vendredi 26 avril 2024
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Trésor audiovisuel

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Il est aux manettes des archives audiovisuelles de Monaco depuis 20 ans. Vincent Vatrican a présenté la nouvelle édition des Mardis du cinéma, avec pour thème cette année : croyances et dépendances.

 

Il a passé sa vie à dévorer des sons, des images et des films… Vincent Vatrican, le discret directeur des archives audiovisuelles de Monaco, est un fou de cinéma. Pas étonnant que ce passionné de 7ème art — et ancien critique à la revue Les Cahiers du cinéma — ait co-fondé en 1997 cet “INA monégasque” qui fêtera en 2017 ses 20 ans d’existence. À cette occasion, l’équipe a décidé de dévoiler au public à travers une ciné-conférence (1) les coulisses du travail effectué au quotidien. Il faut dire que depuis 20 ans, les archives possèdent un véritable trésor audiovisuel : 50 000 documents au total — ayant tous un lien avec la Principauté — que les documentalistes ont rassemblé, restauré, protégé, conservé, diffusé et mis en valeur. « À côté des oeuvres de fiction, des actualités filmées, des documents sonores ou des journaux télévisés, les archives ont constitué en 20 ans une collection unique d’environ 3 000 films amateurs tournés en Principauté entre 1920 et 1980, explique l’équipe des archives audiovisuelles. Pour leur grande majorité, ces images proviennent de familles monégasques, sensibles à la notion de patrimoine filmé. D’autres ont été dénichés dans des caves, des greniers ou des brocantes… »

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Jeff Bridges dans Tucker de Francis Ford Coppola, (1988).

Ciné-club

Mais la conservation de la mémoire audiovisuelle de Monaco n’est pas la seule mission des archives. Depuis maintenant 13 ans, Vincent Vatrican et son fidèle collaborateur Jacques Kermabon, transforment le théâtre des Variétés en un grand ciné-club où sont diffusés des films d’art et d’essai. Avec chaque année une même ambition : présenter « des œuvres célèbres ou méconnues, de divers pays et de diverses époques ». Cette année les deux hommes ont choisi comme thème : croyances et dépendances. « Cette idée de thème est née il y a très longtemps, explique Jacques Kermabon. Lorsqu’on y a pensé la première fois, nous n’étions pas encore en ces temps troublés où les questions de religion prenaient une telle importance… ». Au-delà des liens entre « le sacré et le cinéma », les cinéphiles pourront aussi découvrir des films présentant des personnages « habités par des croyances », « des obstinations » conduisant à des échecs ou des réussites. Parmi ces films : Fitzcarraldo (1982) de Werner Herzog. Ce long-métrage allemand met en scène Brian Sweene Fitzgerald, un homme prêt à tout pour réaliser le rêve délirant qui l’obsède : construire un opéra au beau milieu de la forêt amazonienne… « Sa croyance devient une telle dépendance qu’il va entraîner avec lui un certain nombre de personnes dans cette aventure démesurée », raconte Vincent Vatrican. Autre film à ne pas manquer : King of New York (1989) d’Abel Ferrara, qui sera d’ailleurs présent le soir de la projection. Ce réalisateur « admiré par les uns, honni par les autres », met en scène dans ses films « des êtres torturés qui se débattent contre un destin inéluctable et qui cherchent dans le regard de l’autre une chance d’exister encore ».

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The king of New York (1989) d’Abel Ferrara

« Insolents »

Plus léger, les cinéphiles pourront également découvrir ou redécouvrir La Vie de Brian (1979) des Monty Python. « Farceurs, insolents, réfractaires à toute forme d’autorité, les Monty Python sont les premiers à bousculer à la télévision les tabous moraux, sexuels et politiques de l’empire britannique », rappelle Vincent Vatrican. Malgré un énorme succès, leur série télévisée s’arrête en 1974. La troupe d’humoristes s’illustrera toutefois dans trois films : Sacré Graal (1975), La Vie de Brian et Le Sens de la vie (1983), des films dans lesquels « leur goût pour l’absurde, la démesure, le travestissement, leur créativité trouve une manière nouvelle de s’épanouir ». Autre grand moment cinématographique — et musical — en perspective : la projection du Fantôme de l’opéra (1925) de Rupert Julian. Pour accompagner musicalement ce film muet, Jean-Louis Grinda, directeur de l’opéra de Monte-Carlo, a eu l’idée de faire appel à un pianiste et à un expert de l’improvisation, Jean-François Zygel, que le grand public a pu découvrir sur France Inter dans l’émission La Preuve par Z. Mais aussi l’été, dans la La Boîte à musique sur France 2.

 

 

(1) Ciné-conférence : Les Archives racontent leurs 20 ans (date à confirmer).