vendredi 29 mars 2024
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Samir Aït Saïd : « Je vais terminer ma carrière sur une médaille olympique à Paris »

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Terriblement déçu de sa quatrième place aux anneaux lors des derniers Jeux Olympiques de Tokyo, Samir Aït Saïd entend bien prendre sa revanche chez lui, à Paris, en 2024, et terminer ainsi sa carrière en beauté, avec une médaille olympique autour du cou. Le gymnaste français s’est confié à Monaco Hebdo à l’occasion des Sportel Awards.

Vous êtes un habitué du Sportel : qu’est-ce qui vous plaît dans cet événement ?

C’est un événement extraordinaire. J’ai l’habitude de participer à quelques événements et des événements comme le Sportel, il n’y en a pas beaucoup ou alors très peu de cette qualité. Partout où on va, on apprend, on échange, on voit des choses qu’on n’a jamais vu ailleurs. Enfin, le Sportel ça reste une famille. Nous sommes toujours bien reçus et moi, je les adore.

Quel regard portez-vous sur votre performance aux Jeux olympiques (JO) de Tokyo ?

Je suis déçu parce que terminer quatrième est un échec pour moi. Je n’allais pas là-bas pour faire quatrième. Ça a été d’autant plus dur parce qu’en qualification, j’étais troisième avec une petite erreur en plus sur la figure que j’ai inventée. Donc petit goût amer. Mais malgré tout, ça prouve que le podium olympique est à ma portée. Parce que je reste quatrième avec cette blessure [le gymnaste souffrait d’une blessure au biceps gauche lors de la finale des JO — NDLR]. J’ai prouvé qu’à Paris, en 2024, quelque chose de beau pouvait se passer. Et de toute façon, avec le travail qui va être effectué, ça va le faire. J’ai confiance en mon staff, en moi, en mes partenaires. Je sais qu’on va y arriver. J’ai commencé ma carrière à Paris et je vais la terminer sur une médaille olympique à Paris.

La nouvelle génération va vouloir prendre votre place ?

Bien sûr, mais vous ne pensez pas que je vais me laisser faire comme ça (rires). C’est bien, il faut que ça pousse et de toute façon, on ne travaille pas pour nous, on travaille pour l’équipe de France. On ne travaille pas à titre individuel. Plus la nouvelle génération pousse derrière, mieux c’est pour l’équipe de France.

« Je suis très peu blessé, mais les peu de fois où je l’ai été, c’est mal tombé. C’est comme ça, il faut l’accepter, et ne pas abandonner »

Finir quatrième après votre terrible blessure lors des Jeux de Rio (1), c’est tout de même un bel exploit ?

Non, je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas un exploit, c’est un échec. J’ai échoué en finissant quatrième. Après, je sais qu’à réussite égale, si j’avais été à 100 % de mes capacités comme en qualification, bien sûr que j’avais le podium. Je ne pense pas que j’aurais gagné parce que le Chinois a tapé très fort. Mais la deuxième ou troisième place, c’était possible. Il n’y a aucune excuse, c’est comme ça. En 2024, les Jeux seront à Bercy dans une salle que je connais très bien. J’ai eu la chance de gagner plusieurs coupes du monde sur ce site. Il me porte bonheur, et il va me porter bonheur. Avec le travail, ça va le faire. Je finirai sur un happy ending avec une médaille en 2024 chez moi, à Paris. Ça fait partie de mon histoire. J’ai une histoire particulière, ce sont les montagnes russes mais je n’ai jamais abandonné et ce n’est pas maintenant que je vais abandonner si près du but.

Comment vivez-vous ces blessures qui interviennent chaque fois au pire des moments ?

Il faut savoir les accepter. C’est vrai que je suis très peu blessé, mais les peu de fois où je l’ai été, c’est mal tombé. C’est comme ça, il faut l’accepter et ne pas abandonner. J’arrêterai quand le boulot sera terminé, pas avant. Quand on commence un travail, il faut aller jusqu’au bout.

Lors des JO de Tokyo, vous étiez le porte-drapeau de la délégation française. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Ça a été une fierté, c’était magnifique. Je suis très patriote et le fait d’avoir porté ce drapeau, toute une équipe, tout un pays… c’est la kif-France (rires). C’est magnifique.

Comment était l’ambiance au sein de la délégation française ?

