Basket, Yakuba Ouattara s’est confié à Monaco Hebdo au lendemain de la défaite en finale du championnat de France. L’arrière international, qui participera début juillet 2022 aux qualifications pour la Coupe du monde 2023 avec l’équipe de France, évoque sans détour la saison de la Roca Team, mais aussi son avenir, qu’il verrait bien s’écrire en principauté. Interview.

Dans quel état d’esprit êtes-vous deux jours (1) après cette défaite face à l’ASVEL, en finale du championnat de France ?

Forcément, il y a toujours un peu de frustration. Cette défaite fait mal, c’est un vrai coup dur. Ce n’est pas quelque chose que l’on digère aussi rapidement.

Quelle analyse faites-vous de cette finale ?

Ça a été une très grosse série. Les deux équipes se sont battues jusqu’au bout. Il y a eu des moments clés, où nous aurions pu terminer la série plus tôt si nous avions montré un autre visage. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Et au final, nous perdons sur des petits détails. La frontière entre la victoire et la défaite était vraiment très fine.

Quel a été, selon vous, le tournant de cette série ?

Pour moi, le tournant de cette finale reste le match 4 à domicile [perdu par l’ASM (68-85) – NDLR]. Nous avions tout bien fait avant, nous avions récupéré l’avantage du terrain, nous étions sur une bonne dynamique puisque nous venions de gagner le match 3. Ce match 4 était LE match à ne pas louper.

« Il est vrai que nous avons eu plusieurs visages cette saison. Malheureusement, nous étions capables du meilleur, comme du pire »

Comment expliquez-vous cette défaite à domicile, alors que vous étiez soutenus par votre public ?

Ce que nous avons proposé en termes de jeu était insuffisant. Défensivement, nous n’avons pas su répondre à l’agressivité de l’ASVEL. Et offensivement, nous n’avons pas été suffisamment collectifs. À chaque fois que nous avons joué de cette manière cette saison, nous l’avons payé cher. Et ça a encore été le cas au cours de cette finale.

Monaco a souvent flanché à des moments décisifs cette saison, pourquoi ?

Je ne sais pas comment l’expliquer, mais il est vrai que nous avons eu plusieurs visages cette saison. Malheureusement, nous étions capables du meilleur comme du pire. Lors de ce match 4, nous n’avons pas montré le visage que nous souhaitions. Je ne sais pas comment on peut être aussi bon par moments, et vraiment être moyen à d’autres moments.

Que vous a dit le coach à l’issue du match, samedi ?

Le coach ne nous a pas dit grand-chose. Nous étions tous abattus. En revanche, le président a pris la parole pour tous nous remercier pour cette saison, et pour nous soutenir malgré la défaite.

« [Concernant son avenir] Pour l’instant, je ne sais pas encore. Mais en tout cas, j’en ai envie [de rester — NDLR]. Monaco reste ma priorité »

L’ASVEL vient de décrocher un troisième titre de champion de France consécutif : qu’est-ce qu’il manque à l’ASM pour y parvenir ?

Pour le futur, je ne sais pas quoi vous répondre, car cela va aussi dépendre de l’équipe qui sera mise en place. Cette année, il nous a peut-être manqué l’instinct de tueur. Quand nous avions l’avantage du terrain, nous n’aurions jamais dû laisser l’ASVEL revenir. Nous aurions dû être plus agressifs, jouer encore plus la victoire, et nous battre davantage. Alors que nous avons fait l’inverse.

L’ASM a joué 87 matches depuis le début de la saison : la fatigue a-t-elle joué un rôle dans cette finale ?

Je ne considère pas la fatigue comme un facteur déterminant. À ce stade de la compétition, les deux équipes sont fatiguées. C’est vraiment l’équipe qui en veut le plus qui obtient le trophée. Certes, il peut y avoir de la fatigue, mais le mental doit prendre le dessus. C’est la raison pour laquelle je dis que nous aurions dû être plus « tueurs » à certains moments.

Quel bilan dressez-vous de cette saison ?

