samedi 20 avril 2024
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Ainsi s’achève 2011

Publié le

Mariage de Charlene et Albert
© Photo Gaetan Luci/Palais Princier

Mariage princier, politique, sport, société… L’année 2011 a été riche en événements. Monaco Hebdo vous propose une rétrospective, non exhaustive, des faits marquants de 2011.

charlene
© Photo Jean-Philippe Marty / Monaco Hebdo.

2011, l’année du mariage princier

En 2011, c’est bien évidemment le mariage du prince Albert et de Charlène Wittstock qui restera dans les annales. Retour en photos sur cet événement festif ultra-médiatisé qui marquera la mémoire des Monégasques et des résidents de la Principauté.

Par Sabrina Bonarrigo.

Cinquante-cinq ans après l’union entre le prince Rainier et Grace Kelly, la Principauté a de nouveau vécu dans l’effervescence d’un mariage princier. Devant les caméras du monde entier, le prince Albert et l’ex-championne de natation Charlène Wittstock se sont dit « oui ». Unis civilement le 1er juillet dans la salle du trône par le directeur des services judiciaires Philippe Narmino, les époux ont échangé, le lendemain, leur consentement dans la cour d’honneur du palais devant 800 invités de prestige et sous le regard des 3?500 Monégasques réunis sur la place du palais pour vivre ce moment historique. Au soir du 2 juillet, 500 convives privilégiés ont assisté au dîner de noces concocté par le chef monégasque triplement étoilé Alain Ducasse sur les terrasses de l’opéra Garnier. Le mariage s’est déroulé sous le regard des caméras du monde entier. Tous les ingrédients étaient réunis pour ce mariage filmé en 3D par le réalisateur Jérôme Revon et sous les commentaires, entre autres, de Stéphane Bern. Quant aux retombées économiques du mariage princier, c’est l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE) qui a eu la charge de les mesurer. Selon cet institut, le mariage aura généré en tout, d’ici la fin de l’année 2011, 29 millions d’euros. L’ensemble des célébrations a coûté 19,5 millions d’euros, 9 millions assumés par le gouvernement, le reste par le palais. Pour la princesse Charlène, l’année 2?011 restera aussi celle des premiers déplacements officiels et de l’annonce de la création de sa fondation. Voici les premiers pas de la première dame de Monaco en photos.

2011, année de changements

2011 a démarré avec un remaniement ministériel et s’achève sur un changement majeur à la tête de la SBM. Tout un symbole.

Par Milena Radoman.

En cette année centenaire de la constitution de 1911, c’est au sein du gouvernement que des changements de tête sont intervenus en tout début d’année. José Badia, alors ambassadeur de Monaco à Bruxelles, a succédé le 3 janvier à Franck Biancheri, président délégué de Monaco QD Hotel & Property Investment Limited. Une joint venture détenue à 80 % par une filiale de Qatari Diar et à 20 % par l’Etat monégasque — via la Société nationale de financement —, destinée à investir dans des complexes et établissements hôteliers à travers la planète. Avec l’arrivée de José Badia, les Rel’Ex ont ainsi changé de tête pour la quatrième fois depuis la création de ce portefeuille en 2006. Après le passage de Rainier Imperti, Henri Fissore, Jean Pastorelli et Franck Biancheri.
Dans ce remaniement 2011 en deux coups, Marco Piccinini et Marie-Pierre Gramaglia ont rejoint l’équipe gouvernementale de Michel Roger le 15 janvier. Remplaçant Sophie Thévenoux aux finances et Gilles Tonelli à l’équipement, devenus ambassadeurs à Paris et Bruxelles.

Marco Piccini
Marco Piccini © Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

