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Culture Sélection
de septembre 2018

Publié le

Sugarland

Sugarland

de Damon Gameau

Sains ? Pour démontrer que les sucres cachés ont envahi notre alimentation, le réalisateur australien Damon Gameau se lance dans un régime riche en sucre pendant 60 jours. La logique est comparable à Super Size Me (2004) de Morgan Spurlock, qui avait mangé chez McDonald’s pendant un mois. Damon Gameau mange des aliments supposés sains : plats cuisinés “light”, yaourts 0 %, barres de céréales, smoothies, jus de fruits… Suivi par des professionnels de la santé qui apportent leur analyse tout au long de cette expérience, deux mois après, Gameau affiche une prise de 8,5 kg et de 11 centimètres de tour de ventre. Ses analyses sanguines sont désastreuses, le diabète le guette. Servi par une mise en scène très ludique, ce documentaire pédagogique est à voir absolument.

Sugarland de Damon Gameau, avec Kyan Khojandi, Damon Gameau, Hugh Jackman (AUS, 2018, 1h30), 14,99 euros (DVD seulement, pas de sortie blu-ray).

 

Mes-Provinciales-de-Jean-Paul-Civeyrac

Mes Provinciales

de Jean-Paul Civeyrac

Cinéma. Etienne (Andranic Manet), étudiant en cinéma quitte Lyon pour aller se former à Paris. Là, il découvre l’amitié et l’amour. Il y a aussi la société, qui va mal. C’est un véritable portrait des rêves et des idéaux de la jeunesse que Jean-Paul Civeyrac nous livre à travers ce groupe d’étudiants de Paris-VIII. Le pari était osé, car traiter ce sujet, c’est risquer la mise en abîme, avec l’idée du cinéma qui parle de lui-même. Jean-Paul Civeyrac étant professeur à Paris-VIII, il sait mieux que personne ce que pèse le cinéma pour les étudiants. « Le cinéma peut-il changer le monde ? », se demandent ces jeunes gens, qui envisagent le monde à travers le 7ème art. Totalement en décalage avec les films du moment, Jean-Paul Civeyrac assume une posture qui ressemble à celle de Robert Bresson (1901-1999) ou d’Eric Rohmer (1920-2010) par exemple. Une raison de plus pour voir Mes Provinciales sans plus attendre.

Mes Provinciales de Jean-Paul Civeyrac, avec Andranic Manet, Gonzague Van Bervesselès, Corentin Fila (FRA, 2018, 2h17), 19,99 euros (DVD seulement, pas de sortie blu-ray).

 

The-Rider

The Rider

de Chloé Zhao

Rodéo. Alors qu’il semblait promis à une belle carrière dans le monde du rodéo, Brady doit abandonner ses rêves suite à un accident. De retour chez lui, il doit réinventer sa vie. Primé à Deauville, The Rider raconte l’histoire d’un homme brisé. Comment continuer d’exister lorsque tout vole en éclat ? Que faire lorsqu’il faut renoncer à un avenir qui semblait tout tracé ? Le mythe de l’ouest s’est effondré depuis longtemps. Il n’en reste plus que la splendeur des paysages, magnifiés par la réalisatrice sino-américaine, Chloé Zhao. Elle fait de son film une sorte d’anti-western, parfois proche du documentaire.

The Rider de Chloé Zhao, avec Brady Jandreau, Lilly Jandreau (USA, 2018, 1h44), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (blu-ray).

 

Jurassic-World-Fallen-Kingdom

Jurassic World : Fallen Kindgom

de Juan Antonio Bayona

Franchise. Le réalisateur de l’Orphelinat (2007), l’Espagnol Juan Antonio Bayona signe le cinquième long-métrage de la franchise Jurassic Park. On reste très loin des qualités affichées par le premier Jurassic Park, réalisé par Steven Spielberg en 1993. Vingt-cinq ans après, le scénario est sans surprise, même si les effets spéciaux permettent à ce Fallen Kingdom d’assumer sa dimension spectaculaire quand il le faut. Globalement, Jurassic World : Fallen Kingdom remplit donc son cahier des charges et satisfera les fans. Mais ce film peine à renouveler une franchise qui en aurait désormais bien besoin.

Jurassic World : Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona, avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall (USA, 2018, 2h08), 19,99 euros (DVD), 22,99 euros (blu-ray, édition steelbook Fnac), 29,99 euros (steelbook édition Fnac, blu-ray 4K Ultra HD). Sortie le 9 octobre 2018.

