samedi 27 avril 2024
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Joey Starr : « En France, on est clairement en dessous, au niveau séries »

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À l’occasion de la 60ème édition du festival de télévision de Monte-Carlo, Monaco Hebdo a rencontré Joey Starr, acteur de la série Le remplaçant et de Polisse.

Quel a été votre rôle au sein du jury « Fiction » ?

J’ai trouvé ça intéressant, parce que j’ai eu cette sensation de voyager sur place, entre un film israélien ou finlandais, un jury anglais et allemand… Je suis aussi un “TV addict”, je regarde beaucoup de séries. Nous sommes tous européens certes, mais nous n’avons pas tous la même tranche d’âge, et nous avons malgré tout été unanimes sur tout ce que nous avons vu. Et quand bien même nous n’étions pas d’accord, nous avons pu échanger nos points de vue. Nous avons vu des choses assez contemporaines et axées sur le social.

Qu’est-ce qui vous a le plus touché dans les programmes que vous avez pu visionner ?

Je suis très bon public. Je suis une fille facile. De temps en temps, je peux ne pas aimer la narration, mais adorer la mise en scène, la réalisation, la photo, et aller quand même jusqu’au bout juste pour ça. Je ne suis pas obligé d’avoir toutes les cases remplies. Moi, j’aime bien ne pas avoir de critères de jugement et me faire cueillir. Et depuis Les Soprano, les séries et les téléfilms ont changé. Ils sont tournés comme du cinéma, à cause des plateformes. Donc on peut avoir la même émotion et les mêmes sensations qu’au cinéma. En revanche, je n’aime pas tous ces trucs formatés, comme une espèce de chanson qui se finit toujours de la même manière.

Quels types de séries regardez-vous ?

Je ne suis pas très comédie. J’aime l’humour anglais, mais l’humour américain, très tendance, me gave un peu. Il y a une série que je me retiens de regarder jusqu’au bout, j’en suis à la fin de la première saison, et je prends le temps de la regarder alors que c’est une mini-série, c’est Homecoming. Je regarde aussi City on a hill avec Kevin Bacon, Godfather of Harlem avec Forest Withaker, Servant, Euphoria, Happy ! sur Netflix… Ce sont des séries qui sont sanglantes, même gores, mais c’est drôle.

Vous regardez des fictions françaises ?

J’ai bien aimé la série Le remplaçant [série dans laquelle il incarne le rôle principal – NDLR] avec Henri Salvador dans le premier rôle. En français, j’ai bien aimé la série Canal+, Hippocrate, dans laquelle joue ma pote, Alice Belaïdi. Je trouve qu’on a un problème en France, ce n’est pas le choix du public, mais le choix des producteurs français d’avoir le courage de faire des choses qui nous permettent de nous “challenger”, ne serait-ce qu’avec les Anglais ou les Espagnols. Je trouve qu’on est clairement en dessous. En France, nous avons des histoires de banditisme et nous n’arrivons pas à faire un Gomorra (2014), par exemple.

Qu’est-ce qui vous séduit dans Le remplaçant ?

Moi, je n’ai rien demandé. Des gens de TF1 et d’une production sont venus me voir pour me proposer un premier rôle dans une série. J’y croyais moyennement, car ce n’était pas la première fois qu’on me proposait des trucs comme ça. Ils m’ont ensuite demandé ce que j’aimerais faire, et je me suis rappelé qu’il y a quelque temps, l’Éducation nationale recrutait parce qu’elle était en manque de postes. Je leur ai donc proposé ce rôle. Ils ont trouvé l’idée géniale, et ils sont revenus plus tard avec un scénario. J’ai trouvé que ça fonctionnait pas mal, et voilà, ça s’est fait.

C’est plutôt inattendu de vous voir dans la peau d’un professeur ?

Ce qui me plaisait, ce n’était pas vraiment de jouer un rôle de prof. Mais j’aimais l’idée du télescopage générationnel. L’éducation est à la fois très fragile et très importante. Et je voulais que le mec ressemble à Mel Gibson dans L’Arme fatale (1987), mais dans un collège. En référence, je leur avais donné un film qui n’avait pas eu grande presse, mais qui était assez mortel : Detachment (2011). C’était un drama sur le système scolaire américain, joué par Adrian Brody. Ils ont un peu grincé des dents quand je leur ai donné cette référence. Avec Le cercle des poètes disparus (1989) pour amortir la chute (rires). Ça s’est fait un peu comme ça, et j’ai pris plaisir à le faire parce qu’il y avait une bonne équipe, un bon casting…

« Je suis très bon public. Je suis une fille facile. De temps en temps, je peux ne pas aimer la narration, mais adorer la mise en scène, la réalisation, la photo, et aller quand même jusqu’au bout juste pour ça. Je ne suis pas obligé d’avoir toutes les cases remplies »

Il y aura une saison 2 ?

Oui, il y aura une saison 2. On commence le tournage en juillet.

Comment cela s’est passé avec vos « élèves » de fiction ?

Je pense qu’ils me prennent pour une vieille miss météo sur le retour. Le réalisateur voulait que je joue avec mon charisme naturel. Ces mecs ne sont pas des prépubères, ils ont tous des têtes de minots et de minettes, mais en fait, l’effet groupe peut les rendre très chiants. Je n’oublie pas de leur dire.

Quels sont vos futurs projets ?

Gérard Louvin, qui était le premier manager de Claude François, est venu nous voir pour nous proposer un projet. Il nous a donné les cassettes des dictaphones de l’artiste, car Claude François enregistrait toutes ses indications… Nous avons récupéré tout ça, car Gérard Louvin pense qu’on peut transposer la vie de Claude François à quelqu’un comme moi. Nous sommes donc en train de monter un documentaire en série. Ce serait ma vraie vie, mais avec quelques éléments de lui. On glisse aussi un peu sur la crise de la cinquantaine de Tony Soprano dans Les Soprano, mais en rappeur.

Vous travaillez aussi sur le biopic de NTM ?

J’ai aussi participé à l’écriture dialogues et scénarii pour la série Le Monde de demain. Pour le long-métrage [Suprêmes – NDLR], on va s’y mettre bientôt. Je suis en train de monter aussi ma première mise en scène de théâtre. J’ai une lecture avec Sofiane Pamart prochainement. On va lire du Pouchkine (1799-1837), du Bukowski (1920-1994)… J’en monte une autre avec David Bobée avec qui j’avais fait Elephant Man. Il y a enfin un épisode du podcast Gang Stories qui sort prochainement. Et j’ai encore d’autres projets.

Lesquels ?

Depuis un an, je tourne des sujets pour des trucs que j’ai coécrits et coproduits pour un programme qui s’appelle Galaxie, parce qu’on va monter une plateforme. On a trouvé des financiers, donc il nous faut du flux. C’est caractère social avec le ton qu’on me connaît. Pour le coup, je joue la speakerine.

Et la musique ?

Ça fait un peu plus d’un an que je cherche à trouver une fenêtre pour pouvoir faire un album solo, mais je n’ai pas le temps. Donc, à chaque fois que j’ai des potes qui me proposent des trucs, j’y vais. On aime bien rigoler.