vendredi 19 avril 2024
AccueilActualitésVadim Vasilyev : « L’AS Monaco, une belle page dans ma vie »

Vadim Vasilyev : « L’AS Monaco, une belle page dans ma vie »

Publié le

Si Vadim Vasilyev reconnaît avoir mal vécu son départ de l’AS Monaco en février 2019, l’ancien vice-président du club de la principauté dit aujourd’hui avoir tourné la page de son éviction.

Les histoires d’amour finissent mal, en général. Celle entre Vadim Vasilyev et l’AS Monaco a brutalement pris fin —  hasard du calendrier — le 14 février 2019, jour de la fête des amoureux. Dans un communiqué en guise de lettre de rupture, le club de la principauté annonçait ce jour-là le limogeage de Vasilyev après six années de bons et loyaux services au poste de vice-président. L’homme d’affaires russe faisait alors les frais d’« erreurs importantes » de management dans un club plongé dans une profonde crise sportive (relégable, licenciement puis retour de Leonardo Jardim, éviction de Thierry Henry…).

« Un moment très dur et inattendu »

Deux ans plus tard, le temps a fait son œuvre et la cicatrice s’est refermée, assure Vadim Vasilyev. « C’était un moment très dur et inattendu. Mais c’est derrière moi, confie le businessman. J’ai pris un congé sabbatique pour évacuer toutes les émotions parce que je travaillais beaucoup, c’était très intense dans un milieu que je ne connaissais pas. Mais tout ça est derrière moi », insiste-t-il. Et contrairement à ce que certaines rumeurs prétendent, son licenciement n’est, selon lui, aucunement lié à l’intéressement qu’il touchait sur les transferts de joueurs. Les fameux « 10 % » révélés par les Football Leaks (1) : « Je ne suis pas touché (par ces rumeurs). Parce que ce sont des gens qui soit ne comprennent rien, soit sont malhonnêtes. Mais cela n’a rien à voir avec mon départ. C’était l’idée du président, c’est lui qui l’a proposé parce que ça lui convenait bien qu’on ait des résultats sportifs mais aussi financiers. C’était le but et moi, j’ai réalisé les souhaits et les directives du président », se défend celui qui a permis à l’AS Monaco d’encaisser près d’« un milliard d’euros de transferts ».

« L’ASM peut se battre pour le podium »

Concernant les rapports qu’il entretient désormais avec Dmitri Rybolovlev, l’ancien vice-président se fait plus flou et diplomatique. « Sujet privé », avance-t-il simplement, ce qui laisse présager des relations plutôt fraîches entre les deux hommes. En revanche, l’homme d’affaires russe est plus loquace au sujet de son successeur, Oleg Petrov : « Je m’entends très bien avec lui. On se parle, on a évoqué quelques dossiers qui pouvaient être intéressants pour les deux parties [son agence et le club – NDLR]. Au début, j’ai pu donner quelques conseils, mais plus maintenant. Il maîtrise ce qu’il fait et il est bien entouré », déclare le meilleur dirigeant d’Europe 2017. « Le club a une bonne structure sportive, ça a pris du temps mais c’est fait », constate-t-il avec distance. « Je ne veux pas me mêler de la vie du club, je préfère prendre du recul et respecter ce que le club et les dirigeants font. » Redevenu aujourd’hui simple supporteur, Vasilyev continue de suivre avec attention les performances de son « club de cœur ». « Je suis fier et content de voir que ça prend les bonnes formes, que l’entraîneur a mis en place un jeu collectif. L’équipe tourne bien, elle a des résultats. On voit une vraie équipe de foot, qui est capable de se battre pour le podium », estime Vasilyev. Un renouveau que le club doit, selon lui, en partie à son nouvel entraîneur, Niko Kovac : « Il fait un très bon travail. Ça se voit parce que l’effectif de l’AS Monaco est assez large. Et je sais, en tant que dirigeant, que ce n’est jamais évident de gérer un effectif si large. Tous les entraîneurs préfèrent avoir un effectif réduit mais Niko Kovac fait un très bon travail ».

Vadim Vasilyev, président de VV Consulting
Vadim Vasilyev, président de VV Consulting © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Monaco est un bon club, mais il ne fait pas partie des  grands clubs européens. Et quand Bernardo Silva est  sollicité par Manchester City, Fabinho par Liverpool, Lemar  par l’Atlético ou Kylian Mbappé par le Real Madrid ou le PSG,  c’est perdu d’avance. Tu n’as pas la force pour les retenir »

« Succès »

De son passage au club, Vadim Vasilyev garde de merveilleux souvenirs. En plus de découvrir un milieu dont il est littéralement tombé amoureux (lire son interview par ailleurs), cette expérience lui a aussi permis de vivre des émotions extraordinaires avec le titre de champion de France en 2017 et un parcours exceptionnel en Ligue des Champions. Rançon de la gloire, le club de la principauté devra se résoudre à laisser partir ses plus belles pépites abandonnant au passage ses ambitions sportives. « Le succès était si grand que les grands clubs sont venus pour attirer nos joueurs. […] Monaco est un bon club, mais il ne fait pas partie des grands clubs européens. Et quand Bernardo Silva est sollicité par Manchester City, Fabinho par Liverpool, Lemar par l’Atlético ou Kylian Mbappé par le Real Madrid ou le PSG, c’est perdu d’avance. Tu n’as pas la force pour les retenir ici car les grands clubs proposent des conditions financières beaucoup plus importantes », explique l’ancien dirigeant. Reste que ces départs de joueurs cadres ont affaibli sportivement l’équipe qui a, dès lors, connu des résultats en dents de scie.

« Une belle page dans ma vie »

« Il y avait déjà eu beaucoup de mouvements en 2015, deux ans avant que l’on gagne le titre. Donc ça n’empêchait pas de gagner des titres et d’être performant. Après c’est vrai que c’est difficile, presque impossible, de reproduire une équipe 2016-2017 », concède Vasilyev. L’homme d’affaires russe reconnaît aussi des erreurs de casting dans le recrutement de joueurs et de staff. Il regrette notamment la nomination de Michael Emenalo au poste de directeur sportif en novembre 2017. Son plus mauvais choix selon lui : « J’ai eu trop de confiance en lui. J’ai mis trop de responsabilités. C’était clairement une erreur ». Ces échecs, conjugués aux mauvais résultats de l’équipe, aboutiront finalement à son licenciement en février 2019. « C’était une belle page dans ma vie mais elle appartient maintenant à l’histoire. Désormais, je suis concentré sur le présent et le futur ». Et le présent, c’est sa société d’intermédiaire et conseil dans les transferts qui commence à se faire une place dans le business du foot.

1) À partir des documents Football Leaks, Mediapart révèle dans un article datant de novembre 2018 que Vadim Vasilyev, alors vice-président de l’AS Monaco, touche 10 % des plus-values réalisées sur toutes les ventes de joueurs réalisées par le club, via une « prime exceptionnelle ».

Lire Vadim Vasilyev, le monsieur 10 % de l’AS Monaco, Mediapart, 20 novembre 2018 : https://www.mediapart.fr/journal/international/201118/vadim-vasilyev-le-monsieur-10-de-l-monaco