mercredi 24 avril 2024
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Gilles Jacob, l’œil de Cannes

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Gilles Jacob
© Photo Monaco Hebdo.

Le président du festival de Cannes a exposé une vingtaine de photos lors de l’exposition Arternative Light 2 sous le chapiteau de Fontvieille. Interview.

Monaco Hebdo?: Vous vous souvenez de votre première photo??
Gilles Jacob?: Ma première photo, je l’ai réalisée avec une boîte Kodak qui se dépliait et un câble branché à l’obturateur. C’était dans les années 40 probablement. Le sujet, ça devait être un jardin. Je me souviens qu’on avait pris une photo de moi à l’âge de cinq ans en train d’enlever une fourmi d’une fleur. Je suis du genre à chercher ce type de détails intimes sur une photo.

M.H.?: Quelle est votre définition de la photo??
G.J.?: C’est un moment de vie volé. A tout moment, il peut se passer quelque chose. Il faut être prêt. En fait, l’idée de prendre des photos m’est venue durant ma promenade quotidienne d’une petite heure. La ballade devient alors totalement différente. On ne ressent plus la fatigue dans les jambes. On est aux aguets. Je suis assez vif et j’ai le sens du cadrage grâce au cinéma.

M.H.?: Vous avez des modèles??
G.J.?: Doisneau et Cartier-Bresson sont des maîtres à qui l’on ne peut se comparer et dont on ne peut que saluer les œuvres.

M.H.?: Comment ont réagi les personnalités du cinéma que vous avez photographiées sur les marches de Cannes??
G.J.?: Elles ont éclaté de rire. Sharon Stone était aussi absolument médusée qu’amusée. Amusé, De Niro l’était également. Les photos de people sont la seule chose que veulent les médias. Mais je préfère faire d’autres photos que celles de stars.

M.H.?: Vous avez aussi twitté des photos du jury lors du dernier festival de Cannes…
G.J.?: C’était une première mondiale (Rires.) J’ai l’habitude de prendre des photos de la villa où se retire le jury chaque année. Je me suis dit pourquoi pas faire un reportage pour en faire profiter le monde entier. J’ai fait en sorte que les jurés ne s’aperçoivent pas que je les prenais en photo. C’était une manière de partager le festival avec ceux qui n’y ont pas accès.

M.H.?: Vous utilisez des filtres sur vos photos avant de les poster??
G.J.?: Non. Je bricole peu la photo. J’en recadre parfois. Si la photo est ratée, je la jette. J’en jette beaucoup…

M.H.?: La Côte d’Azur, c’est un bon endroit pour les photos??
G.J.?: Oui. Le cadre se prête beaucoup à l’exercice de la photographie mais il faut les prendre très tôt le matin ou tard le soir, à l’heure exquise. Parce qu’il y a une certaine lumière.

M.H.?: Quel est le cliché que vous avez pris et qui vous a le plus marqué??
G.J.?: C’est une photo casse-gueule (Il montre une photo mettant en scène le reflet de sa tête dans le petit miroir d’une salle de bains, N.D.L.R.). Ce n’était pas facile de la faire. J’ai dû monter sur la baignoire pour la réaliser. Il s’agissait d’une entreprise assez dangereuse mais surtout d’une photo rigolote.

M.H.?: Un mot sur le tournage de Grace of Monaco qui va bientôt commencer??
G.J.?: C’est un projet très intéressant, de qualité. Nicole Kidman va incarner Grace de Monaco qui a eu un itinéraire de princesse aux mille et une nuits. C’était une femme très aimée, très belle. Elle s’est occupée de nombreuses œuvres. C’est une femme que même les jeunes générations connaissent.Olivier Dahan va sûrement tourner un film très réaliste, un peu comme ce qu’il a fait avec Edith Piaf dans La Môme. Je pense que le tandem avec Pierre-Ange Le Pogam va bien marcher.

M.H.?: Il pourrait faire l’objet d’une sélection à Cannes??
G.J.?: Pourquoi pas. Mais si le tournage commence cet automne, il ne sera pas prêt pour Cannes 2013, plus pour 2014. De plus, je sais Olivier Dahan très pointilleux, minutieux sur ses plans.

M.H.?: Vous-même, vous avez rencontré Grace Kelly??
G.J.?: J’ai été ravi d’accueillir la princesse Grace au palais des festivals. Ça devait être en 1978. Elle était venue pour l’hommage à Alfred Hitchcock. J’en garde un bon souvenir.

Arternative Light, kesaco??
Le concept d’exposition ArternativeLight a pour but de faire découvrir les passions d’artistes qui sortent de leurs domaines de création habituels. Peintres, sculptures, écrivains ou encore acteurs sont ainsi réunis. Les œuvres d’une vingtaine d’artistes sont exposées sous le chapiteau de Fontvieille avant d’être vendues aux enchères pour quatre organisations?: Fondation Prince Albert II, Fight Aids, Monaco Aide&Présence et pour le programme Art et Créativité pour l’éducation lancé par l’association ARCOL. Pour la deuxième édition, parrainée par Gilles Jacob, des courts-métrages auto-produits ainsi qu’un long-métrage baptisé Furax ont aussi été projetés lors de la journée « Arternative Film, un autre regard sur le cinéma » organisée par Charly MG.