jeudi 25 avril 2024
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Antoine Zeghdar : « Dans le rugby, il y a toujours eu une notion de combat »

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Le 6  avril, le RC Toulon reçoit au stade vélodrome de Marseille le Stade Toulousain pour le choc de la 21ème journée du Top 14. Monaco Hebdo a rencontré Antoine Zeghdar, trois-quart centre du RCT, né à Monaco. Entretien.

Votre parcours ?

Je suis né à Monaco. J’ai passé toute mon enfance en principauté. Mais j’étais prédestiné au judo, une discipline que j’ai pratiqué durant cinq ans. Puis, un ami judoka m’a initié au rugby. Au départ, je combinais judo et rugby, mais finalement ma préférence s’est arrêtée sur le ballon ovale. Par la suite, j’ai souhaité franchir un palier et j’ai rejoint le Stade Niçois. Je suis resté au club pendant une année. À Nice, j’ai été repéré par une structure fédérale. Ainsi, j’ai intégré le pôle Espoirs d’Hyères en internat, lors de ma seconde au lycée de Costebelle. Ma première année au pôle, je l’ai passée au Stade Niçois.

Et ensuite ?

Ensuite, j’ai décidé de tenter ma chance au RC Toulon (RCT). Avec mes coéquipiers toulonnais, nous avons été champions de France Crabos à deux reprises consécutivement. Parallèlement, j’ai intégré l’équipe de France jeunes des moins de 16, 17 et 18 ans. Nous avons été sacrés champions d’Europe U18 [moins de 18 ans — N.D.L.R.] avec les Bleus. Nous avions d’ailleurs battu la Géorgie. J’ai intégré le centre de formation du RCT dès septembre 2015. J’évolue en espoirs, et j’ai signé mon premier contrat professionnel en septembre 2017. J’ai la chance et le privilège de m’entraîner quotidiennement avec les professionnels.

Comment s’est passé votre passage au pôle Espoirs d’Hyères du lycée de Costebelle ?

Tout n’a pas été évident, car j’ai dû quitter ma famille, mon père Salim et ma mère Virginie. Nous sommes très proches, et j’ai donc consenti à des sacrifices nécessaires. Je garde un souvenir ému, car j’étais en internat. Cependant, je me suis forgé un mental et j’ai énormément échangé avec mes coéquipiers. Avec le recul, j’ai passé de belles années au pôle Espoirs.

Quel souvenir gardez-vous de votre premier match chez les professionnels, avec le RCT ?

J’ai fait mon premier match contre l’équipe écossaise d’Edimbourg, en Coupe d’Europe, le 12 janvier 2019. A la 41ème minute, j’ai remplacé Jon-Paul Roger Pietersen. Je suis trois-quart centre, mais en rentrant j’ai évolué pour la première fois de ma carrière à l’aile. Dommage que la défaite face à ces écossais (28-17) ait un peu terni la fête. Mais, je garde le souvenir impérissable d’avoir foulé la pelouse du stade Mayol. De même, j’ai pu ressentir la pression et l’exigence du très haut niveau, notamment sur les impacts.

Vous n’en avez pas marre qu’on vous rappelle que vous avez un gabarit hors-norme ?

Effectivement, j’ai 19 ans et je mesure 1 mètre 98 pour 103 kg. Pour un trois-quart centre mon physique est inhabituel. Généralement, on me considère plus comme un deuxième ligne ou un troisième ligne. Mais depuis mes débuts à Monaco, j’ai toujours évolué comme trois-quart centre. Mon profil atypique est avantageux, car je peux plus aisément passer les bras et faire des passes après contact. Cependant, j’ai un désavantage sur les plaquages, compte tenu de ma grande taille. Je dois me baisser beaucoup plus pour bien plaquer mes adversaires. Je dois faire preuve de vigilance, car les règles sont strictes sur les plaquages hauts (lire notre encadré par ailleurs).

Vous n’êtes pas d’une famille de rugbymen ?

Absolument pas ! Avant de faire mon premier entraînement, je ne connaissais aucune règle du rugby. Mais dès mes débuts, j’ai immédiatement accroché. J’ai dû me battre avec certaines de mes lacunes. Pour l’anecdote, je me souviens que mon grand-père maternel était amateur de rugby. Mes parents, Salim et Virginie, sont un soutien inestimable et ils n’hésitent pas à venir me soutenir. Ce fut le cas à l’occasion de mon premier match en professionnel avec le RCT.