Piccinini, l’homme fort du gouvernement

Pour le gouvernement monégasque, l’arrivée de Marco Piccinini a marqué un tournant en 2011. L’homme d’affaires « impénétrable », que l’on retrouvait dans les organigrammes de l’Automobile Club, du Yacht Club, du Monte Carlo Country Club mais aussi de l’ASM, a impulsé une nouvelle dynamique dans la gestion des finances publiques. Remise à plat de la gestion du fonds de réserve et coupes budgétaires… C’est à celui que beaucoup appelaient « l’éminence grise », devenu désormais un personnage public, que l’on doit la réorientation du budget de l’Etat. Avec un nouveau discours très clair?: crise oblige, l’Etat va devoir restreindre son train de vie et se serrer la ceinture. Dès le budget rectificatif 2011, le gouvernement a procédé à des arbitrages pour éviter de voir déraper le déficit prévisionnel de 94 millions d’euros. « Dépenser moins pour dépenser mieux » est le nouveau leitmotiv du ministre d’Etat, clé de voûte du budget primitif 2012. Pour Marco Piccinini, en bon médecin, il vaut mieux faire de la prévention pour éviter la mise en œuvre ultérieure de mesures plus douloureuses. Reste que ces coupes budgétaires du BP2012 n’ont pas fait que des heureux. Certains secteurs comme la protection sociale, la sécurité ou l’éducation nationale ont certes été sanctuarisés. Mais d’autres domaines ont été frappés de plein fouet par cette cure d’amaigrissement. C’est notamment le cas des dépenses d’équipement qui s’élèvent à 228 millions d’euros (soit une baisse de 21,4 millions d’euros par rapport au budget primitif 2011). La baisse réelle est en fait de 61,4 millions d’euros si l’on compte les 40 millions de provision – non consommés – alloués à l’hôpital.
Par ailleurs, compensées en grande partie par le sponsoring privé, les tailles dans le budget culturel ont fortement heurté les acteurs de la culture monégasque subventionnés. Pour la première fois, les dirigeants des Ballets, du Nouveau musée national, des Archives audiovisuelles et du Printemps des Arts ont même poussé un coup de gueule à l’unisson contre le manque de concertation de mesures imposées et non négociées au préalable. Quant à la coopération internationale, elle voit carrément ses budgets marquer ce que le gouvernement appelle une « pause ». Avec une conséquence inévitable?: Monaco ne remplira pas ses engagements onusiens du millénaire de 0,7 % du PNB consacré à l’aide publique au développement en 2015. Dommage.
Cette logique de rationalisation concerne aussi la gestion du fonds de réserve, longtemps considéré comme un budget bis de l’Etat?: « Le fonds de réserve doit retrouver son rôle de réserve stratégique en étant destiné à la capitalisation et non plus servir de « banque du gouvernement », répètent ainsi à l’envi le ministre d’Etat et le nouveau conseiller pour les finances.

Bernard Lambert
Bernard Lambert © Photo GOK.

Au revoir Bernard Lambert

Autre changement majeur en 2011?: le départ de Bernard Lambert après 9 ans à la tête de la Société des bains de mer. La nouvelle est tombée comme un couperet le 7 novembre. C’est Jean-Louis Masurel qui a pris les commandes de cette société jusqu’à la prochaine assemblée générale en septembre 2012. Le conseil d’administration l’a en effet nommé administrateur délégué de la société.
Une nouvelle page s’est tournée à la SBM. L’ex-directeur général de Moet Hennessy puis de LVMH, doyen des administrateurs de la SBM depuis 1994, est désormais épaulé par deux directeurs adjoints?: Isabelle Simon, ex-Senior vice-président de Publicis et Yves de Toytot, jusqu’alors directeur financier de la SBM. La direction tricéphale est missionnée pour trouver des niches d’économie, dans un contexte où la société va mal, et où ses comptes ont cette année été plombés par son investissement dans les jeux en ligne. Un plan de rigueur?qui associera logiquement des mesures de relance comme par exemple, l’embauche de croupiers chinois. A suivre.
En attendant, on peut au moins se réjouir sur un plan?: côté parité hommes-femmes, les changements intervenus ont assis la féminisation du gouvernement (qui conserve une femme dans son staff) et féminisé la direction de la SBM avec l’arrivée d’Isabelle Simon. Le palais, lui, en revanche, a vu partir une femme?: après 5 ans de bons et loyaux services auprès du prince, la conseillère en communication Christiane Stahl est repartie à Paris. David Tomatis, lui, est venu grossir les rangs du cabinet. L’ex président de Monaco Médiax est en charge des questions de médias et de budget.