 

Glou-Guide

Le Glou Guide

d’Antonin Iommi-Amunategui et Jérémie Couston

Naturel. Oui, il est possible de boire du vin naturel sans se ruiner. C’est le message que font passer Antonin Iommi-Amunategui, créateur du blog No wine is innocent, et le journaliste de Telerama, Jérémie Couston. Pour le démontrer, ils ont co-écrit ce guide qui présente une sélection de 150 vins naturels dont le plus cher est un… rosé. À raison d’un vin par page, les bouteilles sont classées de la moins chère, un blanc du domaine gardois Louis Julian à 2,70 euros, à la plus chère, un domaine de l’Anglore, toujours dans le Gard. Tous ces vins sont vendus chez des cavistes indépendants ou par les domaines viticoles concernés. « On a donc réalisé une sélection drast’hic ! », nous disent ces deux journalistes. Drast’hic mais éclairée. À la vôtre.

Le Glou Guide – 150 vins naturels exquis à 15 euros maximum d’Antonin Iommi-Amunategui et Jérémie Couston (Cambourakis), 160 page, 15 euros.

 

We-Were-Strangers---Stories-inspired-by-Unknown-Pleasures

We Were Strangers – Stories inspired by Unknown Pleasures

Collectif

Symbiose. L’éditeur Cōnfingō Publishing, basé à Manchester, vient de publier un recueil très original consacré à un groupe de cette ville, Joy Division. Les 10 titres du premier album de Joy Division, Unknown Pleasures (1979), sont illustrés par des histoires courtes écrites par 10 auteurs différents, avec en prime un interlude graphique de Zoë McLean pour le titre Transmission (1978). Pour She’s Lost Control, Zoe Lambert raconte l’histoire d’une jeune fille de 19 ans qui lutte contre l’épilepsie, comme l’a fait, à l’époque, le chanteur de Joy Division, Ian Curtis (1956-1980). Dans une parfaite symbiose, la musique de Joy Division et la littérature forment un couple idéal qui emporte le lecteur dès les premières lignes que Nicholas Royle consacre à Disorder. Actif de 1976 à 1980 et 38 ans après le suicide de Ian Curtis, Joy Division est toujours aussi inspirant.

We Were Strangers – Stories inspired by Unknown Pleasures, Collectif (Confingo Publishing), 176 pages, 14,50 euros (Attention : disponible seulement en langue anglaise).

 

Des-raisons-de-se-plaindre-de-Jeffrey-Eugenides

Des raisons de se plaindre

de Jeffrey Eugenides

Nouvelles. Jeffrey Eugenides, l’auteur de The Virgin Suicides (1993), un livre adapté en 1999 par Sofia Coppola, est de retour avec Des raisons de ce plaindre. Cette fois, celui qui a aussi écrit le très bon Middlesex (2002), récompensé par le Pulitzer l’année suivante, publie un recueil de 10 nouvelles ironiques, mélancoliques et sensibles. Eugenides a rédigé ce livre au fil du temps, tout au long des 30 dernières années. À raison d’un livre tous les 10 ans, on sait que Jeffrey Eugenides aime prendre son temps. Ces nouvelles mettent en opposition les rêves des uns et des autres qui viennent, le plus souvent, se fracasser sur la réalité du consumérisme américain.

Des raisons de se plaindre de Jeffrey Eugenides, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Olivier Deparis, (éditions de L’Olivier), 304 pages, 22,50 euros.

Nick-Cave---Mercy-On-Me-de-Reinhard-Kleist

Nick Cave – Mercy On Me

de Reinhard Kleist

Parcours. L’auteur allemand Reinhard Kleist est un habitué des BD biographiques. On se souvient de son excellent travail autour de l’œuvre de Johnny Cash, avec le très bon I See a Darkness (2008). Dix ans plus tard, c’est à une autre icône du rock que s’est attaqué avec bonheur Reinhard Kleist, puisqu’il s’agit de Nick Cave. De ses débuts sur les scènes punk australiennes à son arrivée à Londres et à son succès avec son groupe The Bad Seeds, Kleist n’élude rien des tourments et de la complexité de ce parcours. Mélangeant la réalité à l’univers des chansons, souvent belles et sombres, de Nick Cave, cette BD remonte à son enfance. Réussite, obsession, démons intérieurs… Tout, ou presque, y est. Même le bluesman Robert Johnson, qui aurait vendu son âme au diable contre un bon riff de guitare. C’est dire.