Que pensez-vous de Sébastien Tillous-Borde, qui est chargé des arrières du RC Toulon, sous les ordres de l’entraîneur, Patrice Collazo ?

C’est quelqu’un qui compte pour moi, car je m’entraînais sous ses ordres l’an dernier. Cette saison, Sébastien Tillous-Borde est l’entraîneur des trois-quarts du RCT. Néanmoins, je conserve une proximité et une complicité avec lui. Il est très fort sur les aspects techniques notamment sur l’apprentissage des passes. C’est un excellent coach et je progresse grâce à ses conseils.

Que vous inspire Sonny Bill Williams, qui a joué à Toulon de 2008 à 2010 ?

Le centre Néo-Zélandais est une idole et une référence. Sonny Bill Williams a débuté sa carrière en rugby à XV en 2008 au RCT. Il est double champion du monde avec les All Blacks, en 2011 et en 2015. Par comparaison, j’ai légèrement un profil similaire au sien par nos tailles respectives [Sonny Bill Williams fait 1m94 pour 106 kg — N.D.L.R.]. Il pratique beaucoup d’“offloads”, c’est-à-dire des passes après contact. Je veux m’inspirer de ses meilleures actions que je regarde régulièrement sur les réseaux sociaux. Je regrette vraiment d’être si jeune et de ne pas avoir eu l’opportunité de le côtoyer à Toulon.

Aurélien Rougerie, qui a joué avec l’ASM Clermont Auvergne de 1999 à 2018, est aussi un modèle ?

C’est une légende du rugby français et international. Il est une figure emblématique à Clermont. Il a évolué au poste de centre, d’ailier et d’arrière. Il était grand, rapide avec beaucoup d’appuis et fort aux contacts. C’est une star à laquelle je souhaiterais prendre exemple et m’inspirer.

Depuis des mois, une polémique enfle : le rugby moderne est-il trop violent ?

Dans le rugby, il y a toujours eu une notion de combat. C’est un sport d’oppositions et contacts. L’aspect athlétique a une place prépondérante. Le physique des rugbymen a évolué vers, peut-être, plus de musculature. Le jeu s’accélère et, par conséquent, les chocs sont plus rudes. C’est à nous les jeunes de travailler physiquement pour éviter de se blesser. Cependant, il y a aussi une phase d’apprentissage des techniques de plaquage pour éviter de prendre un K.-O. Il faut jouer intelligemment et savoir rester concentré pendant le match.

Mais on a l’impression qu’avant le rugby était moins violent !

À l’époque, il y avait aussi moins de règles, du coup, on voyait davantage ce que l’on appelle les fourchettes [mettre un doigt dans l’œil de l’adversaire — N.D.L.R.]. Au cours d’un regroupement, certains joueurs n’hésitaient donc pas à enfoncer leurs doigts dans les yeux des adversaires. Aujourd’hui, avec l’assistance vidéo à l’arbitrage, de telles pratiques ne sont plus possibles. La règle a aussi évolué au niveau des mêlées. Le protocole commotions cérébrales s’est largement répondu, afin de protéger la santé des rugbymen.

Vous jouez aussi au rugby à 7 ?

En février 2019, j’ai été sélectionné avec l’équipe de France à 7. Nous sommes partis en stage au centre olympique de Chula Vista, près de San Diego. Nous avons préparé les deux étapes du Sevens Series. On a eu deux tournois sur trois semaines. On a disputé une étape à Las Vegas du 1er au 3 mars, puis la suivante à Vancouver les 10 et 11 mars. Ces rendez-vous internationaux ont couvert une grosse partie du tournoi des VI Nations U20 [moins de 20 ans — N.D.L.R.]. Donc, je n’ai pas pu être présent. Au Canada, on a décroche une belle deuxième place. On a perdu en finale face à l’Afrique du Sud.

Cela reste un résultat intéressant ?

C’est une bonne performance qu’il faut souligner, car l’équipe de France à 7 n’avait pas atteint une finale depuis 2012. Ce fut un moment exceptionnel et j’en garde un souvenir émouvant. J’ai vécu une expérience forte et inoubliable. J’ai marqué un essai en quart de finale face aux îles Samoa. J’ai participé à ma première tournée internationale. Mon intégration au sein de l’équipe s’est bien passée et j’ai été sélectionné pour la tournée asiatique des Sevens Series qui se déroulera à Hong Kong et Singapour du 5 au 7 avril, puis les 13 et 14 avril.

