samedi 27 avril 2024
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Bac 2020 « Dans la parfaite continuité avec les années précédentes »

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Epidémie de Covid-19 oblige, le baccalauréat 2020 a été délivré par rapport aux notes du premier et du deuxième trimestres, en lien avec les avis des professeurs dans le livret scolaire des élèves. A Monaco, à l’issue du second groupe, la réussite est de 100 %. Un résultat historique et exceptionnel que la directrice de l’éducation nationale de la jeunesse et des sports, Isabelle Bonnal, commente pour Monaco Hebdo. Interview.

Très exactement 427 candidats au bac 2020 et seulement deux au rattrapage : quels commentaires cela appelle ?

D’abord une très grande satisfaction de voir que la quasi-totalité des élèves a obtenu le baccalauréat dès le premier groupe. Je tiens à tous les féliciter car je sais que cette année a été particulièrement stressante et difficile pour eux et leur famille. Ces résultats confirment la qualité de l’enseignement dispensé en principauté.

Avec 99,53 % de réussite, ce résultat est-il réaliste ou bien faut-il le pondérer à cause de l’impact du Covid-19 sur les épreuves ?

A l’issue du second groupe, la réussite au baccalauréat est de 100 %. Cet excellent résultat est une réalité qui correspond tout à fait aux scores obtenus habituellement dans les lycées de la principauté. A titre de comparaison, 99,08 % des élèves ont obtenu le baccalauréat en 2019 et 98,89 % en 2018. Nous sommes donc dans la parfaite continuité avec les années précédentes : les lycées de la principauté préparent bien nos élèves au baccalauréat, et les résultats sont toujours au rendez-vous, ce dont nous pouvons être fiers.

Selon quels critères objectifs a été attribué le bac 2020 ?

La note retenue pour l’obtention du baccalauréat et des mentions résulte des notes du premier et du deuxième trimestres, ainsi que des remarques des professeurs dans le livret scolaire des élèves. Ceux-ci ont donc été évalués sur les devoirs sur table effectués sur deux premiers trimestres, ce qui rend compte de manière significative de leur niveau. Ces mêmes notes, avec celles de la classe de première, sont retenues pour l’orientation dans l’enseignement supérieur sur la plateforme ParcourSup. Je tiens à préciser que le baccalauréat est un examen français, soumis aux règles de l’éducation nationale française et que l’obtention du baccalauréat est validée par un jury de l’académie de Nice, composé notamment d’inspecteurs pédagogiques régionaux, ce qui garantit l’égalité de traitement entre tous les candidats.

Alors que les épreuves orales et écrites ont été annulées pour cause de Covid-19, certains ont évoqué un « bac 2020 au rabais » : qu’en pensez-vous ?

Je pense que l’expression de « bac au rabais » est injuste et fausse. Certes, les élèves n’ont pas passé d’épreuves de fin d’année, mais ils ont obtenu leur bac à partir des notes qu’ils ont obtenues les deux premiers trimestres de l’année et des efforts fournis tout au long de l’année. Ce n’est pas rien ! Cette situation s’inscrit d’ailleurs pleinement dans l’esprit de la réforme du baccalauréat 2021 qui va dans le sens d’une part plus importante donnée au contrôle continu.

Comment êtes-vous parvenue à éviter le décrochage scolaire ?

Le risque de décrochage scolaire a été dès le début notre première préoccupation. Les chefs d’établissements, les professeurs, les conseillers d’éducation n’ont pas ménagé leur peine et leur temps pour contacter, motiver, rassurer les élèves qui manquaient d’assiduité dans le travail pendant le confinement. Peu d’élèves étaient dans cette situation et la plupart du temps, les équipes pédagogiques et éducatives ont réussi à remotiver l’élève dans son parcours scolaire.

Comment parvenir à éviter « l’indigestion numérique » à la fois chez les élèves, les professeurs et les parents ?

