Le 16 décembre 2019, dans le cadre des discussions autour du budget primitif 2020,

les élus ont réclamé davantage de moyens pour l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (Avip), notamment pour faire face aux situations d’urgence le soir et le week-end.

L’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (Avip) a réclamé 50 000 euros pour louer en urgence un appartement de 4 pièces à Beausoleil pour les femmes victimes de violences conjugales. C’est l’information rapportée en début de soirée, le 16 décembre 2019, par la présidente de la commission pour les droits des femmes et de la famille, Nathalie Amoratti-Blanc. « Mais les statuts de l’Avip ne lui permettent pas d’être en charge de l’hébergement, a répondu le conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Didier Gamerdinger. Il faut que l’on discute pour voir s’il est nécessaire de faire évoluer les statuts et la convention de cette association. Les femmes victimes de violence n’ont pas besoin que d’un appartement. Elles ont aussi besoin d’un accompagnement psychologique dont disposent les services de l’Etat ».

« Réflexion »

Concernant les deux cas délicats signalés par l’Avip, Didier Gamerdinger a expliqué que, « dans une situation, la personne ne s’est pas présentée chez nous. Et dans l’autre cas, la personne s’est présentée pour demander de l’argent, pas un hébergement. Donc je ne pense pas que la direction de l’action et de l’aide sociale (Daso) ait failli ». Puis, évoquant une réunion entre l’Avip et Céline Cottalorda, la déléguée pour le comité pour la promotion et la protection des femmes à laquelle il n’a « pas assisté », et au terme de laquelle il a été décidé que l’Avip ne devait pas gérer des appartements, le conseiller-ministre pour les affaires sociales n’a toutefois pas définitivement fermé la porte : « Le gouvernement va continuer à regarder, sans a priori. Il faut associer à cette réflexion la direction des services judiciaires, avec qui il faut se coordonner. Car les magistrats sont là pour garantir la protection des libertés individuelles et la protection des femmes. A eux de nous dire ce qui leur paraît le plus pertinent. » Questionné sur le dispositif en place et sur sa capacité à absorber des urgences qui surviendraient le soir ou le week-end, le conseiller-ministre pour les affaires sociales a rappelé que l’Etat dispose de 22 appartements d’accueil d’urgence, avant d’assurer avoir « la capacité d’accueillir des mères avec des enfants en bas âge au foyer de l’enfance princesse Charlène. » Puis, il a ajouté : « Nous disposons aussi de crédits pour prendre en charge des nuitées dans le secteur hôtelier. Aujourd’hui, ces moyens ne sont pas saturés ».

« Vous caricaturez ma position. Je vous ai dit que j’étais intéressé par un rôle différent de celui que remplit à l’heure actuelle l’Avip, précisément pour répondre aux situations d’urgence du soir et du week-end ». Didier Gamerdinger, conseiller-ministre pour les affaires sociales.

« Filet de sécurité »

Des arguments qui n’ont pas complètement satisfait la présidente de la commission des droits de la femme et de la famille, Nathalie Amoratti-Blanc : « Il faut se mettre autour d’une table pour ce que nous ne voulons pas qu’il arrive en principauté finisse par arriver un jour et que l’on puisse encadrer au mieux les violences. » Puis, le président du Conseil national, Stéphane Valeri a pris la parole pour résumer les positions de sa majorité, Priorité Monaco (Primo !) : « Notre préoccupation, c’est l’accueil d’urgence de femmes battues. Quand l’urgence est à 2 heures du matin ou le dimanche matin, il faut que l’on soit aussi très réactif. Or, la vie associative permet la flexibilité et la réactivité. Avec la Daso, le gouvernement a installé un filet de sécurité, et c’est très bien. Nous on veut créer un deuxième filet, et vous nous dites qu’il n’est pas utile. Or, deux cas ont été soulevés par l’Avip. Donc ce filet a été troué deux fois ces derniers mois. » Et si le Conseil national se trompait ? Anticipant la question, Stéphane Valeri a immédiatement ajouté : « Et même si on avait tort, ce deuxième filet va coûter 50 000 euros. Si vous vous trompez, vous laissez rentrer des femmes battues sans solution chez elles le soir. Et ça, c’est insupportable pour le Conseil national. » La réaction du gouvernement a été immédiate. « Vous caricaturez ma position, a répondu Didier Gamerdinger. Je vous ai dit que j’étais intéressé par un rôle différent de celui que remplit à l’heure actuelle l’Avip, précisément pour répondre aux situations d’urgence du soir et du week-end. J’adhère à votre notion de « filet de sécurité ». L’écoute doit être permanente et ne pas s’arrêter le soir ou le week-end. Ce n’est pas une question de 50 000 euros, c’est savoir comment faire au mieux. Pour cela, parlons-nous. » Dans un premier temps, Didier Gamerdinger s’est dit favorable à ce que l’Avip gère des crédits afin de pouvoir, en cas de nécessité, louer en urgence une chambre d’hôtel ou une résidence hôtelière, « sachant que la Croix rouge monégasque le fait aussi ». Mais sur ce sujet éminemment sensible, le Conseil national ne relâche pas la pression. « Nous attendons donc la décision rapide et concrète pour avoir ces moyens, soit en appartement, soit financier pour que l’Avip puisse faire face, au cas où. On en reparlera donc très vite pour demander un calendrier précis au gouvernement », a conclu Stéphane Valeri. Rendez-vous début 2020.

La suite de notre dossier d’actualités monégasques disponible ici.