vendredi 26 avril 2024
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« Un petit album, ou un gros EP, après l’été 2018 »

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Le DJ et producteur belge Lost Frequencies (Felix De Laet) était de passage en Principauté. Il raconte son parcours à Monaco Hebdo et annonce la sortie d’un album d’ici la fin de l’été. Interview.

Le déclic dans votre parcours ?

Le déclic, c’est lorsque j’ai commencé mon projet, Lost Frequencies. Car j’étais alors sur plusieurs projets. Et Lost Frequencies avait une “vibe” totalement différente de ce que je faisais à côté. Ensuite, en 2014, la sortie du single Are You With Me a tout changé.

Quelle est l’histoire derrière Are You With Me ?

Quand j’ai commencé à travailler sur ce projet Lost Frequencies, je faisais beaucoup de remixes de chansons que j’aimais bien, dans lesquelles il y avait des guitares. J’adorais sampler des guitares. Je cherchais une chanson dans laquelle je pourrais sampler les voix et la guitare, tout en accélérant un peu l’ensemble, pour obtenir un rendu plus “club”. C’est là que je suis tombé sur le titre Are You With Me, sur Soundcloud.

L’origine de ce titre, qui date de 2012 ?

Au départ, Are You With Me est une chanson du chanteur américain de country Easton Corbin, sur laquelle la guitare est très calme au départ, sans aucune percussion et sans basse. C’était donc facile à sampler. Du coup, je me suis vraiment bien amusé à construire un remix, que j’ai ensuite posté sur internet.

Et ça a tout de suite marché ?

Sur internet, les avis ont été très positifs. Donc on en a fait un “cover” : on a ré-enregistré les guitares, et un interprète a rechanté la partie vocale. On a pu sortir ce disque en août 2015. En France, il a fallu patienter un peu avant que ça décolle, puisque ça a commencé à bien marcher en décembre 2015.

 

« Musicalement, Are You With Me m’a ensuite vraiment permis de faire plein de choses que je voulais faire »

 

Are You With Me a tout changé pour vous ?

Oui, ce single m’a ouvert les portes. Après, j’ai eu beaucoup de contacts, notamment avec des chanteurs qui souhaitaient travailler avec moi. J’ai aussi reçu beaucoup de démos intéressantes. Notamment un guitariste, avec qui je pouvais enregistrer des mélodies. Musicalement, ce titre m’a ensuite vraiment permis de faire plein de choses que je voulais faire.

Are you with me a aussi été sélectionné par le cinéaste Xavier Dolan pour son film, Juste la fin du monde(1) ?

Xavier Dolan, ça fait plaisir. C’est cool de voir que d’autres personnes ont envie d’incorporer ma musique dans leurs projets. Récemment en Belgique, des gars ont utilisé l’un des titres de mon album. Ce titre est instrumental et ils l’ont mis dans leur film, dans une scène sentimentale, en “slow motion”. Ça faisait bizarre de voir des images sur l’une de mes chansons. Mais je trouve ça cool.

Monaco, ça représente quoi pour vous ?

Je suis déjà venu au Jimmy’z en 2015. Je suis aussi venu pour les NRJ Music Awards. Chaque fois que je viens à Monaco, je m’amuse bien. Les gens sont sympas.

Après Less is More (2016) on attend un nouvel album : c’est pour quand ?

Je joue beaucoup de titres dans mes sets qui ne sont pas vraiment des singles. Du coup, si je ne les inclus pas dans un album, ces titres ne sortiront jamais. Voilà pourquoi je vais sortir une sorte de petit album, ou de gros EP, après l’été 2018.

Certains estiment que, dans la musique électronique, le concept de l’album formaté, avec 12 titres, n’a plus d’intérêt : vous êtes d’accord avec ça ?

Non, pas vraiment. Petit Biscuit vient d’ailleurs de sortir un album. Ce qui est bien quand tu fais un album, c’est qu’ensuite, tu peux partir en tournée et construire tout un show autour de ton disque. Car chaque album évolue dans un monde qui est le sien. La vraie question aujourd’hui, c’est plutôt de savoir comment sortir l’album. Car si on sort un album avec 12 chansons, les gens en prendront 4 ou 5 maximum. Et le reste, ils ne l’écouteront pas. Parce qu’aujourd’hui, il y a tellement de musique à écouter…

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« Xavier Dolan, ça fait plaisir. C’est cool de voir que d’autres personnes ont envie d’incorporer ma musique dans leurs projets »

 

Vous préférez mixer en club ou dans les festivals ?

C’est très différent. Je fais beaucoup de clubs et beaucoup de festivals. Ça fait du bien d’être en club quand je fais beaucoup de festivals. Et ça fait du bien d’être dans un festival quand je fais beaucoup de clubs. Je reviens d’Asie où j’ai participé à deux gros festivals et je suis allé mixer dans trois ou quatre clubs. Le plaisir n’est pas le même, et je fais varier ma “playlist” selon l’endroit où je joue.

Selon quelle logique ?

En clubs, je me laisse un peu plus aller que dans les festivals. Quand je suis dans un festival, j’essaie de jouer tout Lost Frequencies, toutes mes chansons. Alors qu’en club, ça va un peu à gauche et à droite…

Vous n’avez que 24 ans : il y a encore des lieux où vous rêvez de mixer ?

Oui, j’aimerais aller jouer en Australie, parce que c’est loin et que c’est tentant. Je suis allé pour la première fois au Japon mi-avril 2018. C’était très chouette.

Avec quels DJs vous aimeriez travailler ?

J’aime beaucoup Martin Solveig. J’aime son style et tout ce qu’il a créé autour de son image. Je m’entends bien avec lui. Donc qui sait ? C’est sans doute la personne la plus accessible avec qui j’aimerais travailler. Car j’aimerais bien aussi faire quelque chose avec le DJ et producteur australien, Flume, mais ce sera beaucoup plus difficile de se retrouver en studio avec lui.

Aujourd’hui, il y a de plus en plus de jeunes DJs : quel est le secret pour réussir et s’imposer ?

Il faut un bon single. Et ensuite, à partir de ce single, on développe tout, on construit. Bien sûr, ce n’est pas de la science. Mais c’est un peu mon histoire à moi.

 

1) Pour son film, Juste la fin du monde (2016), Xavier Dolan s’est appuyé sur neuf titres : Home is where it hurts de Camille, I miss you de Blink-182, Are you with me de Lost Frequencies, Genesis de Grimes, Dragostea Din Tei de O-Zone, Une miss s’immisce d’Exotica, Spanish Sahara de Foals, Hear you me de Jimmy Eat World et Natural Blues de Moby.