La bataille de l’image

Pour redorer l’image de la Principauté à l’international et tordre le cou aux poncifs, le gouvernement a décidé de consacrer 5 millions d’euros à une vaste campagne de communication institutionnelle en 2010 et 3 millions en 2011. Une première pour Monaco. Diffusés pendant plusieurs mois dès novembre 2010 dans la presse monégasque et nationale française, les 10 visuels imaginés par l’agence TBWA avaient pour vocation de présenter les diverses actions de Monaco dans le monde. Des cartes qui flattaient l’action de Monaco dans le domaine culturel, humanitaire, environnemental ou encore en matière de transparence fiscale. Si la campagne est globalement bien accueillie à son lancement — tant pour son esthétisme sobre que son contenu didactique — l’annonce des coupes budgétaires quelques mois plus tard dans les domaines culturel et humanitaire, a rapidement suscité un malaise chez les élus. Dénonçant un « décalage » entre la réalité économique et ce qui était affiché dans cette campagne. Au niveau local, cette campagne a également été mal perçue par les entreprises de communication de la place, agacées par le fait qu’elle n’ait donné lieu à aucun appel d’offres.

Lobbying

Plus discrètement, le gouvernement a également amorcé dans la foulée des actions de lobbying. Via des rencontres sur Paris et Bruxelles. Le conseil national aussi a décidé de redorer l’image de Monaco. En organisant, notamment, le 15 décembre dernier, via une agence de communication parisienne DGM, un déjeuner de travail avec les journalistes du quotidien Les Echos et des magazines Challenges et l’Expansion. Objectif?: mieux faire connaître les réalités économiques et institutionnelles monégasques. A noter enfin que la campagne de com’ gouvernementale devait aussi s’exporter en Angleterre dès septembre 2011, après le mariage princier. Le gouvernement a finalement décidé d’y renoncer. « Prudence » budgétaire oblige.

Valeri Roger et Gramaglia au CHPG
© Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

Le futur hôpital sera… au CHPG

C’est décidé?: le futur hôpital sera construit in situ. Le verdict est tombé le 9 juin. L’hôpital sera construit à l’emplacement actuel du centre hospitalier princesse Grace (CHPG). Ou plus exactement juste à côté, à l’Est. Cette décision gouvernementale, basée sur des rapports d’experts, n’est pas franchement une surprise. Personne n’aurait parié un kopek sur Testimonio ou l’Annonciade, deux sites en lice pour accueillir le nouvel établissement depuis juin 2010. Date à laquelle le gouvernement avait décidé d’enterrer le projet du cabinet Vasconi/Iosis, lauréat de l’appel d’offres en 2008 estimé à 705 millions.
Si le choix du site est entériné, le futur hôpital n’en a pas fini de faire couler de l’encre. Le projet a certes l’avantage de permettre un transfert des 3/4 du programme dès la fin de la première phase du chantier. Mais le coût annoncé en juin de 550 millions d’euros ne devrait pas en rester là. Un mur antibruit, indispensable, a déjà été budgété à 9 millions d’euros. Tandis que le gouvernement a avalisé l’intégration de l’Institut monégasque de médecine du sport (IM2S) dans les locaux du futur hôpital. Une intégration qui aura le mérite de garantir une meilleure mutualisation des moyens des économies de gestion pour l’Etat. Mais dont le coût a été estimé à 29 millions d’euros par le cabinet d’expert Icade. Ce qui fait monter l’enveloppe budgétaire du futur hôpital, en tout, à 588 millions d’euros avant même la fin de l’année 2011.
Sur le plan politique, le CHPG anime déjà les débats. Après avoir demandé au gouvernement de renoncer à construire ce nouvel hôpital, les élus de Rassemblement & Enjeux demandent d’avancer les travaux pour éviter de se retrouver avec un établissement obsolète dès sa livraison en 2020. Et la polémique ne fait sans doute que commencer…//M.R.

Querelles de marché

Ce devait être un marché aux couleurs provençales, entièrement rénové. Officiellement présenté à la presse en mars 2011, le projet de restructuration du marché de la Condamine — sur lequel les services du gouvernement et de la mairie, ainsi que l’architecte Fred Genin avait planché pendant deux ans — est finalement tombé à l’eau. Un dossier qui a provoqué une cacophonie surprenante?: bataille de calendrier, querelle de budget et, plus rare, clash entre institutions. Alors que la mairie attendait les premiers coups de pioche en septembre 2011, l’annonce dans la presse d’un gel des travaux provoque une colère noire de Georges Marsan et de ses adjoints. Le 26 septembre, dans l’univers habituellement très consensuel et feutré du conseil communal, un vent de rébellion souffle. Les élus n’hésitent par à parler d’une « crise de confiance avec le gouvernement », tout en dénonçant « un mépris de la population, des commerçants et de la mairie ». Tous demandent alors une date ferme et définitive au gouvernement. A la surprise générale, le ministre d’Etat Michel Roger annonce le 4 octobre, en conférence de presse que les travaux débuteront finalement… en 2013. Dix jours plus tard, nouveau revirement de situation. Le ministre d’Etat propose une solution alternative?: amorcer rapidement des travaux de remise en état du marché et rouvrir les cabines fermées avec de nouveaux commerçants. Une solution finalement retenue. Coût total de l’opération?: 1,7 million d’euros. La finalisation du marché « nouvelle formule » est prévue pour mai 2012.//S.B.

