vendredi 26 avril 2024
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Investir en Serbie pourquoi Monaco s’y intéresse

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Alors qu’un accord a été signé entre la Chambre de commerce et d’industrie de Serbie et le Monaco economic board (MEB) pour développer les relations commerciales entre les deux États, Monaco Hebdo a questionné Guillaume Rose, directeur général du Meb, sur les opportunités à saisir dans ce pays des Balkans qui se veut de plus en plus progressiste.

Tout a commencé les 7 et 8 octobre 2020. Le prince Albert II se rendait en visite officielle à Belgrade, en Serbie, avec sa délégation, pour rencontrer en tête-à-tête le président de la République Aleksandar Vucic. Parmi les nombreux sujets d’intérêts communs abordés entre les deux chefs d’État, comme les questions diplomatiques et de développement durable, la rencontre a abouti sur un accord économique. Ou, plus exactement, sur la signature d’un protocole d’accord entre la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Serbie et le Monaco economic board (Meb). Concrètement, ce protocole invite les deux organismes à coopérer et à échanger de façon plus accrue à l’avenir, en facilitant les déplacements d’entrepreneurs monégasques en république de Serbie. Et vice-versa. Quoi de neuf quatre mois après ? Pas grand-chose, crise sanitaire oblige. Un webinaire a toutefois été organisé par le Meb le 17 février 2021 pour présenter les opportunités business à saisir en Serbie. Un pays auquel on ne pense pas de prime abord, ou peu.

Un pays plus progressiste

Guillaume Rose, directeur général du Meb, était du déplacement en Serbie lors de la visite officielle du prince Albert II, en octobre dernier. Et, selon lui, c’est évident, les opportunités ne demandent qu’à être saisies de ce côté des Balkans : « Beaucoup l’ignorent, mais les Serbes sont dynamiques, avec des dirigeants jeunes et progressistes. Ils sont ouverts et cherchent partout des solutions de développement, car ils sont encore un peu en marge de l’Europe, malgré leur envie de rejoindre l’Union européenne (UE). » Politiquement parlant, le pays a, en effet, bien changé depuis la guerre d’indépendance du début des années 1990. Il semble même changer radicalement, à l’image de son Premier ministre, Ana Brnabic, une femme de 48 ans d’origine croate, pro-européenne et ouvertement lesbienne, alors que la constitution serbe ne reconnaît pas les couples du même sexe. Le gouvernement semble ainsi faire de son mieux pour se rendre plus “UE friendly” et réchauffer un peu le climat des affaires avec ses nouveaux partenaires, jugés plus démocrates et progressistes que lui. D’un point de vue diplomatique aussi, la Serbie compte plusieurs accords de libre-échange signés avec l’UE, la Russie, et les pays de l’Accord de libre-échange centre-européen (Alece) dont elle fait partie. Toujours dans l’espoir de rejoindre l’union des 28 États européens.

Agroalimentaire, numérique et énergies renouvelables

L’heure est donc à l’ouverture et aux échanges. Tant mieux pour les entrepreneurs monégasques, si l’on en croit Guillaume Rose. Il y aurait tout d’abord des opportunités à saisir dans le secteur de l’agroalimentaire. Le pays compterait en effet six millions d’hectares de terres agricoles, souligne le directeur général du Meb : « À Monaco, nous avons beaucoup de membres dans le “trading” international qui achètent et revendent des matières premières. Et il n’y a pas de décalage à craindre, puisque leur siège est à Monaco. » Autre secteur clé, ajoute Guillaume Rose, celui de l’innovation et du numérique : « Nous sommes en lien direct avec des pépinières d’entreprises serbes qui proposent beaucoup de solutions innovantes en matière de vente, de modélisation et d’imagerie 3D. À titre d’exemple, Télécom Serbia a fortement développé son département numérique. » Enfin, les énergies renouvelables semblent être le principal secteur dans lequel le pays souhaite se spécialiser : « La Serbie se jette à corps perdu dans ce secteur. Ils sont déjà très présents sur le lithium, qu’on utilise pour développer les batteries de voitures électriques. Et le gouvernement serbe fait preuve d’un grand savoir-faire en la matière, avec beaucoup d’investissements à la clé. »