samedi 27 avril 2024
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Augmentation de capital,
chantiers… SBM : C’est parti !

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La Société des bains de mer va lever des fonds pour financer son complexe immobilier du Sporting d’Hiver et le lifting de l’Hôtel de Paris. L’augmentation de capital pourrait intervenir dès la fin octobre.

 

On en parle depuis deux ans mais ça y est : désormais, le calendrier ne bougera plus. Le 3 octobre, les fameux “galets” de la place du casino (surnommés aussi œufs ou igloos, au choix !), relogeant les boutiques de l’avenue des Beaux-Arts, seront inaugurés et ouverts au public. Dans la foulée, le chantier préparatoire tant attendu du nouveau Sporting d’Hiver et de l’Hôtel de Paris pourra démarrer. Un chantier qui commencera obligatoirement par l’isolement de la zone, avant de procéder au désamiantage puis au “grignotage” du bâtiment Art déco.

Pour financer ces travaux qui pourraient se chiffrer à 690 millions d’euros (fourchette haute), la Société des bains de mer avait besoin de lever des fonds. Après plusieurs exercices difficiles qui se sont soldés par des pertes, le groupe hôtelier monégasque affiche toujours un résultat opérationnel négatif malgré un retour à une situation bénéficiaire au terme de l’exercice 2013-2014. C’est pourquoi, en quête d’argent frais, elle procède à une augmentation de capital de 220 millions d’euros. Le 19 septembre, ses actionnaires ont donné leur feu vert en votant à plus de 99 % en faveur de cette opération. Seul le timing reste encore incertain : « Il y a des fenêtres de tirs en fonction des procédures locales et de la réglementation de l’Autorité des marchés financiers française. Soit l’augmentation de capital sera réalisée très vite, fin octobre, soit en janvier 2015. On l’annoncera la semaine prochaine », a indiqué vendredi le président du conseil d’administration de la SBM. On sait déjà que l’Etat assurera ses 69 % lors de l’augmentation de capital. Et il garantit même l’intégralité de l’opération au cas où les actionnaires feraient défaut…

 

Cession d’actifs

Si l’augmentation de capital a été validée par tous les actionnaires, c’est le principe d’un recours à la dette pour financer deux tiers des travaux qui passe mal chez certains petits porteurs. Notamment le fonds d’investissement KBL Richelieu. « Au vu de la situation financière, je trouve l’investissement particulièrement lourd. Pourquoi ne pas céder des actifs pour dessiner un financement plus intelligent pour l’actionnaire ? », s’interroge ainsi Nathalie Martin-Pelras, CIO de KBL Richelieu Gestion, qui estime que le patrimoine du groupe hôtelier aurait pu largement couvrir en partie les travaux. D’autant qu’initialement, la SBM avait envisagé de vendre un actif telle la résidence hôtelière toute neuve du Balmoral. « On en a débattu avec le conseil d’administration et l’actionnaire majoritaire. Pour le bien de cette société, on a estimé qu’il n’était pas intéressant de se départir du patrimoine. Ni du Balmoral ni de la Vigie », explique aujourd’hui Jean-Luc Biamonti, selon qui La Vigie, située sur le territoire français, comporte un inconvénient majeur : la SBM, imposable sur les plus values, aurait à payer 33 % sur les 100 millions d’euros que rapporterait la vente de l’ancienne villa habitée par Karl Lagerfeld…

Autre argument de poids : « La construction du projet immobilier du Sporting est estimée aujourd’hui entre 350 et 400 millions d’euros. Si le nouveau centre commercial était disponible aujourd’hui, et qu’on le mette à la vente, il rapporterait 1 milliard d’euros ! A terme, la prévision de cash flow est de 50 millions d’euros par an, estime Jean-Luc Biamonti. On ne s’endette pas pour créer un patrimoine non rentable mais pour générer une profitabilité. »