Dans le groupe, elle était extraordinaire. À l’extérieur, nous n’avons pas eu beaucoup de public. C’était assez calme. Donc on s’est dit : « on va mettre le feu, on va foutre l’ambiance. Mais avant de faire kiffer les autres, on va déjà se faire kiffer nous-mêmes, on va en profiter et on va se faire plaisir ». Et pas une fois, je n’ai sorti mon téléphone car j’ai voulu profiter à fond du moment présent. Mon téléphone, je l’ai mis en mode avion dans ma poche. Et on s’est fait plaisir. On a chanté La Marseillaise, il y a eu le salto… on s’est régalé. C’est pour moi un des meilleurs moments des Jeux.

« La gym française a connu un moment de difficulté, comme on en retrouve dans tous les sports, à un moment ou à un autre. Parfois, des cycles sont un peu plus difficiles. Aujourd’hui, nous sommes en plein dedans, mais j’ai confiance en ma fédération. Nous allons relever la tête »

Comment vous est venue cette idée de salto ?

On m’a chauffé. On m’a dit « Sam, fais un salto ». J’ai dit OK et je l’ai fait (rires).

Cette folie, c’est aussi ce qui vous caractérise ?

Je ne parlerais pas de folie. Mais je suis moi-même et je veux rester moi-même. Je suis bon vivant, j’aime rire, j’aime avoir la banane. Je ne me prends pas la tête. Le jour où l’on me voit sans mon sourire, ça voudra dire que quelque chose ne va pas. Je profite de la vie. Je préfère être jovial, simple, je suis monsieur et madame Tout-le-monde. Je veux profiter au maximum sans me prendre la tête.

Porte-t-on un regard différent sur vous depuis les Jeux de Tokyo ?

Oui, bien sûr. Ne pas avoir déclaré forfait m’a beaucoup mis en avant. Les gens ont énormément apprécié le fait que je n’abandonne pas. Bien sûr, il y a eu aussi le fait d’être le porte-drapeau. Les gens me disent que j’ai été une machine et ils sont admiratifs de ma performance malgré ma blessure. Tous ces messages me font vraiment plaisir, ça me touche énormément. Et moi, j’incite tous les jeunes et tous ces gens à ne jamais abandonner dès qu’il y a le moindre petit souci. Il faut croire en soi, se donner les moyens surtout, car rien n’arrive au hasard, mais ne jamais rien lâcher. C’est le plus important.

Quel regard portez-vous sur votre discipline d’une manière générale, et sur la gymnastique française en particulier ?

La gym française a connu un moment de difficulté comme on en retrouve dans tous les sports à un moment ou un autre. Parfois, des cycles sont un peu plus difficiles. Aujourd’hui, nous sommes en plein dedans, mais il ne faut pas oublier que, mine de rien, il y a des résultats. Les filles ont fait des résultats. Il y a eu des championnats d’Europe. Il y a eu ma médaille aux championnats du monde en 2019 [une médaille de bronze aux championnats du monde de Stuttgart — NDLR]. Il y a eu cette finale olympique et cette quatrième place. C’est un peu plus difficile en équipe, mais nous restons présents. Il y a quand même beaucoup de boulot, il y a des choses selon moi à revoir, mais j’ai confiance en ma fédération. Je sais que nous allons relever la tête. Il y a eu du changement au sein de la fédération. Le cycle n’a pas très bien commencé, mais j’ai confiance.

Que ferez-vous après votre carrière ?

J’ai commencé ma carrière à Paris, et je vais la terminer sur un “happy ending” [une fin heureuse — NDLR] à Paris, dans une salle que je connais. Après, je souhaite rester dans le sport pour faire part de mon vécu et inciter les jeunes et les sportifs à ne pas abandonner surtout quand il y a un obstacle et comment faire pour rebondir après un échec. Je fais d’ailleurs beaucoup d’interventions dans différentes entreprises à ce sujet, sur le comment rebondir, sur la persévérance, l’abnégation, sur les objectifs à atteindre. C’est quelque chose que je souhaite poursuivre car on apprend beaucoup dans les deux sens.

1) Samir Aït Saïd a été victime d’une double fracture tibia-péroné à la jambe gauche, après une mauvaise réception sur un saut effectué lors des qualifications.

Vidéo : notre interview de Samir Aït Saïd au Sportel 2021

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