LA CONDAMINE
© Photo DPUM

2011 année politique, statu quo social

Marquée par la réforme des droits de mutation et la loi sur le secteur protégé, l’année 2011 est aussi celle de l’entrée en pré-campagne pour les élections nationales 2013.

Par Milena Radoman.

L’année 2011 aura été marquée par certains temps forts législatifs. Le vote de la loi révisant le secteur protégé, le 10 mai, en fait partie. Créé après le second conflit mondial, dans une période trouble où les finances publiques étaient exsangues et le pays en panne de logement, le secteur protégé fait débat depuis que l’Etat a demandé aux propriétaires d’immeubles construits avant le 1er septembre 1947 de fournir un « effort d’après guerre ». Avec un mécanisme tournant autour du blocage des loyers et la réservation de ces logements aux Monégasques et enfants du pays. Ce qui pénalise les propriétaires qui voient leur droit de propriété restreint.
Reste que cette nouvelle loi sur le secteur protégé – la émième après des va-et-vient entre libéralisation des prix et une vision plus sociale — offre des garanties de relogement aux catégories les plus fragiles (personnes âgées et handicapées), toujours dans l’objectif d’éviter un exode des enfants du pays. « Ce nouveau texte représente l’embryon de reconnaissance du rôle social de l’Etat », estime le rapporteur du texte Guillaume Rose. Un texte qui n’a guère remporté l’unanimité. Les élus Rassemblement & Enjeux se sont positionnés contre cette réforme tandis que dans la salle, les représentants de l’association des propriétaires, en l’occurrence Gérard Porasso et Gisèle Ughes ont houspillé les élus de la majorité en ponctuant la lecture du rapport de « Stalinien » ou « Quelle honte ». L’association des propriétaires a d’ailleurs engagé un recours devant le tribunal suprême contre la loi.

Droits de mutation attaqués

La loi sur le secteur protégé n’est d’ailleurs pas la seule à être contestée devant la justice monégasque à peine son vote entériné. C’est aussi le cas de la réforme des droits de mutation attaquée par des membres de la famille Pastor. La baisse de 40 % des droits de mutation, qui s’appliquent désormais aux sociétés offshore et aux SAM, est en effet controversée. Politiquement, la procédure d’urgence utilisée par le gouvernement a été fortement décriée. « Le conseil national est devenu un cinquième département du gouvernement?! », a même déclaré Laurent Nouvion, pour R&E, scandalisé que l’assemblée ait voté « en catimini » la réforme des droits de mutation le 28 juin. Pourtant, au delà de la polémique, c’est une réforme d’envergure qui a été entérinée le 28 juin. Il s’agit tout bonnement de lutter contre l’évasion fiscale des sociétés offshore qui échappaient jusqu’alors à toute franchise des droits d’enregistrement… Entre 2007 et 2009, ce serait au bas mot 30 % des actes de mutation qui seraient passés à la trappe pour l’Etat. Soit 531 opérations sur 1?795?!

Explosion de l’UP

Sur ces deux textes majeurs, majorité et opposition se sont fortement démarquées cette année. Entrant dès le budget rectificatif 2011 en pré-campagne. Chacun a marqué son territoire sur les terrains social et économique. 2011 restera d’ailleurs aussi l’année de l’explosion puis de la réconciliation partielle pour la majorité. En moins d’un an, on a assisté à une guerre intestine au sein de l’UP, à la création d’un parti, l’Union des Monégasques (UDM), sous la houlette du président du conseil national Jean-François Robillon, et à un mouvement migratoire de l’Unam, proche de l’UP, vers l’UDM. Pour le dixième anniversaire de sa création – le 11 septembre 2011 –, l’UP, majoritaire au conseil national, est désormais ultra-minoritaire avec seulement deux élues représentées?: Anne Poyard-Vatrican et Brigitte Boccone-Pagès. Tandis que Jean-François Robillon a assis sa position rue Bellando de Castro, malgré sa réélection au fil du rasoir en tant que président du conseil national le 6 avril. Le conseil national a, quant à lui, perdu deux élues en 2011 : Sophie Lavagna, ex-présidente de la commission parlementaire de législation et Catherine Fautrier, nouvelle ambassadrice de Monaco en Chine et en Australie, ont démissionné. Encore un conseiller national en moins et Monaco devra organiser des élections partielles en 2012…

