vendredi 29 mars 2024
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Ranieri, le bilan avant l’heure

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La presse française le donne partant en fin de saison. Pourtant, sur un plan purement sportif, il serait difficile de comprendre pourquoi Ranieri pourrait être licencié en fin de saison. Explications.

C’est un peu l’affaire du moment. Partira ou partira pas ? Depuis une quinzaine de jours, il ne se passe pas une journée ou presque sans que l’avenir de Claudio Ranieri ne soit évoqué dans les médias français. Nombre de reproches lui sont faits, sans que de réelles preuves soient apportées. Et ses possibles remplaçants annoncés semblent peu crédibles, compte tenu de leurs situations personnelles. D’autant qu’à l’approche de la fin de saison, ce genre de rumeurs sont souvent légion pour les grands clubs, comme l’explique Alessandro Grandesso, correspondant en France pour La Gazzetta dello sport. « Les rumeurs d’entraîneurs, c’est forcément lié au fait qu’à Monaco, il y a de l’argent. On parle de Monaco, un club qui est sur le devant de la scène et qui a des moyens pour séduire joueurs et grands entraîneurs. » Pour l’heure, la direction du club assure ne pas se pencher sur le dossier, comme l’a expliqué Vadim Vasilyev après le derby remporté (1-0) face à l’OGC Nice le 20 avril dernier, « il reste un an de contrat à Claudio (Ranieri). Il fait du très bon travail. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le moment de parler de son futur. » Un travail qui a d’ailleurs porté ses fruits.

Record
Tout d’abord parce que l’ASM n’a jamais compté autant de points à ce stade du championnat. Après 34 journées, le club comptabilise 72 points. Depuis le retour de la L1 à 20 clubs (saison 2002-2003) seules deux équipes ont fait mieux. L’Olympique Lyonnais, qui régnait alors sans partage sur le championnat de France, lors des saisons 2005-2006 et 2006-2007, et le Paris-Saint-Germain l’an dernier. Un PSG qui avait déjà un an de vécu dans son projet et qui avait enregistré l’arrivée de joueurs comme Ibrahimovic, Lavezzi ou Thiago Silva (entre autres) à l’été. Il est toujours possible pour les détracteurs de l’Italien de minimiser ce record par l’apport des grands joueurs qui ont intégré l’effectif monégasque cet été. Cependant, l’histoire du football a démontré que 11 bons joueurs ne formaient pas forcément une bonne équipe.

Blessures
Il faut ajouter à cela les blessures qui ont miné l’effectif cette année, rendant la tâche plus compliquée. Et notamment celle de Falcao. Blessure à la suite de laquelle nombre d’observateurs avaient envisagé une deuxième partie de saison plus compliquée sans le goleador colombien. « Il a su faire preuve d’inventivité après la blessure de Falcao. Et Berbatov, il fallait oser le pari, » analyse Grandesso. Titulaire de l’attaque asémite, « El tigre » devait manquer cruellement à ses équipiers. Mais l’association Germain-Berbatov, mise en place par l’Italien, a apporté satisfaction depuis l’hiver. A chaque fois qu’ils ont marqué, l’ASM n’a pas perdu, et a donc pris des points. L’apport de James Rodriguez a également été considérable dans la saison, malgré des débuts difficiles.

Gestion
C’est l’un des points qui revient souvent dans les différentes critiques qui seraient adressées à l’Italien. A savoir sa gestion du groupe. Pourtant, force est de constater que sa manière de faire porte ses fruits. En début de saison, le jeune colombien ne mettait pas l’implication nécessaire et voulue par son coach. Résultat, plusieurs matchs d’affilée sur le banc. « Dans sa gestion, il a eu raison avec Rodriguez, puisqu’aujourd’hui c’est le meilleur joueur de l’équipe. Même chose pour Moutinho. Il l’a critiqué, et dans les matchs qui ont suivi, on a vu une amélioration chez le joueur, » précise Alessandro Grandesso. De même qu’il accorde sa confiance aux jeunes, une des choses essentielles à l’AS Monaco, reconnue pour son centre de formation. « Sa gestion des jeunes est forcément intéressante. Il leur a fait une énorme confiance en début de saison. Après, le problème des ces jeunes joueurs de 20-21 ans, c’est qu’ils ne sont pas forcément capables de maintenir leur niveau de jeu toute la saison, » analyse Grandesso. Certes le cas Abidal peut poser débat, mais le niveau du joueur également. On retiendra particulièrement sa gestion du cas Kurzawa. On se rappelle que Ranieri s’était opposé à son départ pour Brest l’an dernier. Au contact du technicien Italien, le natif de Fréjus a appris et se trouve aujourd’hui aux portes de l’équipe de France. Après seulement une saison pleine dans l’élite. Le jeune homme a même sauvé son équipe à plusieurs reprises par des buts décisifs.

Jeu
Autre point souvent évoqué, le jeu proposé par l’ASM. Il ne conviendrait pas, et est souvent pointé du doigt par la presse spécialisée. Or, tout cela est lié à un changement tactique, comme l’explique le journaliste italien. « En première partie de saison, on voyait un certain type de jeu, tout en vitesse. Mais cette équipe était capable de contre-performances face à de petits clubs. Depuis le mois de janvier, le style a changé, et ce changement tactique n’est pas négatif. Je pense qu’on voit une équipe de Monaco beaucoup plus solide qu’en début de saison. Et je trouve les critiques sur le jeu assez superficielles, basées sur la loi de l’hédonisme dans le football. Cela amène à une analyse superficielle de la lecture d’un match. » Un jeu peut être moins sexy, mais pas forcément mois efficace, et avec une réelle identité. L’ASM a désormais 8 points d’avance sur Lille (3ème) et 15 sur Saint-Etienne (4ème). Sachant qu’il reste 4 matchs à jouer, et donc 12 points à distribuer, elle est d’ores et déjà assurée d’être européenne la saison prochaine. Deux victoires supplémentaires confirmeront la 2ème place, synonyme de qualification directe pour la LDC.

Objectifs
Car en début de saison, l’objectif essentiel affiché et revendiqué par le club était cette qualification pour l’Europe. Avec un calendrier favorable (Ajaccio, Guingamp, Valenciennes puis Bordeaux), et sauf cataclysme, il ne devrait pas y avoir de tour préliminaire à disputer la saison prochaine. Et l’objectif principal du club sera donc rempli. Seul bémol à ce niveau-là, les coupes nationales. Un titre aurait été le bienvenu pour cette saison de retour. Malheureusement pour lui, Ranieri n’en soulèvera pas cette année. Une élimination précoce en coupe de la Ligue (1-0 à Reims, 1/16ème de finale), mais surtout la défaite en demi-finale de coupe de France face à Guingamp le 16 avril dernier. Une épine dans le pied dont se serait bien passé le coach, malgré un bilan plus qu’honorable pour cette première en L1. Malgré les renforts obtenus l’été dernier, peu de promus peuvent se targuer de finir deuxième, tout en talonnant l’ogre parisien une grande partie de la saison. Alors, mission accomplie ?