vendredi 26 avril 2024
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Salon EVER : l’électrique poursuit sa mue

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Du 27 au 29 avril 2022 s’est tenu à l’espace Fontvieille le salon Ever, dédié à la mobilité durable et aux énergies renouvelables. Monaco Hebdo s’y est rendu pour découvrir les dernières innovations en matière de véhicules électriques. Petit tour d’horizon.

Le scooter MQi GT EVO de NIU

Avec son moteur de 5 000 Watts capable de le propulser à 100 km/h en vitesse de pointe, le scooter électrique MQi GT EVO est le plus rapide de la gamme NIU. Comparable à un 125 cm3, ce deux-roues est doté de deux batteries lui offrant une autonomie de 75 kilomètres en version « sport » et de plus de 100 kilomètres en version « dynamique », précise le fabricant. Pour la charge, comptez 4 heures pour une seule batterie et 5 heures pour les deux en simultané. Outre leur coût estimé tout de même à 2 000 euros pièce pour une garantie de deux ans (environ 2 000 cycles de charge), ces batteries présentent le désavantage d’être placées sous la selle du scooter privant ainsi le conducteur de l’habituel espace de rangement. Il lui faudra alors investir dans un équipement supplémentaire de type top case, en plus du prix d’achat du véhicule établi à 4 990 euros, aides de l’État non déduites. L’absence de bruit est à la fois une qualité et un défaut pour le MQi GT EVO. En effet, si elle offre une indéniable quiétude durant la conduite, elle réclame aussi une grande vigilance et prudence pour éviter les accidents avec des usagers peu habitués au silence des véhicules électriques. Dernière ombre au tableau, le caractère vertueux du bolide est entaché par une fabrication en Chine, synonyme d’une forte empreinte carbone. Pas de quoi toutefois refroidir l’engouement des Monégasques pour ces scooters électriques nouvelle génération, puisque la marque Niu est partenaire de l’entreprise EatIn, spécialisée dans la livraison à domicile.

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

La citadine YoYo de XEV

Avec ses lignes futuristes et sa taille compacte aux allures de Smart, la YoYo ne passe pas inaperçue. La citadine 100 % électrique de la startup italienne XEV a été présentée en avant-première à Monaco, à l’occasion du salon Ever. En plus d’être rechargeable sur une borne publique ou sur une prise domestique, le véhicule est doté d’un système de batteries interchangeables d’une capacité de 10,6 kWh lui permettant d’atteindre une autonomie totale de 150 kilomètres et une vitesse maximale de 90 km/h. Autre particularité de la YoYo : certaines pièces de carrosserie et d’intérieur sont imprimées en 3D. Décidément pas comme les autres, ce quadricycle peut être conduit dès l’âge de 16 ans avec un permis B1. Le tout pour un prix qui reste relativement abordable établi à 13 990 euros (bonus déduits) en France et à 11 990 euros (bonus déduits) à Monaco. Mais alors que reprocher à ce véhicule 100 % électrique ? Comme pour le scooter MQi GT EVO, on peut pointer une fabrication lointaine, en Chine, pas vraiment en adéquation avec une démarche écologique. La question des impacts environnementaux de la fabrication et du recyclage des batteries se pose également même si le constructeur se veut évidemment rassurant à ce sujet arguant notamment le recours à des entreprises de recyclage spécialisées et l’utilisation de batteries non pas lithium, mais ion-fer-phosphate. Suffisant pour convaincre les résidents de la principauté d’adopter le style Yoyo ? Forte d’un partenariat signé avec le groupe Cavallari, la marque italienne espère en tout cas que sa citadine saura conquérir le cœur des Monégasques.

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

Le bus rétrofité de REV Mobilities

Savez-vous ce qu’est le rétrofit ? Apparu aux États-Unis, ce concept consiste à remplacer le moteur thermique d’un véhicule par un propulseur électrique pour le rendre plus propre. D’abord destiné aux voitures de collection, le rétrofit gagne du terrain et s’étend aujourd’hui à tous types de véhicule. Et notamment les bus dont un exemplaire homologué était présenté par REV Mobilities pendant le salon Ever. Fort de sa collaboration avec le groupe allemand Pepper Motion, ce spécialiste français donne une seconde vie aux bus et aux poids lourds grâce au rétrofit. « Grosso modo, il faut compter cinq semaines pour rétrofiter un bus ou un camion dans un atelier extrêmement organisé, contrôlé, audité pour être sûr de la qualité et de la sécurité », explique Arnaud Bouthenet, directeur associé de REV Mobilities. La transformation est donc relativement rapide et plutôt bon marché à en croire le représentant de l’entreprise française « En termes de coût, on est à la moitié du prix d’un autobus ou d’un camion neuf. Ce qui veut dire qu’une municipalité, une agglomération ou un opérateur peut doubler sa vitesse de dépollution de son parc à iso-budget ». Sur le papier, le rétrofit a donc de quoi séduire. D’ailleurs, la Compagnie des autobus de Monaco (CAM), qui vient tout juste de mettre en circulation ses premiers bus électriques, ne serait pas insensible à ce procédé. « Nous sentons de l’intérêt lié aussi au fait que la plupart des véhicules que nous rencontrons ne sont pas en mauvais état mais se trouvent au-dessus des normes admises de pollution, confirme Arnaud Bouthenet. Il y a une partie du parc avec des investissements entre 2016 et 2018 qui entre dans le cadre du rétrofit et pour lequel nous allons travailler avec eux [la Compagnie des autobus de Monaco (CAM) — NDLR] pour voir si c’est une approche intéressante. Des discussions sont en cours ». Les bus thermiques de la CAM pourraient donc bien vivre une seconde jeunesse dans les mois et les années à venir.

