vendredi 26 avril 2024
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Monaco Santé : à quoi va ressembler
le « Doctolib » monégasque

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Télé-consultation, prise de rendez-vous médicaux en ligne, ou encore stockage et partage d’informations médicales entre médecins et patients.

Voici, dans les grandes lignes, ce que va permettre le nouveau portail Monaco Santé, actuellement en accès libre. 

Il est sensé faciliter la vie des patients et celle de l’ensemble des professionnels de la santé. Le nouveau portail Monaco Santé, que l’on pourrait comparer au site français de prise de rendez-vous médicaux Doctolib, va permettre, entre autres, de prendre rendez-vous en ligne avec un praticien à Monaco, et d’avoir accès à l’annuaire complet des professionnels de santé exerçant en principauté. Aujourd’hui, 175 professionnels se sont enregistrés sur ce portail, sur les quelques 400 qui exercent à Monaco, libéraux compris. Ils peuvent y figurer gratuitement pendant cinq ans. A noter que seuls les professionnels monégasques pourront y apparaitre. Les patients des communes voisines sont autorisés à utiliser la plateforme, uniquement s’ils sont déjà suivis en principauté. Le site est d’ailleurs traduit en cinq langues (français, italien, anglais, espagnol, et russe). Selon le gouvernement monégasque qui est à l’origine de ce projet, près de 600 rendez-vous auraient déjà été pris à travers cette plateforme. 

Partage des données de santé 

Mais la comparaison s’arrête là, car les fonctionnalités et services promettent d’être encore plus développées à l’avenir. Outre la publication des actualités de santé à Monaco, et la mise à disposition des numéros d’urgence et de garde, synchronisés en temps réel, la plateforme Monaco Santé va aussi permettre aux professionnels de la santé de recueillir, et de partager entre eux, les données de santé de leurs patients à travers un système de messagerie « sécurisé » a indiqué le gouvernement. Dès le mois d’avril 2021, un cardiologue pourra, par exemple, transmettre les informations qu’il possède sur son patient à l’infirmier qui le suit également, comme des radios ou des données provenant d’analyses médicales. Objectif : garantir une prise en charge optimale, selon le gouvernement, qui a débloqué entre 800 000 euros et 1,2 million d’euros sur ce projet de santé digitale et numérisé : «La fourchette est grande, car les services vont s’étendre», promet Didier Gamerdinger, conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé. Cet outil pourrait ainsi rapprocher professionnels de santé et patients, grâce à un suivi mieux étendu : «C’est ce qui manquait à Monaco. C’est un outil indispensable, qui va augmenter la qualité de la médecine, en augmentant l’efficience et le partage des données, estime le docteur Jean-Michel Cucchi, chef du département d’imagerie médicale au Centre hospitalier princesse Grace (CHPG). Une légende urbaine veut que la e-santé va éloigner les médecins de leurs patients. Or, c’est tout le contraire qui va se produire.» Un avis que partage le professeur Atul Pathak, chef du service cardiologie du CHPG : «Un patient a besoin d’être aidé par tout un écosystème de santé. Et ce beau projet permettra de mettre tout le monde en relation, grâce à la numérisation de ses données de santé.» Dès avril 2021 toujours, un service de télé-consultation et d’imagerie médicale devrait aussi être intégré au portail, d’abord entre médecins, puis entre patients et médecins, dans un second temps. 

Monaco Santé présentation Frédéric Genta
Frédéric Genta, délégué interministériel chargé de la transition numérique @ Gouvernement

La sécurité garantie ? 

Reste que ces informations sont très sensibles. Lorsque l’on parle de données personnelles de santé, on parle concrètement de renseignements collectés par des laboratoires, des informations acquises lors d’un test ou d’un contrôle médical, ou encore des détails correspondant à certaines pathologies. On comprend aisément pourquoi ces données, ô combien précieuses, ne doivent surtout pas tomber entre de mauvaises mains. Le gouvernement promet que le stockage et le partage de ces données personnelles médicales sera « sécurisé ». Mais comment le garantir ? Selon Frédéric Genta, délégué interministériel chargé de la transition numérique, le portail Monaco Santé a été validé par la Direction de l’action sanitaire (Dasa). Il a également reçu le processus d’homologation de l’Agence monégasque pour la sécurité numérique (AMSN). Ce portail répondrait ainsi, toujours selon Frédéric Genta, à tous les standards de l’AMSN «qui sont au moins, si ce n’est plus, les plus hauts standards européens en terme de sécurité.» Le délégué interministériel rappelle ainsi que le portail a «subi toute une série d’audits et de tests d’intrusion et d’identification de brèches, comme toute plateforme numérique lancée par le gouvernement.»  La mise en service du portail aurait même pris du retard, précisément pour prendre le temps de s’assurer que la sécurisation des données personnelles soit optimale, assure Frédéric Genta. 

Valable pour la vaccination, aussi 

En matière de prise de rendez-vous, le portail Monaco Santé permet aussi de réserver un créneau pour se faire vacciner contre le Covid-19. Ce service, qui s’ajoute à l’actuel “call center“, aurait déjà reçu plus de 100 demandes pour la vaccination de Monégasques. À noter toutefois que cette plateforme permet uniquement de prendre le rendez-vous. Elle n’intervient en aucun cas dans la gestion elle-même du centre de vaccination, qui relève du gouvernement. Pas question, donc, de ficher qui se serait fait vacciner, ou non, parmi les Monégasques et résidents, par l’intermédiaire de ce portail. Monaco Santé est actuellement disponible gratuitement via un ordinateur, une tablette ou un smartphone. L’application mobile est disponible sur iOS et Android.  

Monaco Santé : un lancement en trois étapes

1 – Le 15 octobre 2020. Une dizaine de professionnels de santé ont été formés et accompagnés pour les aider à migrer leurs données sur la plateforme numérique. 
2 – Le 14 décembre 2020. Le portail est ouvert, de manière restreinte dans un premier temps, pour tous les professionnels de santé et patients de la principauté. 
3 – Le 21 janvier 2021. Le portail a été officiellement lancé par le conseiller ministre Didier Gamerdinger et le délégué interministériel Frédéric Genta.