Mouvements sociaux
Côté social, l’année 2011 aura été celle du statu quo. Ce n’est qu’en 2012 que devrait poindre la réforme du système de retraites. Tout comme celle de la loi sur les salaires. Sur la question de la parité salariale, contestée depuis le passage aux 35 heures en France, le gouvernement est désormais au pied du mur. La justice ayant tranché fin octobre 2011, remettant en cause la parité des minimas avec la région économique voisine, le gouvernement se voit dans l’obligation de déposer un projet de loi sur le bureau du conseil national au plus tôt. Lors des derniers débats budgétaires, le conseiller pour les affaires sociales Stéphane Valeri s’est engagé à agir sur ces « deux bâtons merdeux », selon la formule de l’élu UDM Bernard Marquet.
Au final, 2011 a surtout été marquée par les grèves d’employés de jeux européens lors du week-end de Pâques et durant le Grand Prix de F1. Reste à savoir si un mouvement plus général aura lieu durant les fêtes, fondé sur une inquiétude de plan social et de remise en cause de droits acquis. Pour autant, on peut légitimement douter de l’opportunité d’organiser une grève alors que la nouvelle direction de la SBM n’a encore rien dévoilé des mesures qu’elle compte prendre en janvier 2012. A suivre.
Laurent-Banide
Laurent Banide © Photo Monaco Hebdo.

L’AS Monaco, un club à double visage

L’année sportive 2011 de la Principauté aura été contrastée entre le séisme de la descente en Ligue 2 des footballeurs et la réussite des basketteurs.

Par Adrien Paredes.

Des supporters en colère, les joueurs monégasques assis par terre, la tête baissée, Laurent Banide en larmes. C’est l’image forte que l’on retiendra du déclin du club de football de l’AS Monaco. La scène se déroule le 29 mai 2011. Après 34 années passées dans l’élite du football français, l’AS Monaco, en s’inclinant 2-0 à domicile face à l’Olympique Lyonnais, est relégué en Ligue 2. Une rélégation d’autant plus douloureuse qu’elle profite à l’éternel rival, l’OGC Nice, 17ème de Ligue 1. L’année 2011, dès le premier match, a été une longue descente aux enfers pour les asémistes. Le 8 janvier, Monaco est sorti, aux tirs au but, de la Coupe de France par les amateurs de Chambéry, qui évoluent cinq divisions en dessous. Au lendemain de l’humiliation, l’entraîneur Guy Lacombe est remercié, remplacé par l’habituel pompier de l’ASM, Laurent Banide. Durant la trêve hivernale, cinq nouveaux joueurs viennent garnir l’effectif pour tenter de sauver la saison du club, alors relégable (18ème). Au printemps, l’AS Monaco relève la tête en alignant quatre victoires en six matchs. L’équipe parvient même à faire tomber l’imprenable leader lillois (1-0) dans l’antre du Louis-II. Une performance insuffisante puisque les Monégasques laissent échapper des points dans le sprint final, oscillant entre matchs nuls et lourdes défaites. Enfin, l’AS Monaco perd le match crucial face à Lyon, qui aurait pu le sauver. Marc Keller, le directeur sportif conspué par les supporters et désigné comme principal responsable de la situation par les dirigeants, est licencié dans les jours suivants.