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

Le camion FE Electric de Volvo Trucks

L’électromobilité gagne aussi le transport lourd. Partenaire principal du salon Ever, Volvo Trucks a profité de cette 17ème édition pour présenter les poids lourds de demain, certifiés 100 % électriques. Parmi la gamme exposée par la firme suédoise figurait notamment le FE Electric Construction. Doté de quatre batteries de 500 kg, ce véhicule particulièrement adapté à la construction urbaine ou péri-urbaine n’en reste pas moins puissant puisqu’il offre 212 kWh d’énergie utile pour une autonomie pouvant atteindre jusqu’à 250 kilomètres « selon l’usage », précise le constructeur. Comptez environ huit heures pour une recharge basse puissance ou 1h30 par le biais d’une station de recharge rapide. Une consommation électrique tout de même loin d’être négligeable pour des camions de 19 ou 26 tonnes. La question de la fabrication et du recyclage des batteries reste également un enjeu majeur pour Volvo Trucks qui garantit une durée de vie minimale de huit années auxquelles s’ajoutent huit à dix années supplémentaires dans différentes applications grâce au travail de sa filiale Volvo Energy chargée de donner une deuxième vie aux batteries. Il n’en reste pas moins que l’engagement en faveur d’une telle technologie est coûteux. Selon Stéphane Boyajean, ingénieur avant-vente énergies alternatives chez Volvo Trucks, acquérir un camion 100 % électrique coûterait « trois fois plus cher qu’un véhicule thermique ». Un investissement conséquent auquel il faut également ajouter une maintenance et des pièces plus onéreuses. Le jeu en vaut-il alors la chandelle ? « Oui, indéniablement, assure Stéphane Boyajean. Cela ouvre beaucoup de communication auprès des clients, auprès des usagers de la route… Cela ouvre aussi à des appels d’offres qui sont maintenant très sensibles à l’aspect écologique, du moyen mis en œuvre pour aller sur le chantier… Ça ouvre donc des marchés et en termes d’image, ça représente une envie d’aller vers l’avenir ». À en croire l’ingénieur Volvo Trucks, les professionnels monégasques seraient d’ailleurs très sensibles à ces arguments : « Les entreprises qui font le choix de s’équiper en électrique sont des entreprises d’avenir, insiste-t-il. Nous sommes en discussions très avancées avec la SMA [société monégasque d’assainissement — NDLR] et la SMEG [société monégasque de l’électricité et du gaz — NDLR]. Nous avons plusieurs projets avec eux pour l’entretien, le nettoiement, la collecte. Mais aussi des privés dans le béton, dans le transport de gravats ou de matériaux. Notre future gamme lourde, qui sortira en septembre 2022, répondra à leurs besoins. Nous nous sommes donc donné rendez-vous dans six mois ». L’électromobilité semble donc promise à un bel avenir en principauté.

Inquiétude autour des batteries électriques

Les batteries électriques sont-elles dangereuses ? La question mérite d’être posée après que la Régie autonome des transports parisiens (RATP) a annoncé, vendredi 29 avril 2022, avoir retiré de la circulation quelque 150 bus électriques de sa flotte « par mesure de précaution ». Cette décision fait suite à deux incendies successifs, impliquant des véhicules Bluebus fournis par le groupe Bolloré. Le dernier en date remonte à vendredi 29 avril 2022, à proximité de la bibliothèque François Mitterrand, où un bus électrique a pris feu vers 8h05, sans faire de victime. À ce stade, on ignore encore les raisons de l’incendie, mais la RATP a diligenté une expertise, afin de faire la lumière sur ces sinistres qui renforcent un peu plus les craintes autour des batteries électriques. Ces derniers temps, les vidéos de véhicules électriques prenant feu se sont en effet multipliées sur les réseaux sociaux, suscitant l’inquiétude des usagers.