Bref, pas question de se départir de ses bijoux de famille. Du moins pour le moment. Le conseil d’administration n’exclut pas de rouvrir cette discussion plus tard, au cas où la conjoncture internationale l’oblige… « Céder un bien est faisable à tout moment. Dans le pire des cas, on peut même laisser aux banques l’un des immeubles du complexe du Sporting. Si cela tourne mal, on fera sous la contrainte ce que l’on aurait pu faire sans contrainte… », conclut Jean-Luc Biamonti. Une cession d’actifs qui se ferait alors « en toute transparence », a assuré le président du conseil d’administration. Lors de l’assemblée générale, Marco Piccinini, actionnaire de la société, a en effet demandé qu’une telle opération ne se fasse pas en mode « Usual suspect mais avec un appel d’offres international, afin d’obtenir le prix le plus haut dans l’intérêt des actionnaires, qu’ils soient majoritaire (l’Etat) ou minoritaires. »

 

Emprunt

Le recours à l’endettement, s’il est acté, ne devrait a priori pas se concrétiser avant 2015. Pour les dirigeants de la SBM, pas question de s’endetter dans la précipitation, avant 12 à 18 mois. Les banques consultées leur ont d’ailleurs intimé de procéder au préalable à l’augmentation de capital. A cette heure, on ne sait pas encore si la SBM souscrira un emprunt obligataire ou bancaire. La question reste encore ouverte. Même si aujourd’hui les conditions d’un emprunt bancaire seraient meilleures. Tout dépendra de l’évolution économique de la société. Si cette dernière a entamé des réformes structurelles pour diminuer ses frais — par exemple, le programme de départs à la retraite anticipée, qui a coûté 4,5 millions d’euros, a été remboursé en deux exercices, et engendre aujourd’hui une économie —, l’objectif est bien évidemment de revenir à l’équilibre. Ce qui motiverait aussi davantage d’investisseurs potentiels. « Notre objectif est de favoriser l’arrivée de nouveaux partenaires ouverts à des synergies pour aider le groupe à se développer », a rappelé Jean-Luc Biamonti.

 

Chut on négocie !

Pas simple de changer de standing ! Le processus de relogement des boutiques de l’avenue des Beaux-Arts a commencé et 80 % des locataires ont déménagé. Le “pavillon des merveilles” (soit les galets du jardin des Boulingrins) ne compte plus qu’un seul local disponible. Pour autant, certains locataires n’ont pas apprécié de revoir leur prix à la hausse et refusent de bouger. LVMH et Chanel, locataires historiques qui bénéficiaient de loyers “modiques” revalorisés uniquement à hauteur de l’inflation, n’ont toujours pas accepté les nouvelles conditions tarifaires du futur centre commercial. « Les contacts ne sont pas rompus. On espère que les discussions aboutissent », indique sobrement le président Biamonti. La SBM ne s’est pourtant pas montrée a priori si gourmande puisqu’elle aurait pris comme référence le haut de gamme de Cannes, avec une décote de 20 %. Si la phase de négociation continue, l’affaire se corse : la procédure d’éviction a été lancée. En cas d’échec des discussions, la SBM est déjà prête à récupérer les m2 des réfractaires…

 

La loi de désaffectation entérinée ?

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La destruction du bâtiment Art Déco du Sporting d’Hiver précèdera l’érection de 4 bâtiments signés Richard Rogers, l’architecte de Beaubourg. © Rogers – Giraldi.

Beaucoup de bruit pour rien ? C’est peut-être ce que se diront un jour les dirigeants de la SBM, le gouvernement et les élus. Il aura en effet beaucoup de temps pour finaliser puis voter (le 8 octobre prochain) la loi de désaffectation permettant de concrétiser les projets immobiliers de la Société des bains de mer. Dans les faits, il s’agit d’un échange basique de parcelles permettant à l’Etat de construire dans un avenir proche l’opération Testimonio II. « Le gouvernement a beaucoup traîné dans les négociations avec la SBM. Je crois pouvoir dire que le seul à avoir été droit dans ses bottes, et qui est prêt depuis très longtemps, c’est le président directeur délégué, Jean-Luc Biamonti. Je crois que les torts sont partagés entre un gouvernement qui n’a que trop pris son temps et une majorité qui n’a que trop tergiversé, au moins dans les paroles, pour en faire un acte politique », juge l’élu UM Jean-Louis Grinda.