Noir, c’est noir

Le tableau noir aurait pu s’arrêter là. Mais au fond du trou, Monaco ne digère pas sa descente. Lors du mercato estival, l’effectif du club est saigné à blanc. Les cadres comme Stéphane Ruffier quittent le navire. Les renforts arrivent tardivement. Le revenant Ludovic Giuly, ancien international français et joueur emblématique de l’ASM, incarne l’espoir d’une remontée rapide en Ligue 1. Cependant, l’équipe, composée de jeunes joueurs et de cadres « expérimentés », effectue une préparation désastreuse. Cette dernière est ponctuée par une humiliante mais logique élimination en Coupe de la Ligue par Sedan (4-0). Le 12 septembre, après quatre matchs nuls (Boulogne, Troyes, Amiens, Lens) et deux défaites (Reims, Angers), Laurent Banide est remercié à son tour. Marco Simone, ex-joueur asémiste, signe un contrat de deux ans avec option et prend les rênes de l’équipe avec l’emblématique Jean Petit. Les supporters attendent un effet Simone. Ils l’auront le temps de deux matchs. Après un nul face à Bastia (1-1), les Monégasques obtiennent leur première victoire en championnat aux dépens d’Arles-Avignon. Elle restera en 2011, l’unique succès de l’AS Monaco en Ligue 2. Les Rouge et Blanc alternent ensuite matchs nuls laborieux (Tours, Le Mans,…) et grosses déconvenues (Guingamp, Châteauroux, Nantes). Tout le monde redoute une relégation en National. A chaque match, une partie des supporters demande au travers de chants et de banderoles la tête des dirigeants qui ne peuvent plus cacher leur responsabilité dans ce marasme. En dehors du terrain, c’est acté, la SBM ne subventionnera plus le club à partir du 1er avril 2012. Il y a urgence pour trouver un nouveau financement du club. Seul bol d’air de l’équipe, la Coupe de France où elle sort deux clubs de Division d’honneur?: Alès-en-Cévennes et la Tour Saint-Clair. Lors de ses deux derniers matchs de la phase aller du championnat, le niveau de jeu de l’ASM s’améliore nettement. En 2011, une page de l’histoire de l’AS Monaco, la plus noire sans doute, se tourne. En 2012, une toute autre s’ouvrira avec le nouvel actionnaire majoritaire, Dmitry Rybolovlev. L’arrivée du milliardaire russe, très attendue par les supporters, va changer bien des choses, en dehors et sur le terrain. Au sous-sol du Louis-II, il n’est pas question de changement pour les basketteurs de la Principauté. Avec 14 victoires en 14 matchs, l’AS Monaco Basket est nettement favori pour monter cette saison en Nationale 1 (voir interview page 22).

Loeb et Elena, huitième?!

Le pilote français Sébastien Loeb et son co-pilote monégasque Daniel Elena ont été sacrés, le 13 novembre, champions du monde des rallyes pour la huitième fois consécutive à bord d’une Citroën DS3. Les deux hommes ont attendu le rallye de Grande-Bretagne pour établir ce record. La paire Loeb-Elena sera de la partie pour le Monte-Carlo, qui revient dans le circuit WRC en 2012.//A.P.

Le coup de main de Richardson

L’ancienne star du handball français, Jackson Richardson, est recruté par l’AS Monaco Handball, pensionnaire de Nationale 3, pour intégrer l’équipe dirigeante. Sa mission?: améliorer la formation des jeunes de l’ASM handball et développer le budget de partenariat du club. Un défi que relève avec plaisir l’ancien Barjot, double champion du monde.//A.P.

Vettel intraitable

Le 69ème Grand Prix de Monaco est revenu, le 29 mai, à l’Autrichien Sebastian Vettel, pilote de l’écurie Red Bull. Fernando Alonso et Jenson Button complétaient le podium. Vettel a largement dominé la saison, avec 11 victoires en 19 courses, et conservé son titre de champion du monde. Le Grand Prix de Monaco a été marqué, en 2011, par deux accidents majeurs. Le Mexicain Sergio Pérez a heurté le rail de sécurité à plus de 200 km/h lors des qualifications et Vitaly Petrov a également tapé le rail sur le port Hercule lors de la course.//A.P.
Jeux des petits Etats?: 29 médailles
6 médailles d’or, 9 d’argent et 14 de bronze. Tel est le bilan de la 14ème édition des Jeux des petits Etats d’Europe pour les sportifs monégasques début juin. Monaco s’est classé 6ème sur les 9 nations participantes.//A.P.

Usain Bolt au Louis-II

L’homme le plus rapide au monde, Usain Bolt, a fait escale en Principauté, à l’occasion du meeting Herculis au stade Louis-II. Le Jamaïquain, référence sur 100 mètres (9,58 s.) et 200 mètres (19,19 s.), faisait notamment face au sprinteur français Christophe Lemaître sur 100 m, le 22 juillet dernier. Une course qu’il avait remportée en 9,88 s. Le meeting avait également fait parler en raison d’une violente dispute survenue entre deux coureurs du 1?500 m, Mehdi Baala et Mahiedine Mekhissi.//A.P.
Patinage?: premières pour Monaco
Kim Lucine devient le premier patineur, évoluant sous les couleurs de Monaco, à entrer en finale des championnats d’Europe et du monde de patinage artistique, où il termine respectivement 17ème et 23ème. En 2012, les Mondiaux de patinage se dérouleront à Nice.//A.P.

