Edito n°1258 : Asphyxie

Cette fois, le Conseil national en a assez. Dans la soirée du 6 octobre 2022, à l’occasion du vote du budget rectificatif 2022, les élus ont signifié les uns après les autres leur mécontentement face aux embouteillages qui paralysent régulièrement Monaco aux heures de pointe, le matin et en soirée. La qualité de vie est en baisse, ont jugé les conseillers nationaux, qui estiment que, plus globalement, à moyen terme, c’est l’attractivité de la principauté qui pourrait être handicapée. Toujours en pointe sur ce sujet, l’élu Union Monégasque (UM), Jean-Louis Grinda, est revenu à la charge, exhumant au passage un serpent de mer, celui du « droit à la tranquillité », accompagné de ce commentaire : « Ça fait 10 ans qu’on en parle, et les choses ne se font pas. Le gouvernement ne veut pas nous entendre. Il n’y a donc aucun espoir d’amélioration. Dont acte. Rendez-vous pour la campagne électorale [des élections nationales du 5 février 2023 — NDLR]. » Avec plus d’une quarantaine de chantiers en cours, le gouvernement est pris entre le marteau et l’enclume. « On ne peut pas tout vouloir, tout et son contraire. Nous avons la densité urbaine la plus forte au monde. On discute des contraintes liées aux 41 chantiers en cours en principauté, mais personne n’est favorable à ce que l’on réduise ces chantiers. […] Les questions posées traduisent un agacement des résidents face à tel ou tel chantier en termes de bruit, de circulation, de gênes. Ces 41 chantiers correspondent à des besoins, et à des besoins que vous défendez, la plupart du temps », a répondu le ministre d’État, Pierre Dartout. Reprenant la balle au bond, l’élu Priorité Monaco (Primo !), Franck Lobono, a précisé que « seulement quatre chantiers sur 41 » avaient pour objectif de construire des logements destinés aux Monégasques. Pas facile de parvenir à gérer deux sujets qui semblent inconciliables, à savoir une politique que le gouvernement monégasque souhaite « ambitieuse » de constructions d’équipements publics ou de logements domaniaux, sans engendrer la moindre nuisance. Si le ton est parfois monté autour de ce sujet en fin de soirée le 6 octobre, le gouvernement et les élus se sont au moins entendus sur un point : il n’y a pas une solution unique à mettre en place pour régler ce problème, mais une batterie de mesures qu’il faut déployer. « Intégrer d’avantage les bus de ville et transfrontaliers, intensifier la desserte par le train, favoriser le covoiturage, l’usage des vélos, réaliser de nouvelles liaisons mécaniques, ou encore construire des parkings-relais », a énuméré Pierre Dartout. Comme un symbole, le 10 octobre 2022, autour de 18 heures, Monaco était une nouvelle fois asphyxié par des bouchons pendant plusieurs heures.