 

Ecole de jeu début 2015

Du côté de Horizon Monaco, au contraire, ces discussions ont permis d’obtenir certaines avancées : une école de jeu début 2015 et un parking supplémentaire de plus de 400 places dans le quartier des Boulingrins. « Il a été acté et confirmé par le gouvernement par écrit. Il serait financé par l’Etat pour un coût d’environ 40 millions d’euros et serait construit concomitamment au projet du Sporting d’Hiver », indique la majorité parlementaire dans un communiqué, taclant au passage « l’absence d’une vision claire concernant le plan jeux ». Pour la SBM, il était en effet hors de question de construire un parking plus grand que ce qui était prévu pour le complexe immobilier. « Le rajout d’un ou deux étages de parking sur le projet serait très pénalisant. Il engendrerait le retard de la livraison du bâtiment ainsi que des dizaines de millions d’euros de surcoût », a ainsi indiqué le président Jean-Luc Biamonti devant la presse.

 

Sainte-Dévote

Un Biamonti optimiste, suite aux dernières discussions avec le conseil national. Interrogé sur l’éventualité d’un niet du conseil national, le président du conseil d’administration a sorti son plan B. « S’il n’y a pas de vote favorable, on débutera de toute façon les travaux de l’Hôtel de Paris. En attendant, on prie Sainte Dévote », a-t-il souri simplement.

 

« Il n’a pas ouvert la bouche »

C’est la polémique politique de la rentrée. La majorité Horizon Monaco du conseil national n’a pas apprécié qu’Eric Elena (Renaissance) donne une interview à Nice-Matin et révèle les échanges qui se sont tenus lors de la dernière commission tripartite gouvernement/conseil national/SBM. « Nous rappelons à ce conseiller national, élu il y a 18 mois, qu’il n’est pas d’usage de communiquer publiquement sur des échanges tenus en réunion privée », tance la majorité. Avant de balancer : « Cet élu qui n’a pas ouvert la bouche une seule seconde pendant les 3 heures que s’est tenue cette réunion importante, a en revanche retrouvé la parole pour s’épancher dans la presse. Quelle étrange conception du rôle d’élu… » Ambiance.

 

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© Photo MC-Clic

En bref

Hôtel de Paris : masse ou fixe ?

La SBM le répète : sur les 290 employés de l’Hôtel de Paris, aucun n’a été licencié à l’approche des travaux. Après avoir géré des départs à la retraite anticipée ou des mutations d’établissement, la direction a proposé une solution à ceux qui restent : un maintien du salaire calculé sur les 3 dernières années à la condition que les employés acceptent le passage à la rémunération au fixe (dérogatoire à la convention collective). Les salariés doivent donner une réponse et retourner l’avenant à la convention signée le 3 octobre. Avec 2 hypothèses à la clé. Soit une majorité qualifiée d’employés acceptent, et l’Hôtel de Paris entérine ce nouveau mode de rémunération (la direction dit vouloir discuter au cas par cas avec les salariés qui l’auraient refusé). Soit plus de 66 % des salariés refusent cet avenant et la convention collective — avec une masse forcément impactée par les travaux — s’appliquera.

 

Congés rallongés aux Thermes

Pendant ses travaux, qui se poursuivent jusqu’en novembre, les Thermes marins ont dû gérer un imprévu. Faute d’un accord trouvé avec Pôle Emploi pour une mise en branle du chômage partiel, certains salariés se sont vus maintenir leur salaire… pour rester à la maison. Quelques employés, qui ont refusé la formation qui leur avait été proposée, ont bénéficié de congés plus longs.

