jeudi 18 avril 2024
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Nice-Matin vers un redressement judiciaire ?

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Les éditions du groupe Nice-Matin devraient être déclarées en cessation de paiement dans quelques jours devant le tribunal de commerce de Nice.

Au siège de Nice-Matin, le personnel ne semble guère se faire d’illusions. Aucun investisseur, sauveur providentiel prêt à injecter environ 25 millions d’euros nécessaires à la modernisation de l’entreprise, n’est encore apparu à Philippe Hersant, propriétaire du titre depuis 2007 via le groupe Hersant Médias (GHM). Une situation qui devrait le pousser à déclarer les éditions de Nice-Matin (Nice-Matin, Var-Matin, Monaco-Matin, Corse-Matin) en cessation de paiement, en début de semaine prochaine au plus tard. Ce scénario entraînerait le placement de la société en redressement judiciaire. Il inciterait les éventuels investisseurs enclins à entrer au capital à attendre que le « ménage » soit fait dans le groupe. Quelques noms ont bien circulé. Mais si des renseignements ont été pris, aucun d’entre eux n’aurait pour l’heure donné suite. Fin 2013, le déficit du groupe était estimé entre 4 et 6 millions d’euros, de sources syndicales.

La crainte d’une casse plus lourde
En interne, les discussions demeurent de rigueur entre syndicats et direction sur l’avenir du quotidien. Le plan de suppression de 148 emplois (contre 183 initialement) doit permettre au groupe d’économiser 14 millions d’euros et d’éviter tout licenciement sec. « Les négociations se poursuivent », indique Frédéric Bertaina, secrétaire général de la CGT Nice-Matin. « La durée d’étalement du plan bloque encore. Nous demandons à ce qu’il soit étalé sur trois ans et la direction souhaite qu’il soit exécuté sur 12 ou 14 mois. A part ça, nous sommes d’accord à 80 % sur le plan. Il n’y a pas de dépôt de bilan à l’ordre du jour », développe-t-il.
Pour rappel, d’autres mesures accompagnent ce plan dont la fin des intérimaires (CDD, intérim) au sein du groupe et le non-paiement des heures supplémentaires. Cependant, la perspective du redressement judiciaire alimente la crainte, chez une partie des salariés, d’une casse bien plus lourde. Il n’en fallait pas davantage pour que les mises en garde de septembre dernier, émanant du Syndicat national des journalistes de Nice-Matin, refassent surface. « La spirale, on la connaît tous. C’est celle d’ArcelorMittal, de PSA ou de Dunlop. C’est la saisine du tribunal de commerce et la nomination d’un administrateur judiciaire. C’est l’élaboration d’un plan de sauvegarde qui ne pourra être que douloureux. Le chiffre de 200 licenciements est avancé », prévenait à l’époque le SNJ dans un communiqué. Contactée, la direction de GHM n’a pas souhaité s’exprimer.

Deux mariages ratés
Depuis le 21 décembre 2013, le groupe Hersant Médias détient à nouveau Nice-Matin à 100 %. Bernard Tapie s’en est totalement désengagé, ainsi que du capital de GHM. L’homme d’affaires s’est emparé à 80 % du quotidien La Provence. Dans le même temps, Corse-Matin reste détenue à parité entre La Provence et Nice-Matin. Les employés de Nice-Matin pourraient néanmoins nourrir des regrets car Tapie, qui avait signé un chèque de 4,3 millions d’euros pour régler en urgence les salaires des journalistes de Nice-Matin et de La Provence en février 2013, vient d’injecter 6 millions d’euros dans le quotidien provençal dès sa prise de contrôle. Confronté à une baisse des ventes selon les chiffres de l’OJD, le quotidien du Sud-Est a vécu deux mariages ratés en deux ans au niveau de son actionnariat. Le premier avorté avec le groupe belge Rossel en 2012 et le second qui a débouché sur un divorce avec Bernard Tapie, six mois après union.