vendredi 26 avril 2024
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Qualité de vie, Stéphane Valeri
« ambitieux pour Monaco »

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Gratuité des bus, télécabine, sarcophage acoustique… Le président du Conseil national, Stéphane Valeri, a demandé à un groupe de travail de sa majorité Priorité Monaco de réfléchir à des propositions pour améliorer la qualité de vie à Monaco. Le 18 juin, lors d’une rencontre avec les entrepreneurs de la Jeune chambre économique, il a avancé plusieurs idées.

«La qualité de vie est parfaitement conciliable avec le développement économique. » Invité par la Jeune chambre économique de Monaco (JCEM) à s’exprimer sur ce sujet, Stéphane Valeri, président du Conseil national, a été clair. Pour autant, le constat actuel montre un très sérieux déséquilibre. « Aujourd’hui, il faut recentrer le curseur qui a largement tourné à l’avantage du développement économique. » Il y a peu, celui-ci a mandaté un groupe de travail de sa majorité, chapeauté par le président de la commission environnement et cadre de vie Guillaume Rose, pour proposer des solutions au gouvernement princier. « Il n’y a pas une solution miracle. C’est une approche globale qu’il faut avec une ambition et une volonté politique forte », soutient-il.

Ressenti de la population

Face à lui, plusieurs acteurs économiques de la principauté, mais aussi des représentants des autorités monégasques, à l’image de Marie-Pierre Gramaglia, conseiller-ministre de gouvernement pour l’équipement, l’urbanisme et l’environnement. « C’est notre devoir institutionnel de traduire le ressenti de la population. Nos premiers échanges ont été assez contradictoires. Mais il y a des choses à faire, c’est possible ! », persiste Stéphane Valeri. Notant une « avancée » avec l’instauration de deux arrêtés ministériels concernant le bruit émis par les chantiers, les élus du Conseil national espèrent mettre encore plus de pression sur les épaules des sociétés en charge des chantiers. « Au Jardin Exotique, il a fallu 7 mois pour effectuer des travaux de voirie. Cela représente moins d’un mètre par jour. C’est inacceptable. C’est d’un mépris profond pour les habitants et les salariés de Monaco », s’énerve-t-il, exigeant des « mesures immédiates, efficaces et perceptibles ».

Phasage maîtrisé

Bien en peine, le conseiller-ministre Gramaglia a bien pu lui rétorquer un phasage maîtrisé et des contraintes liées à l’obligation de passage pour les pompiers. « Dans les cas de travaux non bruyants, il faut faire les travaux le soir et le week-end. Il faut exiger des entreprises concessionnaires une augmentation des effectifs. On doit et on peut faire plus vite », lui répond Stéphane Valeri. « Il faut que le gouvernement impose plus souvent l’intérêt général. C’est sur les chantiers privés qu’il faut que le gouvernement s’attelle. » Sur 30 chantiers en cours, 12 sont publics, dont 3 concernent des constructions de logements domaniaux. La multiplication des chantiers est une immense source de bruit en principauté. « Il ne faudra pas accorder automatiquement les demandes de chantiers privés », prévient Valeri, qui donne la priorité aux logements domaniaux.

Sarcophage acoustique

Sur cette question ardue des chantiers, le président du Conseil national appelle déjà à mieux « phaser ». « Aujourd’hui, on a un calendrier, mais on n’a pas de phasage. » Il ne souhaite plus voir de dérogations accordées non plus. Cette harmonisation passe aussi par l’application « systématique » des arrêtés ministériels « à tous les chantiers ». Il enjoint fortement le gouvernement à recruter et à mettre sur le terrain d’avantage de contrôleurs et à sanctionner en cas de non-respect des règles. Pour atténuer les effets du bruit, Stéphane Valeri veut voir plus de sarcophages acoustiques en place. Ceux-ci abaisseraient de 30 à 60 % les nuisances sonores. « Si ça fonctionne en Asie, pourquoi ça ne fonctionnerait pas chez nous ? Oui, ça implique un surcoût. Mais nous sommes dans un pays où le mètre carré est le plus cher du monde, et où le taux de l’impôt sur les entreprises est très bas. Quand on ne paie pas d’impôt sur les bénéfices, on peut investir pour la tranquillité des résidents. »