Du coup, vous allez rater le choc de la 21ème journée de Top 14, RC Toulon — Stade Toulousain le 6 avril(1) ?

Effectivement, je serai en sélection à 7, mais mon cœur sera avec mes coéquipiers toulonnais. Ce sera un gros match et c’est toujours ainsi entre le RCT et le Stade Toulousain. Les Toulousains sont premiers et très difficiles à prendre actuellement. Il faudra que l’on donne le meilleur de nous-mêmes et alors, rien ne sera impossible. À Toulon, nous avons des atouts à faire valoir. Ce sera la fête du rugby au stade Vélodrome et il y aura aussi un concert d’avant-match avec Magic System. Sympa !

Quels sont vos objectifs pour cette seconde partie saison ?

D’abord, j’aimerais réaliser une bonne tournée asiatique avec la sélection à 7. À mon retour à Toulon, j’espère pouvoir jouer le plus de matches possibles avec Toulon.

Vous allez rester à Toulon ou vous pourriez partir en fin de saison ?

Mon avenir au RCT ? C’est encore trop tôt pour évoquer le sujet. En tout cas, j’aimerais être sélectionné en équipe de France U20 [moins de 20 ans — N.D.L.R.], afin de participer à la Coupe du monde, en juin 2019, en Argentine. Je me suis fixé cet objectif afin de progresser. Sébastien Piqueronies, le sélectionneur et manager des U20, viendra me superviser en Asie. C’est une motivation supplémentaire pour moi.p

1) RC Toulon — Stade Toulousain, match à suivre en direct le 6 avril 2019, à 14h45 sur Canal+ Sport.

 XV de France : la succession de Jacques Brunel toujours en question

Bernard Laporte a déclaré qu’il avait récemment rencontré les cinq meilleurs entraîneurs au monde. Le président de la Fédération française de rugby (FFR) a fait cette révélation chez nos confrères du Progrès le 26 mars 2019. Sur le devenir du XV de France, il souhaite qu’un « taulier étranger charismatique » prenne les rênes des Bleus pour préparer la Coupe du monde 2023. Ainsi, le 29 mars, le comité directeur de la FFR a annoncé qu’un référendum aura lieu du 9 au 11 avril auprès des clubs. Les résultats, certifiés par voie d’huissier, seront dévoilés le 12 avril. Par ailleurs, le président de la FFR a confié que Joe Schmidt, sélectionneur de l’Irlande avait d’ores et déjà décliné une éventuelle proposition. Warren Gatland, serait un successeur potentiel à Jacques Brunel. Victorieux d’un troisième Grand Chelem dans le Tournoi des VI Nations (2008, 2012, 2019), le manager du pays de Galles sera libre après le Mondial au Japon, qui se déroulera du 20 septembre au 2 novembre 2019. En outre, le futur sélectionneur sera nommé avant la Coupe du monde 2019. Cependant, en octobre 2018, le président de la FFR avait assuré que Jacques Brunel irait jusqu’au bout de son contrat, en juin 2020. Du côté des tricolores, Laurent Labit et Laurent Travers ont reçu les éloges d’Ugo Mola. L’entraîneur du Stade Toulousain place les deux co-entraîneurs du Racing 92 en tête de liste à la succession de Jacques Brunel. Un respect du travail accompli par les deux racingmen, qui s’est manifesté lors des quarts de finale de la Coupe d’Europe. P. P.

 Rugby trop violent : World Rugby lance des réformes

Le 25  mars 2019 à Marcoussis, World Rugby a décidé d’accentuer les réformes pour la sécurité des rugbymen. Sur proposition de la Fédération française de rugby (FFR), les dirigeants du rugby mondial veulent abaisser les risques suite aux décès en France de quatre joueurs en moins d’un an, pendant ou après un match. Aussi, le 29 mars, le comité directeur de la FFR a autorisé la mise en place d’une expérimentation sur deux changements de règles sur le plaquage. À partir de la saison 2019-2020, l’abaissement de la ligne du plaquage à la ceinture entrera en vigueur pour les catégories amateurs (Espoirs Fédérale 1, 2ème et 3ème divisions Fédérales, Fédérale B, Excellence B, Fédérale féminine 1 et 2, Séries régionales, Réserves Honneur, Rugby entreprises, U19 et U16 régionales 1 et 2, Rugby loisir). Reste à savoir si l’interdiction du plaquage à deux et l’abaissement de la ligne de plaquage au niveau de la ceinture permettront d’atteindre les objectifs visés par World Rugby.