Le passage d’un enseignement présentiel en classe à un enseignement totalement à distance a été soudain et n’était évidemment pas prévu. Il y a eu des difficultés au début pour coordonner tout cela, ce qui est normal. L’indigestion est toutefois une question de perception : certains ont estimé qu’il y avait trop de numérique, d’autres pas assez. Le numérique doit être un outil au service de l’enseignement et pas l’inverse. Je pense que l’objectif n’est pas de faire plus ou moins de numérique, mais d’organiser la continuité pédagogique de manière à ce que les élèves puissent continuer à apprendre et que les professeurs puissent continuer à enseigner régulièrement et efficacement. Il n’y a pas de formules magiques mais des pistes se dessinent. Nous y réfléchissons en concertation avec nos professeurs.

On parle parfois de « fracture numérique » chez certains élèves et certains professeurs : comment réduire cette fracture ?

Concernant le taux d’équipement informatique, nous avons la chance, en principauté, d’avoir des familles et des professeurs bien équipés. Certes, ces outils sont très variés et ne disposent pas toujours des logiciels appropriés et de la sécurité adaptée. Il faut aussi être conscient que les compétences numériques sont très variables d’un enseignant à l’autre et, plus rarement, d’un élève à l’autre. Nous allons proposer de plus en plus des formations ciblées en fonction des besoins de chacun. Tous les professeurs ont été dotés d’un ordinateur professionnel pour leur permettre de faciliter le recours au numérique dans l’enseignement. De même, le projet « collège numérique » mené avec le département de l’intérieur et la délégation interministérielle chargée de la transition numérique, doit permettre de doter chaque collégien d’un ordinateur portable avant Noël 2020. Ces investissements conséquents du gouvernement princier sont le signe de notre mobilisation pour réduire la fracture numérique.

L’avenir, c’est la classe totalement virtuelle ?

Certainement pas. Souvenez-vous qu’à l’époque de la création de la cassette vidéo, certains prédisaient la fin des professeurs et l’avènement des cours 100 % vidéos. L’histoire a montré que les professeurs sont toujours là ! C’est la même chose avec le numérique qui modifie le travail de l’enseignant, mais ne le fait pas disparaître. Il rend simplement son travail plus efficace ; il permet de faire des cours plus vivants et de mieux individualiser l’enseignement. Mais la relation entre l’élève et son professeur demeure, je crois, irremplaçable.

« La rentrée 2020 se prépare dans des conditions normales. Toutefois, nous réfléchissons à plusieurs scénarios en fonction de l’importance de l’épidémie de Covid-19. Je communiquerai sur ce sujet à la rentrée »

Quels souvenirs vous laissera cette année scolaire 2019-2020 ?

Bien sûr, l’épidémie de la Covid-19 restera l’événement marquant de cette année scolaire. Permettez-moi d’exprimer tout mon soutien aux élèves, aux parents et aux personnels enseignants et non enseignants qui ont été touchés par cette maladie ou qui ont perdu un proche. Je les assure de toute ma sympathie dans l’épreuve qu’ils ont traversée. Je tiens également à saluer l’engagement sans faille des personnels qui ont assuré les micro-garderies pour les enfants des personnels soignants mobilisés pour lutter contre l’épidémie. Qu’ils soient ici tous remerciés. J’ai d’ailleurs été frappée par la mobilisation de chacun des personnels dans cette crise. Leur professionnalisme et leur disponibilité doivent être soulignés fortement.

Quels enseignements avez-vous tiré de cette période de crise sanitaire ?

D’abord, je note que l’enseignement à distance a pu se mettre en place rapidement et a fonctionné, même s’il a fallu des adaptations. Cette expérience a montré la nécessité de mieux communiquer au sein des établissements scolaires, et avec les élèves et leurs familles, de se concentrer sur un nombre réduit d’outils numériques pour éviter la dispersion, de proposer des conférences vidéo plus courtes avec des effectifs réduits, et de sécuriser les usages numériques. Il faut également souligner le fait que lors du déconfinement, les élèves sont massivement revenus en classe, témoignant ainsi de leur attachement à leur établissement scolaire et de leur volonté de continuer à apprendre. Cette attitude est tout à fait remarquable.