Nous faisons une bonne saison. Malheureusement, nous la terminons sans titre. Nous avons fait un bon parcours en EuroLeague, avec une qualification pour les play-offs, ce qui est énorme. En championnat, le titre se joue à des détails. Nous ne sommes pas passés loin, et ce n’est pas parce que nous terminons par une défaite qu’il faut tout jeter à la poubelle. Ça reste une bonne saison, malgré tout.

yakuba ouattara
« Individuellement, j’estime avoir fait une très bonne saison. Pas forcément en termes de statistiques, mais par rapport au rôle que j’avais dans l’équipe. J’étais l’homme de l’ombre. » Yakuba Ouattara. Arrière de l’ASM Basket. © Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

Et à titre personnel ?

Individuellement, j’estime avoir fait une très bonne saison. Une des meilleures, si ce n’est la meilleure [de ma carrière – NDLR]. Pas forcément en termes de statistiques, mais par rapport au rôle que j’avais dans l’équipe. Je pense avoir répondu présent, et aidé l’équipe du mieux que je pouvais. J’ai réussi à avoir un impact sur les matches, sans forcément « scorer » [marquer — NDLR]. J’étais l’homme de l’ombre.

Êtes-vous satisfait de votre temps de jeu ?

Plus ou moins.

Il y a eu un changement d’entraîneur au cours de la saison : que vous a apporté Sasa Obradovic ?

Sasa a redistribué les cartes à son arrivée. Il m’a donné un rôle pour les compétitions européennes. Alors qu’avec Zvezdan [Mitrovic – NDLR], en début de saison, c’était un peu plus compliqué. Surtout en EuroLeague, où j’avais moins de temps de jeu.

Lors de sa prise de parole, le président a-t-il évoqué les objectifs de la saison prochaine ?

Non, pas du tout. Ce n’était ni le moment, ni le lieu pour le faire. L’équipe est en reconstruction. Nous ne savons pas encore qui va rester, et qui va partir. Ce n’était donc pas le moment de parler de la saison prochaine.

Aujourd’hui, il y a beaucoup d’incertitude autour de l’effectif ?

Tant qu’il n’y a pas eu d’officialisations, c’est forcément un peu flou. Nous entendons des rumeurs par-ci, par-là. Mais cela ne reste que des rumeurs.

Porterez-vous toujours les couleurs de l’ASM la saison prochaine ?

Pour l’instant, je ne sais pas encore. Mais en tout cas, j’en ai envie. Monaco reste ma priorité.

Comment vivez-vous tous ces changements au sein du club, que ce soit au niveau du staff ou de l’effectif ?

C’est le haut niveau. Dans tous les clubs d’EuroLeague ambitieux, c’est pareil. C’est une pression qui est normale à ce niveau-là, parce qu’il y a une attente de résultats permanente. Et forcément si ça ne marche pas, on fait des ajustements. En tant que joueur professionnel, nous en sommes conscients. Nous savons que cela fait partie du métier.

Le manque de vécu collectif vous a-t-il pénalisés en finale face à l’ASVEL ?

Clairement, c’est sûr que cela a un impact. Parce que les automatismes qui se créent saison après saison, c’est quelque chose que l’on ne peut pas avoir en une saison, avec une équipe renouvelée.

Vous avez rejoint l’équipe de France dimanche soir : comment se sont passées vos retrouvailles avec les Bleus de l’ASVEL ?

Très bien (rires). Je les ai félicités, parce qu’ils méritent ce titre. Il n’y a pas d’animosité, ni de mauvais esprit entre nous.

Comment vous sentez-vous physiquement après cette saison à rallonge ?

Je suis prêt, je me sens plutôt bien physiquement. Au final, cette sélection rallonge la saison d’une semaine. Ce n’est pas un truc de « ouf » (sic), non plus. Et ça permet aussi de garder le rythme pour les compétitions avec l’équipe de France.

Quels sont vos objectifs avec les Bleus ?

L’objectif, c’est de gagner les deux prochains matches contre le Monténégro [le 1er juillet 2022 – NDLR] et la Hongrie [le 4 juillet 2022 – NDLR]. Retrouver l’équipe de France était très important pour moi. Ça me tenait vraiment à cœur. À chaque fois que je porte le maillot de l’équipe de France, je vis un rêve éveillé. C’est quelque chose d’énorme. Ce sont des sensations que l’on ne retrouve qu’en portant ce maillot bleu. C’est unique.

1) Cette interview a été réalisée lundi 27 juin 2022.