Boule magistrale

L’année 2011 a été belle pour la pétanque monégasque. Après un brillant parcours, Monaco est devenu vice-champion d’Europe, le 23 août à Göteborg, s’inclinant en finale face à la France (13-2). Le 4 décembre, le Club bouliste monégasque a, lui, remporté le trophée de la Coupe d’Europe des clubs en s’imposant face au DUC de Nice, archi-favori, en finale (3-2).//A.P.

Sapeurs-Pompiers Monégasque à Sendai
© Photo Sapeurs-Pompiers Monégasque

L’histoire de trois séismes

Trois autres événements ont marqué l’année 2011 : la catastrophe naturelle au Japon, l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn et la réforme de la garde à vue monégasque.

Par Adrien Paredes.

Ce sont trois séismes bien différents. Du premier, tremblement de terre au sens propre d’une magnitude 8,9 sur l’échelle de Richter, subsiste une vision cauchemardesque. Celle d’une gigantesque vague déferlant sur les côtes japonaises et s’enfonçant dans les terres au nord-est du pays. Le 11 mars 2011, cette catastrophe naturelle fait près de 15?000 morts et 10?000 disparus. Les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima sont sévèrement endommagés. Le monde entier, inquiet, craint un nouveau Tchernobyl. Le prince Albert II présente ses « plus vives condoléances » à l’empereur du Japon et la Principauté détache onze sapeurs-pompiers sur place, soit 8 % de ses effectifs. C’est ainsi que l’unité monégasque de sauvetage et déblaiement, emmenée par le capitaine Eric Niel, rejoint le Japon, le 14 mars, au sein d’un régiment français. Les onze hommes sont détachés à Sendaï où ils tentent de retrouver des survivants dans des conditions de vie rudes. Ils procèdent ensuite à la restauration de ports de pêche à Misawa avant de participer à l’acheminement de l’aide alimentaire française à Tokyo. Les sapeurs-pompiers monégasques reviennent après dix-huit jours de mission. « Une expérience hors normes » confiait le capitaine Eric Niel dans nos colonnes.
Le 15 mai au matin, c’est un ancien pensionnaire du lycée Albert Ier qui défraye la chronique. Et non des moindres. Dominique Strauss-Kahn, alors président du Fonds Monétaire International et probable candidat à l’élection présidentielle française de 2012, a été arrêté la veille à New York. Accusé de viol sur Nafissatou Diallo, une femme de chambre au Sofitel, les images de son arrestation tournent en boucle dans les médias. Ses anciens camarades de la promotion 1966 sont « soufflés et choqués », à l’image de Danielle Merlino, présidente des anciens du lycée centenaire et membre de la promotion 1966. Dans cette affaire, DSK sera par la suite blanchi le 23 août.
Le dernier séisme de 2011 s’appelle Georg Mosashvili et a trouvé son épilogue le 14 octobre. C’est en marchant dans Monaco que Georg Mosashvili, Géorgien de 38 ans, a provoqué l’une des plus importantes mutations de la justice monégasque. L’homme, frappé d’une mesure de refoulement, est jugé le 14 décembre 2010 en correctionnelle pour l’avoir enfreint. Son avocat, Me Régis Bergonzi, dénonce trois points non conformes à la législation de la Cour européenne des droits de l’Homme. Les droits au silence et à l’assistance d’un avocat n’ont pas été notifiés à son client. Le délai de détention est trop long entre l’entrée en garde à vue de son client et sa comparution devant un tribunal. Enfin, le procureur à Monaco n’est pas un magistrat indépendant. Contre toute attente, Mosashvili est relaxé par le tribunal de première instance. S’ensuit presque un an de rebondissements. La Cour d’appel annule cette décision en février. La rédaction d’un texte réformant la garde à vue en principauté est entamée. Le procureur général Jean-Pierre Dréno, qui a succédé à Jacques Raybaud, fait appliquer à partir de juillet, une note aux services de la Sûreté Publique, ordonnant la notification de ses droits au prévenu. Mosashvili est définitivement relaxé par la Cour de révision le 14 octobre. Quant au projet de loi sur la réforme de la garde à vue, il a été déposé au Conseil national début décembre.