 

Plébiscite pour Biamonti

Lors de l’assemblée générale du 19 septembre, Jean-Luc Biamonti s’est vu renouveler son mandat d’administrateur avec un vote des actionnaires de 96,89 %. Il a été ensuite réélu président à l’unanimité par le conseil d’administration. Parmi les autres résolutions entérinées par l’assemblée générale des actionnaires, on note la validation de la visio-conférence pour la tenue des conseils d’administration. Ce qui permet de faciliter la prise de décision avec des administrateurs à l’étranger comme par exemple William Timmins, basé à Las Vegas, par exemple.

Autre changement : la SBM ne paiera plus l’intérêt statutaire de centime par action. Et pour cause : cela lui coûtait 14 centimes pour payer un centime aux actionnaires…

 

Quel impact ?

Quel sera l’impact financier des travaux de l’Hôtel de Paris et du Sporting pour la SBM ? Le manque à gagner est difficile à chiffrer. Avant le démarrage des travaux, les résidents à l’année auraient en tout cas accepté sans broncher de déménager de l’Hôtel de Paris vers l’Hermitage voire le Monte-Carlo Bay. Tout dépendra ensuite des nuisances du chantier (surtout la poussière et le bruit), lors de la phase d’excavation. Des nuisances qui selon le directeur des travaux Alain Lambrecht, pourraient durer un an et demi.

 

Tendances

Bonne nouvelle pour la SBM : après un premier trimestre 2014-2015 particulièrement favorable, le deuxième s’annonce satisfaisant, avec un mois de juillet difficile compensé par un bon mois d’août côté hôtellerie. Côté jeux, Jean-Luc Biamonti confirme le bon démarrage de l’ouverture 24h/24 du casino du café de Paris. Malgré la grève des premiers jours, les 580 machines à sous rapporteraient gros. « Il n’y a que deux mois de recul — et 2 mois de forte activité. Il faut attendre 6 mois pour juger. Mais l’on peut déjà dire que ce plus est avantageux “en bottom line” (en résultat net), pas seulement en CA. L’avance prise couvre totalement les coûts pour l’année. Ce qui rentre en plus aujourd’hui, c’est du bénéfice ! », juge le président délégué.

 

Merci la coupe du monde

Betclic peut dire merci au Mondial de football. Après avoir vu son résultat opérationnel monter à 25 millions d’euros en 2013, son budget annuel de 28 millions pourrait « exploser ». « Le sport en a voulu ainsi. A chaque fois qu’il y a eu match nul et qu’on a joué les prolongations, ce fut très bon pour nous… », commente Jean-Luc Biamonti.

Betclic, qui fait essentiellement du pari sportif et un peu de casino, pourrait donc conserver sa part de marché dans le secteur du pari sportif de 2013 (35 %). Avec un plus pour les prochaines années selon le président délégué de la SBM : « L’Allemagne, le Portugal et la Pologne devraient être régulés en 2015. Le passage à la régulation — et donc à de nouvelles taxes — est un point positif pour nous car nous sommes l’opérateur qui a la part de chiffre d’affaires régulé la plus importante alors que d’autres opérateurs sont à 0. Cela remettra tout le monde sur un pied d’égalité. » A Betclic, on regarde déjà vers une éventuelle ouverture du marché aux Etats-Unis.

 

Adieu le Sporting !

La SBM réfléchit à une soirée avec des artistes monégasques pour dire adieu au Sporting d’Hiver. Avant la Journée du Patrimoine organisée le 26 octobre prochain ?

Pour la suite, côté patrimoine, les éléments de la salle des arts seront stockés durant les travaux. La SBM procède également à un inventaire des éléments décoratifs du Sporting et de l’Hôtel de Paris. Une vente aux enchères sera sans doute organisée fin janvier pour céder les éléments de l’Hôtel de Paris qui ne seront pas réutilisés (couverts, assiettes, cendriers, etc). Une autre vente aux enchères est également projetée pour ceux du Sporting d’Hiver.