Edito n°1203 : Bitcoin

Monaco peut-il s’imposer sur le marché des cryptomonnaies ? Comment la principauté doit-elle se positionner sur ce secteur qui a littéralement explosé depuis le lancement du bitcoin, début 2009 ? Le gouvernement monégasque avance, sans doute pas assez vite vis-à-vis d’un secteur constamment en mouvement. Un projet de loi est à l’étude. Il concerne la numérisation d’actifs, appelée la « tokenisation » d’actifs. Ce texte permettra de diviser un bien en jetons numériques [“tokens” en anglais — NDLR] qui auront une valeur financière. En juin 2020, le Conseil national a voté une autre loi sur ce sujet. Elle concerne les offres de jetons [“Security Token Offerings” — NDLR]. Ce texte autorise certaines entreprises à lever des fonds en jetons, par le biais de la technologie blockchain. Objectif pour le gouvernement monégasque : se montrer séduisant, en attirant ainsi des entreprises tournées vers le numérique. Prochaine étape : le vote d’une nouvelle loi pour encadrer les plateformes d’échange, c’est-à-dire les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN). Ces sites gèrent notamment les activités d’achat-vente et de conservations d’actifs numériques. En France, une liste blanche de 19 PSAN a été validée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Reste à savoir comment la principauté va gérer ce sujet. Est-ce que Monaco va s’appuyer sur cette liste française ? Ou est-ce que l’Association monégasque des activités financières (Amaf) sera sollicitée pour délivrer des agréments ? Une certitude, ces textes de loi réglementaires sont loin de l’esprit libertarien qui a présidé à la création du bitcoin, début 2009. L’objectif de cette cryptomonnaie était alors de permettre aux individus de se passer des États, notamment en leur montrant qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir battre monnaie. Et aussi de pouvoir réaliser des transactions, sans passer par le dollar ou l’euro. Mais tout n’est pas parfait dans le monde des cryptomonnaies. Selon le rapport annuel de Chainalysis, le total des transactions cryptocriminelles était de 10 milliards de dollars en 2020, contre 21,4 milliards en 2019. Il représentait 0,34 % des transactions en 2020 (2,1 % en 2019). Même si ces chiffres sont orientés à la baisse, ils restent énormes. Face à cela, la stratégie des États consiste à tout simplement empêcher la transformation des bitcoins en devises classiques. Ce jeu du chat et de la souris est donc partie intégrante des cryptomonnaies, tout comme leur extrême volatilité, bitcoin en tête. Ce dernier valait 0,001 dollar à sa création, en 2009. Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 6 juillet 2021, un bitcoin s’échangeait contre 34 767,40 dollars (29 267,20 euros). Et ce n’est pas fini.