vendredi 26 avril 2024
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Alexander Bolker-Hagerty : « Monaco a participé à la naissance de l’hydravion »

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Un hydravion de 1952, un Cessna Bird Dog L-19, a amerri à Monaco, avec en toile de fond la Monaco Classic Week. Les explications d’Alexander Bolker-Hagerty, président de l’hydravion club de Monaco.

Comment est venue l’idée de créer votre association, en mars 2020 ?

Nous sommes quelques passionnés d’aéronautique, tous amis d’enfance de Monaco. On se connaît depuis 35 ans. Nous avons toujours vu des affiches, des photos, des cartes postales d’hydravions avec Monaco comme arrière-plan. Pourtant, depuis le siècle dernier, on s’est rendu compte que les hydravions avaient quasiment disparu de la principauté. Nous avons donc voulu faire revenir cette pratique à Monaco, après une absence de près d’un siècle.

Qui compose cette association ?

Nous sommes six fondateurs. Nous faisons tous partie du bureau chargé de gérer l’hydravion club de Monaco.

Vos objectifs ?

Il y a plusieurs aspects. Ce club a une dimension sportive, bien sûr. Mais il y a aussi un volet culturel et historique. Notre objectif principal, c’est d’organiser des meetings, des concours, et des rallyes d’hydravion sur le territoire monégasque. Nous souhaitons aussi aider les pilotes à valider leur extension de brevet, le “sea rating”. Nous aimerions également fédérer les propriétaires, les pilotes et les amateurs d’hydravions. Enfin, nous voulons organiser des événements pour nos membres.

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Ce club a une dimension sportive, bien sûr. Mais il y a aussi un volet culturel et historique. Notre objectif principal, c’est d’organiser des meetings, des concours et des rallyes d’hydravion sur le territoire monégasque »

Monaco et les hydravions, ça remonte à quand ?

Monaco a participé à la naissance de l’hydravion. Notamment grâce aux efforts du prince Albert Ier (1848-1922), qui a aidé au développement et à la pratique de l’hydravion. Au début du XIXème siècle, la principauté était la capitale mondiale de l’hydravion. Par la suite, dans les années 1950-1960, un amerrissage s’est déroulé à Monaco, mais cela a été très peu médiatisé. D’ailleurs, il reste très peu de traces.

Monaco a organisé des meetings d’hydravions ?

La principauté a commencé par organiser un premier meeting d’hydravion. Ensuite, à partir de 1913, il y a eu la Coupe Schneider (1). C’était une compétition très renommée, à l’époque. Notre rêve, ce serait de relancer à Monaco la Coupe Schneider, ou au moins une coupe équivalente, organisée par l’hydravion club de Monaco.

À l’époque, à quoi consistaient ces concours ?

À la toute fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, c’était les débuts de l’aviation. Du coup, au départ, l’importance a été donnée à la vitesse. En effet, les hydravions utilisaient des moteurs et des technologies différentes, donc la vitesse était importante. Ensuite, c’est devenu une compétition d’endurance. Et puis, il y a eu la compétition sous la forme d’un rallye, où il fallait aller d’un point à un autre.

Si vous relancez une compétition d’hydravion à Monaco, quelles seront les règles pour remporter l’épreuve ?

Nous n’y sommes pas encore. Nous avons beaucoup d’idées pour permettre de développer l’hydravion en principauté. Sur le plan opérationnel et législatif, il y a encore beaucoup à faire avant de pouvoir organiser un tel concours. Monaco et l’Italie sont parmi les pays les plus libéraux pour la pratique de l’hydravion. Par contre, en France, c’est beaucoup plus compliqué. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas eu de renouveau législatif pour faciliter le développement de l’hydravion en France. En Europe, les plus à la pointe restent les Italiens.

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« L’aéroclub de Côme détient trois hydravions qui proviennent de l’armée italienne. Deux d’entre eux sont des Cessna Bird Dog L-19. C’est ce modèle de 1952, un modèle d’observation pour les militaires, qui s’est posé à Monaco le 9 septembre 2021, dans le cadre de la Monaco Classic Week »

Pourquoi l’Italie est numéro un ?

C’est culturel. L’aéroclub de Côme détient trois hydravions qui proviennent de l’armée italienne. Deux d’entre eux sont des Cessna Bird Dog L-19. C’est ce modèle de 1952, un modèle d’observation utilisé à l’époque par les militaires, qui s’est posé à Monaco le 9 septembre 2021, dans le cadre de la Monaco Classic Week.

Comment avez-vous organisé cet amerrissage en pleine Monaco Classic Week ?

Dans le passé, les hydravions, c’était Monaco. Aujourd’hui, les hydravions c’est l’aéroclub de Côme, qui possède le club d’hydravion le plus reconnu en Europe. Du coup, nous avons signé un partenariat avec eux. C’est notre premier partenariat inter-clubs. Le trajet entre Côme et Monaco a été bouclé en seulement deux heures. Avec l’aide du prince Albert II qui est notre président d’honneur, mais aussi du palais et du gouvernement, nous avons pu organiser cet amerrissage.

« Dans le passé, les hydravions, c’était Monaco. Aujourd’hui, les hydravions c’est l’aéroclub de Côme, qui possède le club d’hydravion le plus reconnu en Europe. Du coup, nous avons signé un partenariat avec eux »

C’est difficile à piloter un hydravion ?

Une fois que l’on a acquis le nombre nécessaire d’heures de pilotage, l’hydravion est plus sûr qu’un hélicoptère, car on utilise l’air pour planer. Du coup, c’est moins dangereux.

Un propriétaire d’hydravion peut se poser à Monaco ?

Un propriétaire d’hydravion, qu’il pilote ou qu’il fait piloter, ne peut pas rester sur le territoire monégasque. Mais nous sommes en train de travailler avec la direction de l’aviation civile, le département des affaires maritimes et la Société d’exploitation des ports de Monaco (SEPM) sur un potentiel projet d’aire d’amerrissage et de décollage sur les eaux territoriales monégasques. Ainsi qu’un lieu potentiel sur le territoire de la principauté pour faciliter le débarquement et l’embarquement des hydravions.

1) La Coupe Schneider a été lancée par l’industriel français Jacques Schneider (1879-1928). Elle s’est déroulée de 1913 à 1931. La première édition a été remportée par le Français Maurice Prévost (1887-1952). La dernière a été gagnée par J. N. Boothman, pour le Royaume-Uni. Les deux premières éditions de la Coupe Schneider, ont eu lieu à Monaco en 1913 et en 1914.