Edito n°1190 : Méfiance

La séquence AstraZeneca est terminée, mais elle pourrait laisser des traces. On se souvient que le 11 mars 2021, plusieurs pays ont décidé de suspendre la vaccination contre le Covid-19 qu’ils avaient lancée avec ce vaccin. Mettant en avant le « principe de précaution », ils ont pointé des cas présumés de thrombose survenus après l’injection. Dans la foulée, l’Allemagne, puis la France quelques heures plus tard, ont à leur tour suspendu ce vaccin. De son côté, Monaco a lancé une précommande européenne, mais n’a pas encore été livrée. Seul le vaccin Pfizer-BioNTech est actuellement disponible en principauté. Ce qui n’a pas empêché le gouvernement monégasque et le Conseil national d’afficher la plus grande prudence, expliquant que rien ne serait fait à Monaco avec le vaccin AstraZeneca tant que les doutes ne seraient pas levés. Après une suspension temporaire décidée le 15 mars 2021, l’Agence européenne des médicaments (AEM) a finalement donné son feu vert le 18 mars 2021 pour que se poursuivent les campagnes de vaccination dans les pays de l’Union européenne (UE). De son côté, la Haute autorité de santé (HAS) française a publié un avis le 19 mars 2021 recommandant d’administrer ce vaccin aux plus de 55 ans. Mais il faut désormais faire face aux conséquences. Selon un sondage YouGov, la confiance dans le vaccin AstraZeneca a chuté. En France, 61 % des personnes interrogées ne l’estiment pas sûr, soit une hausse de 18 points par rapport à une étude publiée en février 2021. En Allemagne, 55 % des personnes le jugent dangereux (+ 15 %), et en Italie seulement 36 % le considèrent comme fiable. Seul le Royaume-Uni, où ce vaccin est majoritairement utilisé, continue d’afficher sa confiance, à 77 %, en recul de 4 %. Sans surprise, le crédit des Européens placé dans le vaccin d’AstraZeneca est en chute, et c’est une donnée qui vient complexifier, et assombrir, un peu plus l’horizon de la vaccination. Si aucun chiffre ne circule à Monaco concernant l’acceptation autour de ce vaccin, il y a fort à parier que la défiance sera la même qu’en France ou qu’en Italie. Les livraisons de vaccins étant sporadiques, il faudra mesurer dans les semaines qui viennent l’impact que cet épisode AstraZeneca aura eu sur le rythme de vaccination que voulait suivre le gouvernement monégasque. Et trouver des solutions pour tenter de surmonter la méfiance ambiante.