La filière générale des lycées Albert Ier et François d’Assise Nicolas Barré (FANB) a décroché 100 % de réussite au bac, tout comme les élèves de BTS : cela met beaucoup de pression pour le bac 2021, où il sera difficile de faire aussi bien ?

Au-delà des chiffres, c’est la réussite des élèves qui importe. Et cela fait plusieurs années que les résultats de la filière générale et du BTS tutoient les 100 %.

Comment préparez-vous la rentrée 2020, alors qu’une hypothétique deuxième vague de Covid-19 est redoutée : c’est un scénario sur lequel vous travaillez ?

Bien sûr, l’épidémie est toujours là et nous devons l’intégrer dans notre organisation. À ce stade, la rentrée 2020 se prépare dans des conditions normales. Toutefois, nous réfléchissons à plusieurs scénarios en fonction de l’importance de l’épidémie de Covid-19. Je communiquerai sur ce sujet à la rentrée.

L’expérience acquise pendant le confinement vous donne confiance dans votre capacité de réaction et d’organisation ?

Le gouvernement princier suit avec la plus grande attention l’évolution de l’épidémie et ma direction se conformera à ses décisions. J’ai totalement confiance en la capacité d’organisation et de réaction des personnels de la direction de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports de la principauté, qu’ils soient enseignants ou non enseignants, comme ils l’ont montré ces derniers mois. Je sais que nous pouvons aussi compter sur les parents d’élèves qui ont toujours le souci de suivre de près la scolarité de leur enfant. C’est un atout précieux pour mener chaque élève à la réussite.

Pour quelles raisons l’école Montessori est désormais fermée à Monaco ?

En 2018, conformément au cadre légal, l’école Montessori, dénommée « La Petite Ecole » avait disposé d’une autorisation d’exercer par le gouvernement princier pour une durée limitée, certains points nécessitant d’être clarifiés. Après examen approfondi de ce dossier, le gouvernement a considéré que l’autorisation ne pourrait pas être reconduite pour la rentrée scolaire 2020-2021.

Résultats du second groupe du baccalauréat 2020

La réussite est totale pour les lycéens des lycées Albert  Ier, François d’Assise-Nicolas Barré (Fanb) et du lycée technique et hôtelier de Monaco. Ils enregistrent 100 % de réussite pour les filières générale, technologique et professionnelle. Au total 360 mentions ont été décrochées pour 426 candidats, à savoir : 83 mentions « très bien », 144 mentions « bien », et 133 mentions « assez bien ».

 Résultats pour le brevet 2020

Là encore, le taux de réussite est stratosphérique, avec 99,77 %. La totalité des 302 élèves du collège Charles III ont réussi cet examen, avec un taux record de 90 % de mentions, dont 139 mentions « très bien », 86 mentions « bien » et 47 mentions « assez bien ». A noter que deux jeunes élèves d’origine syrienne issus d’une même fratrie, ont réussi leur examen avec une mention « très bien » et une mention « bien », « ce qui est remarquable pour ces élèves qui ne connaissaient pas la langue française à leur arrivée en principauté, il y a trois ans », souligne la direction de l’éducation nationale. Quant aux 116 collégiens de l’institution privée François d’Assise – Nicolas Barré (Fanb), ils ont aussi signé un sans-faute, avec 100 % de réussite, avec un taux de 87,50 % de mentions dont 39 mentions « très bien », 35 mentions « bien » et 23 mentions « assez bien ». Enfin les élèves de la section d’enseignement général et professionnel adapté se sont aussi distingués, puisque 7 des 8 candidats à cet examen l’ont obtenu avec 7 mentions, dont 4 mentions « très bien ».