Nick Cave – Mercy On Me de Reinhard Kleist (Casterman), 304 pages, 23,95 euros.

Rien-ne-fera-venir-le-jour-de-Yoshihiro-Tatsumi

Rien ne fera venir le jour

de Yoshihiro Tatsumi

Gegika. Yoshihiro Tatsumi (1935-2015) est considéré comme le père du gegika, une branche du manga qui traite de sujets tournés vers les adultes. Rien ne fera venir le jour est la deuxième partie de l’anthologie que consacre Cornélius à cet auteur important. Alors que le premier volume couvrait les années 1960, le second reproduit avec fidélité les publications de 1970. Ces 13 histoires, inédites en France et à Monaco, sont parues en 1970 dans des magazines comme le Weekly Shonen Magazine ou Big Comics. Il s’agit d’une période faste pour le Japon, qui sort des privations liées à l’après-guerre. C’est à ceux qui ne profitent pas de cette croissance économique que s’intéresse Yoshihiro Tatsumi. En peu de pages, il parvient à figer les trajectoires et les destins de celles et ceux qui souffrent, souvent en silence.

Rien ne fera venir le jour de Yoshihiro Tatsumi (Cornélius) 336 pages, 31,50 euros.

Radiate-Jeanne-Added

Radiate

Jeanne Added

Lumière. À 37 ans, la Rémoise Jeanne Added fait beaucoup parler d’elle. Cette rentrée 2018 a incontestablement été marquée par la sortie de son deuxième album, Radiate (2018). Trois ans après Be Sensational (2015) un album sombre marqué par la pop, le post-punk et la new-wave, ce nouveau disque est davantage tourné vers l’électro, voire la techno. La jolie et puissante voix de Jeanne Added impressionne toujours autant, dans un univers où la lumière est beaucoup plus présente. La production de Radiate a été confiée au duo électro franco-écossais Maestro, constitué de Frédéric Soulard et de Mark Kerr qui a su magnifier encore un peu plus sa voix. La colère de Be Sensational semble avoir laissé la place à la douceur et à l’apaisement, même si la peur n’est jamais loin.

Radiate, Jeanne Added (Naïve/Believe), 12,99 euros (CD), 18,99 euros (vinyle).

Marauder-Interpol

Marauder

Interpol

Trio. Sixième album pour Interpol. Actifs depuis 1997, il a fallu attendre 2002 pour que le groupe de Paul Banks sorte son tout premier album studio, le magnifique Turn On The Bright Lights. De 2011 à 2014, le groupe a marqué une pause et a dû digérer le départ de leur bassiste, Carlos Dengler. Sans doute un peu sonné, Interpol a su reprendre ses esprits et se resserrer avec succès autour d’une formation à trois, avec Paul Banks, Daniel Kessler et Sam Fogarino. Ce désormais trio signe un retour musclé, appuyé par la production soignée de Dave Fridmann (Tame Impala, MGMT). Moins froid que par le passé (If You Really Love Nothing), ce disque sait aussi laisser la place à l’émotion.

Marauder, Interpol (Matador/Beggars), 11,80 euros (CD), 16,99 euros (vinyle).

Qualm-Helena-Hauff

Qualm

Helena Hauff

Incandescent. Originaire d’Hambourg, la DJ Helena Hauff a très vite été remarquée pour la qualité de ses sets, notamment du côté du Berghain, à Berlin. Après le très bon Discreet Desires (2015), voici son second album, Qualm (2018). Qualm, qui signifie « fumée » en allemand et « inquiétude » en anglais, oscille musicalement entre ces deux traductions. Techno, EBM, cold wave, acid… Helena Hauff ne s’interdit rien et construit cet album brut et incandescent, avec une certaine logique, malgré tout. Ainsi, le titre Qualm est suivi de No Qualm, son pendant rythmé, deux titres que l’on imaginerait volontiers joués l’un après l’autre dans un DJ set. Dans un style plus cold wave It Was All Fields Around Here When I Was A Kid est une vraie réussite, tout comme Lifestyle Guru, un morceau beaucoup plus techno. Quant à l’hypnotique The Smell of Suds And Steel, c’est simple, on en redemande.

Qualm, Helena Hauff (Ninja Tune/distributeur), 14,99 euros (CD),  21,99 euros (vinyle).