Télécabine

Autre gros morceau qui gâche incontestablement la vie des résidents, mais aussi des pendulaires : la mobilité. « Il faut agir et prendre des mesures courageuses », adresse-t-il à Marie-Pierre Gramaglia. Cela passe forcément par des parking relais, dit de dissuasion. « On en parle depuis le début des années 1990. On aura mis 30 ans pour avoir le premier. » En effet, 1 820 places seront livrées dans deux ans au Jardin exotique. Le projet de télécabine devrait permettre aux usagers du parking de relier le Jardin exotique à Fontvieille, puis au Rocher. Sur cette question, Stéphane Valeri a changé son fusil d’épaule, puisqu’il adhère désormais à l’idée. « Il faut être cohérent et aider à la fluidité du trafic. Je ne suis pas enthousiaste, mais il faut savoir être rationnel. » Quoi d’autre ? « A l’Est, il faut discuter avec la mairie de Roquebrune-Cap-Martin, et la convaincre de construire un parking sur son territoire à Saint-Roman », plaide Valeri.

Funiculaire souterrain

Marie-Pierre Gramaglia a confirmé que cette initiative avait déjà été lancée. « Les discussions sont ouvertes à Roquebrune pour 500 places. A Testimonio, il y en aura 300 sur 700 de public. Le reste bénéficiera aux locataires des domaniaux. » Le conseiller-ministre annonce aussi une avancée notable au niveau de la Brasca. « Nous avons fait modifier le plan local d’urbanisme métropolitain pour nous permettre d’y réaliser un parking de dissuasion. Celui-ci sera relié à Monaco par un funiculaire souterrain jusqu’à l’îlot Charles III. » Ces efforts devront s’ajouter à d’autres. Le Conseil national propose carrément d’arrêter le flux de voitures hors immatriculation à Monaco, « 06 », ou pour les clients des hôtels et boutiques de luxe. Et pourquoi pas un péage urbain ? « Le parking de dissuasion est une sorte de péage urbain, puisqu’il faut le payer, et ensuite payer la télécabine. On peut commencer par là car cela pourrait poser un problème d’image. Soyons prudents », conseille le président du Conseil national.

Gratuité des bus

Stéphane Valeri tient aussi un nouveau combat, avec la mise en place de la gratuité des bus pour les résidents de Monaco et des communes limitrophes en principauté. Un sujet qui a donné lieu à une petite empoignade avec Marie-Pierre Gramaglia, clairement pas d’accord avec l’intérêt d’une telle mesure. « A Châteauroux la gratuité, c’est +100 % d’usagers, à Aubagne +170 %, à Dunkerque, +50 % », assure Stéphane Valeri. « Dans les villes citées, la fluidité du trafic fait que les gens prennent plus le bus. Ce n’est pas le cas ici. Le coût serait de 5 millions d’euros, pour un effet pas à la hauteur », répond le conseiller-ministre. Elle met aussi en avant les quelque 18 000 personnes qui bénéficient déjà de la gratuité. « On va vous les trouver les 5 millions d’euros pour un test d’une année », répond du tac au tac Valeri. Côté mobilité toujours, outre la desserte ferroviaire, c’est vers la mer et les navettes maritimes que le Conseil national veut mettre l’accent. « A Toulon, ça fonctionne. Dans l’Atlantique, ça marche ! Un tiers des salariés de l’agglomération niçoise est prêt à laisser sa voiture pour prendre une navette maritime. Cela représente 3 000 personnes. Et avec 800 000 euros, une entreprise est prête à mettre 3 ou 4 liaisons par jour entre Nice, Monaco et Menton. Faisons-le, le plus rapidement possible », insiste Valeri. « L’appel d’offre sera lancé cet été. Cela représente un investissement de 3 millions d’euros sur 3 ans. Nous y croyons, c’est en cours », rassure Marie-Pierre Gramaglia.

Mesures innovantes

Les idées du groupe de travail du Conseil national sont encore très nombreuses et portent sur la qualité de vie en général. Il appelle à des mesures innovantes, que ce soit en matière de tri « pour aller vers le zéro déchet », pour en arrêter l’incinération, favoriser des habitudes vertueuses comme le télétravail, limiter les bouteilles en plastique ou remplacer les autobus par des véhicules électriques « maintenant et pas dans 12 ans comme programmé ». Pourquoi un tel acharnement ? « En termes de qualité de vie, nous devrions être un État exemplaire. Et nous ne le sommes pas toujours. » Pour un développement plus harmonieux et une attractivité inchangée, Stéphane Valeri interpelle : « Soyons ambitieux pour Monaco ! ». La question reviendra très vite dans les débats entre gouvernement et Conseil national.